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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron17 juin 2005

Dette/Afrique – Afrique du sud

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Un grand sujet, cette semaine, à la une des journaux allemands. Il concerne principalement l’Afrique. C’est l’annulation de la dette des 18 pays les plus pauvres, décidée le week-end dernier à Londres, par les pays riches.

18 pays parmi lesquels on ne trouve pas moins de 14 pays africains. De là ce titre de la Frankfurter Rundschau „joie et frustration en Afrique“. Joie des heureux élus qui espèrent maintenant un accroissement des investissements étrangers dans leurs pays. Frustration de pays comme le Kenya, très dépité de ne pas figurer sur la liste. La décision de Londres, écrit le journal, ne guérira pas l’Afrique de ses maux. Le montant, 40 milliards de dollars, est modeste comparé à ce que l’ONU juge nécessaire pour éradiquer durablement la pauvreté. Mais c’est une percée remarquable, le signe d’une prise de conscience dans la politique internationale. Libérés du filet de la dette, titre la Tageszeitung de Berlin, qui parle d’une lueur d’espoir pour l’Afrique subsaharienne, mais qui note aussi que la condition de la bonne gouvernance est contestée. En Europe et aux Etats-Unis les experts craignent une trop grande souplesse dans l’application des critères. De fait, poursuit le journal, des pays aux structures particulièrement peu démocratiques, comme le Rwanda, figurent également sur la liste. La Süddeutsche Zeitung relève que les Etats-Unis, mais aussi la France, l’Allemagne et le Japon sont allés beaucoup plus loin que leurs intentions initiales. Au départ ils ne voulaient annuler la dette que de cinq ans et privilégiaient d’autres solutions. Mais pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, si la décision de Londres est qualifiée d’historique, des doutes et des interrogations n’en demeurent pas moins. La solvabilité des pays qui voient leur dette effacée d’un trait de plume est désormais minime, estime le journal. L’annulation est l’expression du désarroi, en ce sens elle est morale. Mais en matière de politique financière, c’est aussi un signal trouble. La libération de l’accès aux marchés mondiaux et régionaux aurait été un signal infiniment plus lumineux, souligne ce confrère.

Autre sujet de commentaire, cette semaine, pour la presse allemande: le limogeage, par Thabo Mbeki, du vice-président sud-africain Jacob Zuma. La semaine dernière déjà la presse allemande estimait que Thabo Mbeki allait devoir se séparer de Jacob Zuma après l’implication de ce dernier dans une affaire de corruption qui s’est soldée par la condamnation à 15 ans de prison de son ancien conseiller financier Shabir Shaik. C’est maintenant chose faite donc, mais la Süddeutsche Zeitung note que Mbeki a quand même mis beaucoup de temps à limoger son adjoint. Cela fait des mois que Jacob Zuma défraie la chronique en Afrique du sud. Les hésitations du président, poursuit le journal, s’expliquent par le statut particulier de Jacob Zuma. C’est l’un des héros de la lutte de libération les plus vénérés dans le pays. Il a combattu pendant des décennies le régime raciste blanc et a été emprisonné avec Nelson Mandela à Robben Island. Il est d’ores et déjà à prévoir que son limogeage va provoquer des tensions massives au sein de l’ANC. Dans l’immédiat pourtant Thabo Mbeki renforce son pouvoir, et pourra se présenter au prochain sommet du G8 en avocat crédible du continent africain, écrit le journal. „Mbeki redore l’image de l’Afrique du sud avant le sommet du G8“, titre de son côté le quotidien Die Welt, pour qui le grand perdant, dans cette affaire Zuma, sera sans doute l’alliance traditionnelle de gauche au sein de l’ANC, à savoir les syndicats, le parti communiste et l’aile gauche de l’ANC. La Tageszeitung enfin fait remarquer que la carrière de Jacob Zuma n’est peut-être pas terminée. S’il est inculpé, puis acquitté, son retour sur la scène politique est assuré.