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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Aude Gensbittel13 mai 2005

Aide allemande au Rwanda - Togo - Somalie

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Dans la presse allemande, cette semaine, on parle notamment de la décision de Berlin de lever ses restrictions sur l’aide au développement pour le Rwanda.

Pour la Tageszeitung, la reprise de la pleine coopération allemande avec le Rwanda pour le développement est une bonne chose. Il était complètement absurde, fin 2004, de geler l’aide allemande à la lutte contre le sida et à la démobilisation au Rwanda, en signe de protestation à l’influence militaire rwandaise au Congo. Il y a beaucoup de critiques en Allemagne contre l’aide au Rwanda poursuit le journal de Berlin. On reproche au pays d’avoir occupé l’est du Congo pendant des années et d’avoir exploité ses matières premières. De plus, on dit que le budget de l’Etat rwandais n’aurait pas pu financer la guerre au Congo sans les aides étrangères. Toutefois, selon le quotidien, cet argument est contradictoire, car plus il y avait de pillages rwandais au Congo, moins la dépendance de l’aide au développement était grande. Et le pays se serait-il comporté différemment s’il n’avait pas reçu d’argent de l’extérieur ? Bien au contraire, le gouvernement aurait alors justement été dépendant des profits issus du Congo. La communauté internationale, qui n’est pas intervenue pour empêcher le génocide en 1994, est mal placée pour dicter sa conduite au nouveau gouvernement rwandais, estime la taz. C’est par contre son devoir de soutenir la reconstruction du pays. Ce qui ne veut pas dire que l’aide au développement pour le Rwanda ne doit pas être soumise à des critères sévères – tout comme partout ailleurs. Si elle est détournée ou gaspillée, alors elle ne doit plus être versée, conclut le journal.

Ce même quotidien se penche également sur l’évolution des événements au Togo.

« Le dictateur du Togo stabilise son régime », c’est le titre d’un article paru au début de la semaine dans la Tageszeitung. Le journal y explique que les protestations contre les élections présidentielles du 24 avril ont faibli et que la police et l’armée contrôlent la capitale. Les manifestations des jeunes à Lomé étaient trop spontanées et n’ont pas pu longtemps faire face aux brutalités des forces de sécurité. Depuis les élections, plus de 100 personnes auraient trouvé la mort violemment et jusqu’à

20 000 ont fui dans les pays voisins. L’opposition estime que la communauté internationale l’a abandonnée, poursuit le quotidien, et que les rapports de l’Union Européenne parus le week-end dernier sont arrivés beaucoup trop tard. Des rapports dans lesquels les diplomates occidentaux évoquent des fraudes électorales massives. Près d’un million d’électeurs fictifs auraient été inscrits sur les listes. Mais cela reste sans conséquences : Faure Gnassingbé, fils du dictateur togolais décédé et entre-temps président « élu », a réussi à s’imposer – entre autres grâce au comportement de la communauté internationale.

La presse allemande de cette semaine évoque aussi la situation en Somalie, avec un reportage à Mogadiscio publié par la Frankfurter Rundschau, qui décrit la capitale somalienne comme un champ de ruines. Il y a des années que les étrangers n’y viennent plus, écrit le journal de Francfort, et même les hommes politiques somaliens ont peur de la ville. Certes en octobre dernier un parlement a bien élu, depuis le Kenya, un nouveau président : Abdullahi Yusuf Ahmed, âgé de 71 ans et originaire de la région du Puntland. Mais celui-ci est encore à Nairobi, avec le gouvernement et le parlement, et repousse constamment le retour au pays, car sa sécurité n’y est pas garantie. Quand le président a envoyé son premier ministre en mission de reconnaissance dans la capitale, la foule a d’abord acclamé ce dernier, car Ali Mohammed Gedi est vu comme un « fils de Mogadiscio », il y est né et y a grandi. Mais au cinquième jour, sa visite s’est terminée en fiasco, poursuit le quotidien, avec l’explosion d’une grenade pendant que le premier ministre faisait un discours dans un stade. La version selon laquelle il s’agirait d’un accident est peu plausible. Selon des témoins, un milicien aurait tenté de lancer la grenade en direction du représentant du gouvernement central, mais en aurait été empêché par des gardes du corps. Cet attentat a en tout cas scellé la division entre le camp des exilés à Nairobi et le petit groupe de députés et de ministres qui sont revenus à Mogadiscio, conclut le journal.