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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Piowerron29 avril 2005

Togo – Soudan – Mozambique

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Image : AP

Difficile d’ignorer cette semaine ce qui se passe au Togo. Tous les journaux se sont fait l’écho des violences consécutives à la proclamation de la victoire électorale de Faure Gnassingbé. Au-delà de ces reportages la Tageszeitung de Berlin interpelle le gouvernement allemand. Faut-il, s’interroge le journal dans son édition de jeudi dernier, faut-il qu’une force d’intervention ouest-africaine débarque au Togo pour empêcher une guerre civile ? Concrètement, cela ne serait guère difficile. Lomé, la capitale, touche la frontière avec le Ghana et n’est qu’à 200 kilomètres de Lagos au Nigéria. Mais, poursuit le journal, ce serait la première intervention régionale allant contre la volonté de la puissance néo-coloniale, la France, l’un des fidèles piliers jusqu’à ce jour du clan Eyadéma. Cela explique peut-être la réserve des Africains de l’ouest. Mais peut-être est-ce aussi le moment pour l’Allemagne, qui jouit d’une bonne réputation chez les démocrates togolais, d’élever la voix au sein de l’Union européenne pour empêcher la proclamation de la victoire du fils du dictateur et appuyer la mise en place d’un gouvernement de transition, neutre, sous protection internationale. La crédibilité des appels européens à plus de démocratie en Afrique en dépend, souligne la Tageszeitung. Pour la Süddeutsche Zeitung l’Afrique de l’ouest ne peut s’offrir le luxe d’un nouveau foyer de crise. Mais la France doit aussi changer sa politique. Paris attache plus d’importance à la continuité qu’à la démocratie et aux droits de l’homme.

Le Soudan fournit cette semaine un autre thème de commentaire à la presse allemande, surtout après l’annonce, par l’Allemagne, de sa participation à la force de paix qui sera déployée par les Nations unies dans le Sud-Soudan.

L’Allemagne ne veut pas rester sur la touche, écrit Die Welt avant d’ajouter, d’un ton plutôt cynique, qu’elle enverra « jusqu’à 75 observateurs militaires », non armés pour qu’ils doivent faire appel, en cas d’affrontements guerriers, à des casques bleus népalais. L’intervention est nécessaire, souligne Die Welt, mais ne serait-elle pas infiniment plus importante au Darfour ? Et comment des observateurs militaires non armés peuvent-ils se faire respecter dans un pays où l’on tue sans scrupule ? Pourquoi envoyer cette force dans le sud du pays, où un accord de paix a mis fin à la guerre civile, et non au Darfour où le gouvernement mène une guerre d’extermination. La critique est compréhensible, estime la Tageszeitung, mais elle est erronée. Pour encourager la paix au Soudan, il importe de commencer là où un processus de paix est en cours. Ce qui n’empêchera pas la mission de l’ONU au Sud-Soudan d’être confrontée à des problèmes immenses, précise la Tageszeitung. Les rebelles de la SPLA, qui ont signé l’accord de paix avec le gouvernement, ne sont pas les seuls dans la région. On y dénombre aussi des dizaines de milices rivales qui n’ont pas été associées aux pourparlers de paix. Bref l’intervention au Sud-Soudan ne sera pas une promenade de santé pour les militaires allemands, estime le journal.

Enfin la presse allemande nous livre un exemple des conséquences de la politique agricole européenne pour un pays comme le Mozambique. Très précisément pour sa production sucrière. La Süddeutsche Zeitung publie un long reportage qui en fournit une illustration très concrète. Exemple à Marromeu, sur les bords du Zambèze, où une première usine de sucre a été détruite pendant la guerre civile. Et puis en 1999 un consortium de firmes de l’île Maurice a acheté l’usine en ruines, l’a reconstruite et a donné du travail à 9 000 personnes. Mais l’usine, qui exporte la majeure partie de sa production, fournit un exemple de l’injustice du marché mondial. La question de sa survie, écrit le journal, ne dépend ni de ses propriétaires, ni des performances de son personnel, ni même des récoltes. Elle dépend uniquement de l’Union européenne et de l’Organisation mondiale du commerce. En clair l’Union européenne sera-t-elle autorisée à continuer de fausser la concurrence mondiale en subventionnant ses propres producteurs de sucre ou devra-t-elle s’en tenir aux règles de l’économie de marché ? Je précise qu’entre-temps, jeudi, l’OMC a condamné le régime européen de subventions aux exportations de sucre.