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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron15 avril 2005

Soudan – Eglise

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Image : AP

C’est tout d’abord le Soudan qui retient l’attention des commentateurs. Réunis à Oslo, les bailleurs de fonds se sont engagés à fournir 4,5 milliards de dollars pour la reconstruction du Sud-Soudan. Mais cette aide soulève plus de questions qu’elle ne résoud de problèmes, estime la Süddeutsche Zeitung. En théorie l’idée est bonne, écrit le journal: les pays riches investissent dans le Sud-Soudan, dévasté par la guerre, et consolident ainsi la fragile paix négociée entre Khartoum et les rebelles du sud. Dans la pratique les choses sont plus compliquées. A commencer par le fait que Khartoum poursuit au Darfour une guerre atroce. Aussi longtemps que la tuerie continue dans l’ouest du Soudan, les fauteurs de guerre de Khartoum ne peuvent prétendre à une aide au développement. Reste à savoir, poursuit le journal, comment aider au mieux le Sud-Soudan. Il ne sert à rien de l’arroser financièrement dans l’espoir aveugle que cela produira un quelconque effet. Il appartient aux dirigeants sudistes de prouver qu’ils peuvent mettre l’aide extérieure au service de la paix. La Frankfurter Rundschau parle d’un exercice périlleux, même s’il ne fait aucun doute que le Sud-Soudan a besoin d’argent, de beaucoup d’argent après 21 ans de guerre. Seulement souligne le journal, cet argent, de même que la paix négociée entre le Nord et le Sud, sont censés servir de levier pour stopper les crimes de guerre dans le Darfour. La démarche est risquée, et jusqu’à présent unique en son genre. Elle n’a une chance de réussir que si les milliards destinés au Sud-Soudan ne tombent pas entre les mains de Khartoum. Le gouvernement allemand a donc raison de fournir une aide d’urgence, mais de subordonner toute autre allocation de fonds à de sévères conditions.

Dans l’attente d’un nouveau pape, la presse allemande se penche également sur la situation de l’église catholique en Afrique. Comme le note la Frankfurter Allgemeine Zeitung, si le christianisme progresse en Afrique, ce n’est pas l’église catholique-romaine qui profite de cette évolution, mais les innombrables églises évangélistes calquées sur le modèle américain. Le lien entre cette croissance fulgurante des sectes et l’appauvrissement de nations entières sur le continent est évident, souligne le journal. Plus l’espoir d’une amélioration des conditions de vie par des changements politiques et sociaux diminue, plus la popularité de ceux qui prétendent connaitre une troisième voie grandit. Face à un tel phénomène, l’église catholique est relativement impuissante. D’une part les Africains n’ont pas oublié que les pères blancs furent les instruments les plus dociles de l’oppression coloniale. De l’autre les églises catholiques du Rwanda furent pendant le génocide les lieux des plus grandes montagnes de cadavres, sans que le Vatican ait jamais reconnu son rôle plus que douteux pendant le génocide. Malgré tout, poursuit le journal, le Rwanda aura été un tournant pour les prêtres catholiques du continent. Ils sont nombreux aujourd’hui à ne plus se cantonner dans le pastorat mais à s’engager de plus en plus sur le terrain politique.

Enfin la presse allemande relate cette semaine une cérémonie organisée le week-end dernier dans le nord du Bénin, en présence de la ministre allemande de la coopération. C’était à Natitingou la fête de l’adieu à l’excision. Le Bénin, lit-on dans la Frankfurter Rundschau, est le premier pays d’Afrique à célébrer publiquement et officiellement la fin d’une tradition sanglante, celle des mutilations génitales féminines. Mais la lutte contre l’excision au Bénin, appuyée par l’Allemagne, est sans doute loin d’être gagnée, estime le journal. Les cérémonies publiques d’excision appartiennent certes au passé. Mais personne ne doute que pour beaucoup de petites Béninoises, le rituel continue clandestinement, au besoin en étant pratiqué à l’étranger.