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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron1 avril 2005

Zimbabwe – Soudan

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Image : AP

La presse fait cette semaine une large place au Zimbabwe,

et pour cause: les élections législatives du 31 mars ont été précédées d’une campagne électorale qualifiée de truquée par l’ensemble des journaux. Lesquels ont tous prédit la victoire du parti de Robert Mugabe. Mugabe, homme sans scrupules, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui dénonce une campagne électorale raciste, le président n’ayant pas hésité à traiter les partisans de l’opposition de traîtres, et leur leader Morgan Tsvangirai de "noir dans les veines duquel coule du sang blanc". La Tageszeitung de Berlin souligne qu’aucune chance n’a été laissée à l’opposition, une opposition qui rêve aujourd’hui d’une nouvelle guerre de libération. Ce journal, comme beaucoup d’autres, relève aussi que des centaines de milliers d’électeurs fictifs ont été inscrits sur les listes électorales. Entre autres 800 000 personnes décédées. Car comme le note la Süddeutsche Zeitung, lorsqu’il n’est plus possible de faire confiance aux vivants il faut recourir aux morts. Les circonscriptions électorales ont été taillées sur mesure pour la ZANU-PF, le parti au pouvoir. Et dans ce pays touché par la famine, même la distribution de vivres est subordonnée aux opinions politiques. Le peu de maïs encore disponible est distribué par l’Etat aux partisans du parti gouvernemental. Le héros de la lutte de libération s’est mué en oppresseur, écrit le journal. Mais en Europe, on oublie trop souvent qu’à 81 ans Robert Mugabe est encore vénéré par beaucoup de dirigeants africains comme un héros de la lutte anti-coloniale – même si ses méthodes aujourd’hui ne diffèrent guère de celles du pouvoir blanc qu’il a chassé autrefois du pays.

Au Sud-Soudan 10 000 casques bleus seront déployés par les Nations unies pour superviser l’accord de paix conclu en janvier dernier avec le régime de Khartoum. Mais la résolution adoptée à ce sujet par le conseil de sécurité laisse la presse allemande plutôt sceptique.

Très exactement 10 700 soldats – c’est aux yeux de la Frankfurter Allgemeine Zeitung un effectif plutôt maigre compte tenu de l’étendue du Sud-Soudan. Mais surtout, écrit le journal, la concrétisation de l’accord de paix ne dépendra pas tant du respect de la trêve sur le terrain. Elle dépendra avant tout de l’application des trois principales composantes politiques de cet accord, à savoir le partage des recettes pétrolières, l’association du sud au gouvernement soudanais et l’autodétermination des populations du Sud-Soudan sur leur avenir politique, avec possibilité de faire sécession. Une autre résolution du conseil de sécurité prévoit un gel des avoirs et des restrictions de déplacement pour les responsables d’atrocités au Darfour. Des sanctions individuelles bien clémentes, estime la Tageszeitung, alors que pour la Süddeutsche Zeitung elles sont le fruit d’un compromis durement négocié, qui reste très en deça des exigences américaines et allemandes. Pas encore de commentaires en revanche sur la troisième résolution qui permet de déférer les auteurs présumés de crimes contre l’humanité au Darfour devant la Cour pénale internationale.

Enfin la presse allemande s’intéresse également cette semaine à un poisson du lac Victoria, très apprécié en Europe, c’est la perche du Nil. Un intérêt qui s’explique par la sortie, en Allemagne, du film du cinéaste autrichien Hubert Sauper, "Le cauchemar de Darwin". Ce documentaire dénonce la surexploitation de la perche du Nil sur les rives tanzaniennes du lac Victoria et surtout le fait que les populations locales ne profitent guère des revenus de cette pêche. La Frankfurter Rundschau note que la perche du Nil est effectivement une catastrophe écologique pour le lac Victoria, mais que pour la Tanzanie, l’Ouganda et le Kenya elle est devenue un facteur économique majeur. L’Union européenne importe chaque année 40 000 tonnes de filets de perche du Nil en provenance d’Afrique de l’est. Après le tourisme et l’extraction de l’or, les exportations de poisson sont la troisième source de devises étrangères pour la Tanzanie.