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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron25 février 2005

Togo – Swaziland

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Image : AP

La presse cette semaine se fait l’écho des sanctions décrétées par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest contre le régime mis en place à Lomé depuis la mort du président Eyadéma. L’annonce, par Faure Gnassingbé, d’une élection présidentielle dans les 60 jours n’aura pas suffi, note la Süddeutsche Zeitung. La CEDEAO, comme l’Union africaine, exigent la démission immédiate du fils du président défunt. Et le journal insiste à la fois sur la rapidité et la sévérité inhabituelle des réactions de la communauté ouest-africaine. La Frankfurter Rundschau souligne que l’Union africaine veut faire un exemple. L’ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat membre était autrefois taboue pour l’organisation de l’unité africaine, rappelle le journal. Mais les temps ont changé. On professe maintenant la nécessité de la bonne gouvernance, des documents sont même adoptés à ce sujet. Il s’agit maintenant de passer à la pratique. Si le test réussit au Togo, l’Union Africaine n’aura pas le droit de rester borgne, mais devra faire progresser la démocratie sur l’ensemble du continent. D’autres Etats, par exemple la Guinée Equatoriale, sont eux aussi dirigés comme des entreprises familiales. La mise au pas du Togo ne peut être qu’un début. Là où la pauvreté prolifère, la transparence dans la gestion des fonds publics est d’une importance capitale. Les pays industriels ne veulent pas dilapider leur aide au développement dans des républiques bananières. C’est aussi une raison pour laquelle l’Afrique a besoin de démocratie, conclut la Frankfurter Rundschau.

"Le roi roule en Maybach et son peuple a faim" – ce titre à la une de la Frankfurter Rundschau s’applique à un pays d’Afrique qui est encore loin de la démocratie, c’est même la dernière monarchie absolue du continent. Vous aurez compris qu’il s’agit du Swaziland. Mswati III, note le journal, fait plaisir à l’industrie automobile allemande. Il achète des limousines Maybach et des BMW. Le souverain par exemple possède une Maybach 62, d’une valeur de 400 000 euros, avec télévision, bar, réfrigérateur. Il y a trois ans, rappelle le journal, Sa Majesté voulait même s’acheter un jet privé pour 45 millions de dollars. Le tollé suscité tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays aura fait capoter le projet. Quant à l’opposition swazie, poursuit notre confrère, elle s’articule principalement dans les syndicats. Les partis politiques sont interdits. Mais si l’opposition réclame une nouvelle constitution, pour restreindre le pouvoir du roi, la réforme constitutionnelle présentée par la cour de Mswati III ne prévoit que des changements très marginaux. Le Swaziland, ajoute la Frankfurter Rundschau, ce sont aussi, selon la Banque mondiale, 70% de la population qui vivent avec moins d’un dollar par jour, et le taux d’infection par le VIH- sida le plus élevé au monde avec 38,8%.

La Belgique se fait épingler cette semaine par la Tageszeitung de Berlin, qui dénonce les contradictions de sa politique dans la région des Grands Lacs. Tout dernièrement encore, note le journal, le ministre belge des affaires étrangères Karel de Gucht était en République démocratique du Congo pour y soutenir les efforts de paix. Or voilà que le gouvernement régional wallon a délivré à une firme belge une licence d’exportation pour la construction d’une fabrique de munitions à Mwanza en Tanzanie, non loin donc de pays encore en guerre comme le Congo précisément et le Burundi. Le tout avec une garantie financière de l’Etat fédéral belge, ce qui montre bien, souligne le journal, que l’Etat belge, et non seulement la Wallonie, soutient le projet. Toujours au chapitre des contradictions, la même Tageszeitung consacre un long article au chef de l‘armée du peuple ijaw, dans le sud du Nigéria. Un peuple qui se bat pour avoir sa part de la richesse pétrolière du delta du Niger. Robin des bois moderne pour les uns, voleur de pétrole pour les autres, Mujahid Dokubo-Asari, écrit le journal, vit dans les marais auprès de ses combattants qui sabotent les oléoducs. Mais il vit aussi en millionnaire dans de luxueuses villas depuis qu’il a conclu avec le gouvernement nigérian un accord de cessez-le-feu.