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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron11 février 2005

Togo – Kenya

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Sans surprise c’est le Togo qui cette semaine domine l’actualité africaine dans les journaux allemands.

Jusqu’à la fin de ses jours- titre par exemple la Süddeutsche Zeitung après la mort, donc, samedi dernier, du président Eyadéma. 38 années au pouvoir – un record africain, et la deuxième place derrière Fidel Castro au palmarès mondial des dictateurs, écrit le journal qui bien sûr évoque aussi les rapports particuliers entre le Togo, une ancienne colonie allemande, et la République fédérale d’Allemagne. C’est ainsi rappelle notre confrère que lors d’une visite légendaire au Togo le président allemand Heinrich Lübke s’était fait plâtrer le bras droit pour ne pas avoir à serrer la main de l’assassin Eyadéma. En Bavière en revanche le despote était vu avec de tout autres yeux. Franz Josef Strauss était un ami et un hôte régulier de Gnassingbé Eyadéma. Après sa mort, souligne le journal, la communauté internationale pourrait évidemment se réjouir de la disparition d’un dictateur. Mais le Togo risque à présent de sombrer totalement dans le chaos. La Tageszeitung de Berlin évoque la rivalité entre deux fils de présidents: Faure Gnassingbé Eyadéma, porté au pouvoir par l’armée pour succéder à son père, et Gilchrist Olympio, le fils du tout premier président togolais Sylvanus Olympio, assassiné en 1963, probablement par Eyadéma Une lutte de pouvoir entre les dynasties Olympio et Eyadéma, prédit le journal, pourrait plonger le petit Togo dans une grande guerre civile – une guerre qui depuis 14 ans déjà semblait toujours imminente. Bien des choses dépendront maintenant de l’Union européenne. Conjointement avec l’Union africaine il lui faut prendre des mesures concrètes pour mettre le Togo sur le chemin de la démocratie. La Frankfurter Rundschau pourtant n’est guère optimiste et voit plutôt le Togo s’enfoncer dans la crise. Le patriarche n’a jamais autorisé d’élections libres ni de débat démocratique, et l’Afrique de l’ouest est de toute façon une région instable. De la Guinée-Bissau à la Côte d’Ivoire elle ne compte pas moins de cinq Etats en crise, note le journal. Le Togo va probablement devenir un nouveau foyer de troubles.

Plus généralement, et dans le contexte du plan Marshall pour l’Afrique proposé par la Grande Bretagne, la presse allemande commente aussi les problèmes de démocratisation en Afrique. La Süddeutsche Zeitung fait remarquer que le débat sur la démocratie n’a pris son élan en Afrique qu’après la chute du mur de Berlin. Or quinze années sont un laps de temps extrêmement court. En ce sens, écrit le journal, l’objectif que s’est assigné la communauté internationale, à savoir réduire de moitié le nombre de pauvres d’ici à 2015, est un objectif irréaliste. Il importe surtout que le Nord crée un système d’incitations économiques qui accélère le changement de mentalité chez les élites africaines. L’aide, souligne le journal, doit se concentrer sur les pays qui témoignent d’une réelle volonté de réformes et qui tentent de venir à bout des injustices nées du système colonial. En revanche des dirigeants comme Robert Mugabe, qui fulminent contre le colonialisme tout en terrorisant leur pays comme l’ont fait autrefois les blancs, de tels dirigeants, souligne le journal, ne méritent aucune aide. Le Kenya mérite-t-il l’aide de l’Union européenne? En tout cas cette dernière a prévenu que l’insuffisance de la lutte anti-corruption pourrait remettre en cause l’aide financière européenne. Il faut dire que, comme le titre la Frankfurter Rundschau, la corruption au Kenya a été plus forte que son adversaire, John Githongo. John Githongo qui a jeté l’éponge après avoir été pendant deux ans le principal conseiller du président Kibaki en matière de lutte contre la corruption.Dans la foulée le journal relate que les Etats-Unis ont décidé de geler leur aide à la lutte contre le népotisme au Kenya. Et pour cause, ajoute notre confrère: depuis l’élection du président Kibaki la corruption a continué de proliférer au Kenya. Principalement dans le secteur, très secret, de la sécurité nationale.