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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron28 janvier 2005

Soudan – Kenya - RDC

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Pour commencer l’Union européenne se fait vivement critiquer pour avoir décidé la reprise de sa coopération avec le Soudan. Une aide immédiate de 50 millions d’euros – c’est le premier effet de la reprise de cette coopération, suspendue depuis 14 ans pour cause de guerre civile dans le Sud-Soudan. L’Union européenne sait-elle ce qu’elle fait, s’interroge la Tageszeitung. Le nouveau partenariat avec le Soudan obéit à la logique suivante: après l’accord de paix pour le Sud-Soudan il faut apporter la preuve que la paix est payante. Mais poursuit le journal, si le gouvernement qui reçoit une aide financière de l’extérieur, mène simultanément une autre guerre meurtrière, sous-entendu dans le Darfour, on peut alors légitimement reprocher à l’Union européenne de financer un génocide au Soudan. L’idée que l’argent européen puisse rendre le gouvernerment soudanais plus docile est absurde, souligne notre confrère. Le régime de Khartoum se finance avec les recettes pétrolières, et non avec l’aide extérieure. Bref le journal qualifie la politique européenne au Soudan de totalement irresponsable.

Plus au sud, au Kenya, de violents affrontements ont eu lieu ces derniers temps, dans la vallée du Rift, entre paysans et éleveurs. Mais le Kenya, il est vrai, est loin d’être le seul pays en Afrique à connaitre ce type de violences. Un journal allemand leur consacre cette semaine un article en première page. Ce journal c’est la Frankfurter Rundschau qui titre sur la guerre de l’eau entre nomades et sédentaires. Très précisément entre pasteurs massaïs et paysans kikuyus, qui se disputent l’accès à des points d’eau. La sécheresse dans la vallée du Rift, note le journal, a encore attisé les querelles. En l’espace d’un mois 50 personnes ont été tuées. De quoi rappeler les événements de l’année 1992, lorque des affrontements ethniques encouragés par des hommes politiques avaient fait 2 000 morts dans la vallée du Rift. Dans le cas présent, précise le journal, le conflit a éclaté lorsqu’un politicien kikuyu, propriétaire d’une ferme, a obtenu du ministère de l’eau l’autorisation d’irriguer artificiellement ses terres. Mais poursuit la Frankfurter Rundschau, depuis les années 60 déjà, les Massaïs reprochent à la caste politique de Nairobi de les avoir dépossédés d’une partie de leurs terres ancestrales pour les céder à des Kikuyus.

Dans l’est de la République démocratique du Congo, la situation est loin d’être apaisée. Et dans ce contexte la presse allemande évoque la possibilité d’une intervention militaire africaine. On lit dans la Tageszeitung que des Etats africains veulent intervenir dans l’est de la RDC pour faire la chasse aux milices hutus rwandaises. Saïd Djinnit, le commissaire chargé de la paix et de la sécurité à l’Union africaine, a confirmé la tenue de consultations informelles à ce sujet. L’Ethiopie, le Bénin et le Kenya auraient été pressentis. De fait, souligne le journal, les quelque 11 000 miliciens hutus rwandais, présents dans l’est du Congo, passent pour le principal obstacle à la paix. Les milices prêchent la guerre contre le Rwanda et contrôlent une partie des deux provinces du Kivu où elles terrorisent la population. La force de l’ONU au Congo n’a pas le mandat nécessaire pour les désarmer de force, elle peut seulement assurer leur rapatriement volontaire au Rwanda. C’est ainsi, note le journal, que le noyau dur des milices est resté au Congo alors que 9 000 simples combattants ont été envoyés au Rwanda. Reste à savoir, s’interroge le journal, avec quel mandat des troupes africaines seraient déployées dans l’est du Congo. Avec un mandat formel de l’Union africaine, ou à la demande du gouvernement congolais? Dans les deux cas elles entreraient en concurrence avec les forces de l’ONU, dont les casques bleus sont infiniment mieux équipés mais ont un mandat très limité.