1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron3 décembre 2004

Sida – RDC – Köhler/Afrique

https://p.dw.com/p/C9kU
Image : APTN

Mercredi dernier, le 1er décembre, c’était la journée mondiale contre le sida, et dans ce contexte les journaux ne peuvent qu’insister sur la propagation fulgurante de l’épidemie en Afrique subsaharienne. Principalement chez les femmes. Comme le note la Tageszeitung de Berlin, une jeune femme sur sept, en Afrique au sud du Sahara est aujourd’hui séropositive. Chez les hommes le taux d’infection est nettement plus faible. Mais souligne le journal, la prostitution, quoi que laissent penser les programmes d’action de l’OMS, n’est pas la cause principale. La propagation du sida s’explique avant tout par les rapports de forces entre hommes et femmes. La conception du pouvoir de l’homme et de sa virilité fait obstacle à toute prévention du sida. Tant que les hommes ne seront pas contraints de rédéfinir, par rapport aux femmes, leur rôle et leur statut dans la société, le sida continuera de se propager, principalement chez les femmes et les enfants. Faute d’un changement de mentalité qui risque de se faire attendre, la Frankfurter Rundschau nous relate l’histoire d’un Allemand établi à Bukavu, dans l’est de la République démocratique du Congo, où il a décidé de fabriquer un médicament générique pour atténuer au moins les effets du sida. Horst Gebbers, c’est son nom, est le seul entrepreneur étranger à être resté dans cette ville de Bukavu, martyrisée par la guerre, tout près de la frontière avec le Rwanda. En 1999 cet ancien coopérant a acheté l’entreprise Pharmakina au trust suisse Hoffmann-Laroche. Depuis il produit principalement de la quinine, un remède contre le paludisme donc. Mais s’il n’en avait tenu qu’à lui, précise le journal, il aurait lancé ce 1er décembre une autre production: celle de l’anti-rétroviral générique "Afri-Vir". Malheureusement deux machines ne sont pas encore arrivées – des machines qui viennent de Thailande, tout comme la combinaison de principes actifs. Dans un premier temps, nous apprend encore le journal, ce générique sera distribué à 2 000 malades. Le traitement coûtera moins de 25 dollars par mois – contre environ 300 dollars exigés par les grandes firmes pharmaceutiques. Toujours dans l’est de la RDC, l’éventualité d’une nouvelle intervention rwandaise inquiète la Süddeutsche Zeitung. Kagamé, lit-on dans un éditorial, a toujours justifié ses campagnes contre le pays voisin par la présence, dans l’est du Congo, d’extrêmistes hutus qui menacent son pays. Même si de telles milices existent rééllement, le président rwandais exagère massivement le danger et poursuit de tout autres objectifs, souligne ce confrère: Kagamé souhaite asseoir son influence militaire et politique sur cet est du Congo si riche en matières premières.

Sierra Leone, Bénin, Ethiopie et Djibouti – ce sont les quatre étapes du premier voyage que le président allemand, Horst Köhler, entreprend à partir de lundi en Afrique. Avant de partir il a prononcé à l’université de Tübingen un discours dont la Frankfurter Rundschau publie de larges extraits. Par ce voyage, souligne Horst Köhler, je veux surtout renforcer, ici en Allemagne, la conviction que l’Afrique nous concerne. Quand nous entendons le mot "Afrique" ne pensons-nous pas surtout au continent des catastrophes? Au continent des famines, des Etats en rupture, des guerres civiles, des enfants-soldats, au continent accroché à l’aide au développement comme à une perfusion et qui pourtant ne semble jamais guérir? L’Afrique, c’est certain, connait de graves problèmes et une profonde misère, poursuit Horst Köhler. Mais ce n’est qu’une partie de la vérité. Au milieu de toute cette misère j’ai vu aussi une joie de vivre, un courage, et une fierté qui font honte à la mesquinerie de bien des comportements européens. Nous devons enfin comprendre, martèle l’ancien directeur du Fonds monétaire international, que nous vivons dans un seul et même monde. Cela est aussi dans notre intérêt. Dans nos pays dits développés nous ne pourrons maintenir ni notre prospérité, ni notre sécurité, ni notre paix si nous ne sommes pas des partenaires des pauvres. L’Afrique, ce continent si souvent oublié, doit trouver sa juste place dans le monde – celle d’un partenaire parmi des partenaires. Voilà, c’était donc une petite sélection des déclarations du président allemand Horst Köhler avant son voyage en Afrique.