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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Aude Gensbittel5 novembre 2004

Victoire de Bush – Libéria – Somalie

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La presse allemande s’est bien sûr largement penchée sur l’élection présidentielle aux Etats-Unis cette semaine et la Tageszeitung s’est également intéressée aux conséquences de la victoire de George W. Bush pour l’Afrique et inversement à ce que le continent africain représente pour le président américain. Premier exemple, la République Démocratique du Congo. Pour un pays comme la RDC, estime le journal, la réélection du président américain a une importance considérable, car l’administration Bush est la première à faire barrage à l’élargissement des missions des casques bleus en Afrique. Aux Etats-Unis, contrairement aux démocrates, les républicains vont toujours à l’encontre du principe d’organiser de grandes missions des Nations Unies dans les pays africains en crise, comme par exemple au Sierra Leone, au Liberia, en Côte d’Ivoire, au Burundi, en RDC et sans doute bientôt au Soudan. Au mois de septembre, l’administration Bush a empêché l’élargissement de la mission de l’ONU en RDC et aujourd’hui elle fait pression pour que la mission des Nations Unies au Liberia se termine rapidement. Mais pour le quotidien, étant donné que beaucoup d’Africains ne font pas confiance à l’ONU, cette réserve n’est pas forcément préjudiciable à l’image des Etats-Unis.

Le Soudan a par contre des raisons de s’attendre à une plus grande volonté d’intervention lors du second mandat de Bush. La droite religieuse aux Etats-Unis considère en effet le régime militaire du Soudan comme un ennemi héréditaire. Comme si il fallait une preuve, juste un jour avant l’élection présidentielle, George W. Bush a prolongé les sanctions américaines contre le Soudan pour une année entière.
Pour les Etats-Unis, poursuit la taz, l’Afrique a une grande importance pour deux raisons essentielles : le pétrole et les terroristes. Washington n’a en ce moment pas assez de pétrole, issu de l’Afrique de l’Ouest, et redoute les terroristes dans la région du Sahara et du Sahel ainsi qu’en Somalie. Pendant les quatre années du premier mandat de Bush, l’Afrique a pris une nouvelle importance stratégique.

Autre thème évoqué dans les journaux allemands cette semaine, la situation au Libéria. Le Libéria où conformément aux accords de paix signés l’an dernier, les mouvements rebelles et les milices gouvernementales ont officiellement été démantelés mercredi, et ce au lendemain d’une série d’émeutes à Monrovia. Selon les observateurs étrangers, explique la Frankfurter Rundschau, les actes de violence reflètent la déception de la population à propos de la période d’après-guerre. Même quinze mois après le départ en exil de l’ancien dirigeant Charles Taylor, les conditions de vie n’ont pas beaucoup changé : la capitale Monrovia n’est approvisionnée ni en eau, ni en électricité, et le réseau routier est dans un état lamentable. Le taux de chômage parmi les trois millions de Libériens est estimé à environ 80%. De plus, rappelle le journal, sur les 350 000 personnes réfugiées dans les pays voisins, seules 50 000 sont revenues, et dans le pays une personne sur dix est considérée comme un réfugié intérieur, c’est-à-dire un déraciné. Quant à la situation politique, elle n’est guère plus brillante. Des élections sont certes prévues en octobre 2005 au Libéria, mais étant données les conditions actuelles, on peut se demander si ce calendrier sera vraiment respecté, conclut le quotidien.

Enfin la Frankfurter Allgemeine Zeitung se penche sur le conflit en Somalie entre le Somaliland, région qui s’est autoproclamée indépendante en 1991 et le Puntland, au nord-est du pays. Deux régions dont les armées respectives se sont affrontées lors de violents combats la semaine dernière, causant près d’une centaine de victimes. Pourquoi cette guerre ? se demande le journal. Officiellement à cause de contentieux de frontière entre les deux régions. Ces escarmouches entre le Somaliland et le Puntland, donnent une idée de ce à quoi pourrait ressembler le futur de la Somalie, écrit le quotidien. Dans ce pays déchiré et plongé dans une guerre civile depuis le début des années 90, tous les décideurs ne parlent plus aujourd’hui que de guerre. La raison, explique la FAZ, c’est l’élection d’Abdullahi Yusuf Ahmed, ancien président du Puntland, comme président de toute la Somalie. Yusuf Ahmed qui se trouve aujourd’hui encore à Nairobi, au Kenya, parce que la capitale somalienne Mogadiscio est trop dangereuse. Les seigneurs de guerre qui y règnent sont d’ailleurs, pour la première fois depuis des années, du même avis que le Somaliland : le nouveau président doit partir. Le meilleur moyen de parvenir à ce but, c’est la déstabilisation systématique du Puntland. Voilà tout le paradoxe de la Somalie, conclut le journal, avec l’élection d’un nouveau président le pays n’a pas fait un pas vers la paix, mais au contraire vers une guerre générale.