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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron22 octobre 2004

Schröder/Libye/Algérie – Tunisie – Paludisme

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La presse allemande fait tout d’abord une large place à la visite du chancelier Schröder en Libye et en Algérie.

Une visite qui pour la Frankfurter Rundschau complète ce qui est déjà instauré depuis longtemps dans les relations avec la Russie, la Chine, la Turquie et même l’Iran dans une certaine mesure, à savoir une stratégie de l’accolade envers tous ceux qui peuvent former une zone tampon entre la vieille Europe et le monde de l’islam radical. L’Algérie et la Libye ont aussi leur propre importance stratégique, souligne le journal: elles veulent dépenser leurs pétrodollars en Europe. Les intérêts commerciaux relèguent la morale au rang de simple décoration. Et poursuit le journal, qui a vu avec quel plaisir Khadafi accueille chez lui la procession des principaux chefs de gouvernement européens flaire les intérêts de l’autocrate. Il y va de la garantie de son pouvoir, d’une ouverture destinée à sa propre survie. Parmi les journalistes allemands qui ont accompagné Gerhard Schröder, celui de la Süddeutsche Zeitung déplore n’avoir rien vu d’Alger, à part l’hôtel et quelques panneaux publicitaires le long de la route. Il s’étonne aussi de la petite taille du président Bouteflika – encore plus petit, écrit-il, que le chancelier. Plus sérieusement notre confrère note que la guerre civile en Algérie, avec ses horribles massacres, s’est certes apaisée. Mais la situation reste tendue. Nul ne sait très bien si la politique de réconciliation de Bouteflika, axée sur l’économie de marché, pourra durablement endiguer l’islamisme et les conflits ethniques. La voie sur laquelle se trouve la Libye est encore moins claire, lit-on dans l’article. Le colonel Khadafi incarne le principe du putschiste: la volonté populaire, c’est moi. D’un autre côté il a abjuré le terrorisme d’Etat et les armes de destruction massive et ouvre aux firmes occidentales un pays qui nage dans le pétrole.

Toujours en Afrique du nord, les Tunisiens élisent ce dimanche leur président. Et pour la presse allemande le résultat ne fait aucun doute: le président Ben Ali remportera la quasi-totalité des voix.

En témoigne cet article de la Süddeutsche Zeitung qui écrit que le président Ben Ali, au pouvoir depuis 17 ans, va se faire réélire pour un quatrième mandat. Ceci étant, nul ne doute que dans un scrutin entièrement libre, Ben Ali serait élu avec une confortable majorité. Sa crédibilité et son prestige international n’en seraient que rehaussés. Alors s’interroge le journal, pourquoi le président attache-t-il tant d’importance à des scores staliniens? Le culte de la personnalité ou la mégalomanie n’explique pas tout. Depuis des décennies l’Etat tunisien, de même que le parti au pouvoir, le RCD, l’administration, les organes de sécurité et des pans très lucratifs de l’économie sont contrôlés par un seul groupe d’hommes, un groupe connu sous le nom de "clan du Sahel" parce que ses membres, à l’instar de Ben Ali, sont tous originaires de Sousse ou des environs. Autant dire que, si à la suite d’élections libres, les gouvernants devaient céder certaines fonctions de la vie sociale à d’autres forces, ils perdraient non seulement une partie de leur pouvoir, mais aussi de leurs privilèges.

Enfin dans la lutte contre le paludisme l’Afrique du sud a renoué avec une méthode très controversée: c‘est l’usage de DDT, un insecticide interdit depuis 1972 dans la plupart des pays industriels. Mais comme le relate la presse allemande il fait ses preuves contre les insectes qui transmettent le paludisme. La Frankfurter Rundschau rappelle que l’Afrique du sud a vécu en 2000 l’une des pires épidémies de paludisme de son histoire. Suite à quoi le gouvernement a décidé de faire vaporiser du DDT sur les maisons dans les provinces les plus exposées. La décision à l’époque a provoqué des protestations internationales. L’ONU travaillait précisément à la formulation d’une convention visant l’interdiction de douze produits chimiques particulièrement nocifs pour l’environnement, dont le DDT. Mais l’Afrique du sud a tenu bon, et a pu rapidement se prévaloir de succès. L’usage de DDT a fait chuter le nombre de cas de paludisme. Et finalement la convention de Stockholm a autorisé un emploi contrôle du DDT dans la lutte contre le paludisme. A la lumière des expériences positives faites en Afrique du sud, d’autres pays africains, note le journal, veulent maintenant renouer avec le traitement au DDT.