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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron24 septembre 2004

Soudan – Nigéria – Afrique du sud

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Image : AP

La presse allemande est toujours très pessimiste quant aux chances d’un réglement rapide au conflit du Darfour.

En témoigne cet article paru dans l’hebdomadaire Der Spiegel sous le titre "la grande hécatombe". Ce qui se passe au Darfour, écrit le journal, est à la fois une tragédie et une farce. Les Européens et les Américains sont impuissants, mais comme ils veulent jouer un rôle plus glorieux qu’en 1994, pendant le massacre au Rwanda, ils trouvent de fortes paroles et annoncent soutenir l’Union africaine dans ses efforts de paix. Or ils savent que la communauté des Etats africains est trop profondément divisée pour être en mesure de domestiquer le Soudan.L’envoi au Darfour de soldats de la paix nigérians et rwandais revient à introduire le loup dans la bergerie. Au Libéria, rappelle le Spiegel, des militaires nigérians ont pillé à leur guise et sont rentrés chez eux avec un riche butin. Les soldats rwandais sont en partie responsables de la mort de millions de personnes au Congo et transforment depuis des années la région des Grands Lacs en un champ de ruines. Die Welt a interrogé la secrétaire générale d’amnesty international, Irene Khan, à son retour d’une mission de quelques jours au Darfour. Quelques jours seulement pendant lesquels, dit-elle, nous avons enregistré plus de 250 cas de viols. Nous avons vu des villages incendiés et abandonnés. Les photos satellite montrent que dans certaines régions plus de 40% des villages ont été détruits. L’impunité, pourtant, perdure. Personne n’a encore été traduit en justice, souligne Irene Khan pour qui le conflit du Darfour puise sa cause dans le fait que la diversité du pays ne se reflète pas dans le système politique du Soudan.

La presse allemande se fait aussi l’écho des violences qui depuis plusieurs semaines secouent la ville de Port-Harcourt, dans le sud du Nigéria. La Tageszeitung de Berlin parle même d’une guerre pour le plus grand port pétrolier de l’Afrique. Une guerre qui n’a encore jamais été aussi sanglante. Les combats entre milices rivales auraient fait jusqu’à 500 morts depuis la fin août. C’est beaucoup, souligne le journal, même dans les zones petrolifères du Nigéria où selon une étude commandée par la Shell à la société de sécurité WAC Security les violences ont fait l’an dernier un millier de victimes. Tous les peuples de la région ont leurs propres groupes armés, qui se battent contre l’armée nigériane, mais aussi entre eux pour prendre le contrôle de territoires, donc gagner les élections municipales et pouvoir de ce fait devenir les interlocuteurs des sociétés pétrolières. Le conflit pour Port Harcourt, poursuit le journal, remonte aux élections de 2003. A l’époque les caciques locaux du PDP, le parti d’Obasanjo, ont par le biais d’achat de voix et de manipulations électorales assuré le maximum de voix au parti dans le bouillonnant delta du Niger. Cela a définitivement poussé les groupes mécontents vers la lutte armée.

Enfin la montée de la criminalité organisée en Afrique du sud est un thème qui revient cette semaine dans la presse allemande. La Frankfurter Rundschau relate la spectaculaire tentative de hold-up qui a eu lieu la semaine dernière à l’aéroport international de Johannesburg. Cinq hommes armés ont braqué des employés qui chargeaient de l’or et des diamants à bord d’un avion de la compagnie KLM. Cernés par la police, ils ont ouvert le feu et blessé grièvement deux policiers. Les voleurs finalement n’ont rien emporté mais ont réussi à prendre la fuite. Ces derniers temps note le journal les incidents sanglants se multiplient à l’aéroport de Johannesburg, le plus grand aéroport d’Afrique. Les aéroports sud-africains passent aussi pour une plaque tournante du trafic international de drogue.