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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron13 août 2004

Soudan – Criquets – Namibie

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Image : AP

La presse allemande continue de livrer à ses lecteurs une masse d’articles sur le Soudan. La Süddeutsche Zeitung dénonce les arguments, cousus de fil blanc, avec lesquels la ligue arabe protège le régime de Khartoum. Lequel veut enfoncer un coin entre le monde arabe et les occidentaux. Il fait comme si les Nations unies, sous la houlette des Américains, menaient une guerre contre l’islam. Accusation d’autant plus absurde, écrit le journal, que les victimes au Darfour sont elles-mêmes musulmanes. Ce n’est pas une guerre de religion, et pour Washington il ne s’agit pas non plus de renverser à Khartoum un régime mal aimé. La Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui consacre une page entière au conflit du Darfour, note que ce conflit n’est pas seulement un drame qui se joue à la frontière avec le Tchad. Il illustre aussi les intrigues d’un Etat qui ne peut, ou ne veut, vivre durablement en paix avec la plupart de ses voisins. A commencer par l’Erythrée, l’Ethiopie et l’Ouganda, avec lesquels Khartoum a entretenu ces dernières années des relations plus que versatiles. Même dans la grande guerre congolaise, poursuit notre confrère, le Soudan a toujours joué un rôle à l’arrière-plan. Non pas comme belligérant, mais comme une sorte d’épée de Damoclès. Dans ce contexte, souligne la Frankfurter Allgemeine, il est intéressant de rappeler que les premières pressions sérieuses des occidentaux sur le Rwanda pour qu’il soit mis fin à la guerre au Congo ont coincidé dans le temps avec le rapprochement entre Washington et Khartoum. En 2001/2002, le président Bush s’est libéré de l’influence des fondamentalistes chrétiens américains et a opté pour une politique pragmatique envers le Soudan. Die Welt évoque les délibérations de l’Union africaine sur l’envoi au Darfour d’une force de 2 000 hommes, rwandais et nigérians. On est encore loin d’un tel déploiement, et donc de la mise en oeuvre d’une solution africaine au conflit du Darfour, écrit Die Welt. Les pourparlers de paix prévus prochainement au Nigéria entre le gouvernement soudanais et deux mouvements rebelles devraient également rester sans résultat – à moins que Khartoum ne subisse enfin une pression massive.

La carte que publie la Frankfurter Rundschau sur la progression des criquets pélerins en Afrique fait craindre qu’un nouveau fléau ne s’abatte bientôt sur le malheureux Darfour. L’Afrique de l’ouest, écrit le journal, vit actuellement la pire invasion de criquets pélerins depuis quinze ans. Elle frappe les plus pauvres des pauvres, et des milliards d’insectes se dirigent vers l’est. Or il n’existe pratiquement aucun remède à la fois efficace et respectueux de l’environnement. Avec le soutien de la GTZ, note le journal, l’institut biologique de Darmstadt, en Allemagne, a certes mis au point un moyen de lutte biologique. Il s’agit des spores d’un champignon qui infecte et tue le criquet. Mais cette solution est plus coûteuse que l’emploi d’insecticides. Elle est aussi plus complexe. Le champignon étant sensible à la chaleur, son utilisation en Afrique n’est possible qu’aux premières heures de la journée.

La presse évoque aussi cette semaine la difficile confrontation de l’Allemagne avec son passé colonial en Afrique. Il y a eu 100 ans, le 12 août, les troupes coloniales allemandes écrasaient le soulèvement des Hereros dans ce qui était alors le Sud-ouest africain, aujourd’hui la Namibie. L’ordre d’extermination donné ensuite par le général von Trotha se solda par la mort de 65 000 Hereros et 10 000 Nama. Les souffrances qui leur furent infligées n’ont jamais été expiées, écrit Die Welt. Tous les gouvernements allemands qui se sont succédé depuis ont rejeté les demandes de dédommagement ou de réparations. Cent ans après le génocide, la conscience de l’injustice d’alors risque de disparaitre totalement en Allemagne. La Frankfurter Allgemeine Zeitung publie une photo de 1904: celle de prisonniers hereros enchaînés, gardés par un soldat allemand. Le journal relate aussi les déclarations faites, avant son départ pour la Namibie, par la ministre allemande de la Coopération, Heidemarie Wieczorek-Zeul – la première ministre allemande d’ailleurs à participer à des cérémonies commémoratives en Namibie même. Elle rappelle par exemple que de tous les pays africains la Namibie est celui qui reçoit la plus forte aide allemande au développement par habitant. Une façon, selon elle, d’exprimer la responsabilité particulière de l’Allemagne.