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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron30 juillet 2004

Soudan – Afrique/Energie – Kenya

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Image : AP

Le Soudan continue bien sûr de faire les grands titres. Lutte de pouvoir, lutte pour les ressources, titre la Süddeutsche Zeitung qui note qu’au fil des années le schéma des conflits au Soudan n’a pas changé. Khartoum n’a exploité la périphérie du pays que comme source de matières premières, sans associer les populations, principalement les ethnies africaines de l’ouest, du sud et de l’est, à la prospérité. L’exclusion de certaines ethnies est aussi une cause importante du conflit du Darfour. Mais poursuit le journal, même si Khartoum brave la pression de l’extérieur, à l’intérieur le risque d’implosion pourrait lui être fatal. La colère grandit aussi dans l’est et au centre. Même le sud, qui s’est arrangé avec Khartoum, pourrait revenir à la confrontation si le chaos s’amplifie. Le Soudan serait alors menacé de somalisation, et aucun pouvoir militaire à Khartoum ne pourrait empêcher la dislocation du pays le plus vaste d’Afrique. Quant à l’embargo sur les armes contre le Darfour, que d’aucuns réclament, le journal estime qu’il ne servirait strictement à rien. Car il est plus facile, dans cette région, de se procurer une arme qu’un morceau de pain. La Frankfurter Allgemeine Zeitung insiste sur la richesse pétrolière du Soudan, qui attire beaucoup d’entreprises et ne peut qu’émousser la sévérité d’éventuelles sanctions. Il y a beaucoup d’argent à gagner au Soudan, écrit ce confrère, car ses gisements pétroliers en font un pays potentiellement solvable. Les investissements directs sont passés de 600 millions de dollars en 2002 à plus d’un milliard en 2003. La raison en est simple: après 30 ans de guerre civile – sous entendu entre le nord et le sud – tout est à reconstruire. Et le rapprochement avec les occidentaux, après les attentats terroristes du 11 septembre 2000, a pareillement électrisé les sociétés européennes et asiatiques de BTP.

Le Soudan, un pays riche en pétrole donc, comme d’autres pays africains. Et pourtant, lit-on dans la Frankfurter Rundschau, le manque de sources d’énergie modernes est l’un des facteurs qui expliquent la pauvreté chronique de l’Afrique. L’article est signé Omar Kabbaj, président de la Banque africaine de développement à Tunis, et Louka Katseli, directrice du centre de l’OCDE pour le développement à Paris. Je relève sous leur plume que l’Afrique, malgré ses énormes potentialités, ne compte que 1,3 % des collecteurs solaires installés dans le monde. Quant aux énergies fossiles, principalement le pétrole, un quart seulement du pétrole produit en Afrique est consommé sur place. Or poursuivent les deux auteurs, au-delà d’une augmentation de la productivité, un meilleur approvisionnement énergétique accroit aussi les possibilités d’éducation. Il améliore l’accès à l’information. Et des citoyens mieux informés participent davantage aux processus de décision dans leurs pays. Le résultat en est: des institutions plus démocratiques et des gouvernements qui agissent de manière plus transparente et plus responsable.

Le Kenya reste corrompu – le titre barre toute une page de la Tageszeitung qui écrit que le Kenya est tombé bien bas depuis les semaines euphoriques de fin 2002, début 2003, lorsque Mwai Kibaki, à la tête d’une coalition arc-en-ciel, a remporté les élections et est devenu président. A l’époque Kibaki avait promis de combattre impitoyablement la corruption. De paria de l’Afrique de l’est, le Kenya devenait un lumineux modèle de renouvellement d’un système politique figé. Seulement voilà, poursuit le journal, les révélations sur la nouvelle corruption du régime actuel pourraient reléguer au second plan les scandales de l’ère Daniel arap Moi. A tel point que la représentation de l’Union européenne à Nairobi a décidé de geler l’aide de 47 millions d’euros destinée à combler des déficits dans le budget de l’Etat kényan. Une attitude appuyée, souligne le journal, par une grande partie de la population, de même que par les organisations de la société civile et les églises.