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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron16 juillet 2004

Soudan – Kenya – Mauritanie

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Image : AP

Après la visite à Khartoum de Joschka Fischer, le ministre allemand des affaires étrangères, c’est encore le Soudan qui fait la une de l’actualité africaine dans les journaux.

Comme le souligne Die Welt, l’accueil réservé à Joschka Fischer a été tout sauf amical. La presse gouvernementale soudanaise s’est déchainée contre lui, le ministre allemand a même dû essuyer des accusations inouies, à savoir que l’Allemagne soutient les rebelles du Darfour en leur fournissant des armes et de l’argent. Pour Khartoum, note Die Welt, le conflit du Darfour est téléguidé de l’extérieur. De là aussi les limites de ce que les Allemands appellent la "diplomatie du relais" par allusion aux visiteurs de marque occidentaux qui se succèdent depuis des semaines au Soudan pour faire pression sur le gouvernement. Le Soudan, écrit la Frankfurter Rundschau, est précisément quelque chose qui, selon les termes de Joschka Fischer, ne devrait plus exister: un trou noir, dans lequel la violence et le non-droit ont sévi bien avant le conflit du Darfour. Les noirs y sont traités en êtres de seconde classe, en esclaves. La guerre dans le sud était déjà un génocide au ralenti. Et le monde n’a rien vu. Maintenant que le pétrole coule, Khartoum peut même espérer que, pour certains Etats, l’économie pèsera plus lourd que la morale. Dilemme au Darfour, titre la Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui note que les appels à une intervention extérieure musclée émanent tout au plus de responsables politiques qui ne sont pas disposés à fournir des troupes. De fait, souligne le journal, ni l’Union européenne ni l’Union africaine ne peuvent, ni ne veulent, aller au-delà de gestes symboliques et de pressions diplomatiques sans l’appui de l’Amérique.

La presse allemande s’intéresse aussi au Kenya. L’élection, en décembre 2002, du président Kibaki avait suscité beaucoup d’espoirs. Mais le tournant démocratique, promis par le successeur de Daniel arap Moi, se fait attendre. Et du même coup les critiques se font de plus en plus nombreuses, note la Frankfurter Rundschau. Fin juin le président Kibaki a pour la deuxième fois repoussé une réforme de la constitution qui réduirait considérablement ses pouvoirs. Mais poursuit le journal, la coalition arc-en-ciel n’a pas tenu non plus d’autres promesses, par exemple la création de 500 000 emplois par an. La réforme du secteur de la santé piétine, beaucoup d’entreprises s’opposant à l’introduction de cotisations obligatoires pour une caisse d’assurance maladie. Plus grave encore, souligne notre confrère: la lutte contre la corruption est menée à contrecoeur. Dans le scandale Goldenberg – un scandale de l’ère Daniel arap Moi – personne pratiquement n’a encore subi de poursuites pénales, alors que plus de 200 auditions publiques ont eu lieu. Et ce n’est pas tout. L’actuel gouvernement a ses propres scandales de corruption. C’est ainsi que dans la passation de contrats pour la police judiciaire et l’impression de pièces d’identité infalsifiables, écrit la Frankfurter Rundschau, des pots-de-vin auraient été versés à des firmes douteuses.

Enfin le même journal nous propose cette semaine un reportage sur l’oasis de Chinguetti, en Mauritanie.

Et sur les effets pervers d’un développement trop rapide. Jusqu’au milieu des années 90, écrit la Frankfurter Rundschau, la sécheresse était le principal problème à Chinguetti. Et puis soudain le monde extérieur s’est souvenu de ce joyau dans le désert, l’une des sept villes saintes de l’islam, classée au patrimoine de l’humanité. Et le grand problème, aujourd’hui, c’est celui des ordures. Depuis quatre ans les touristes affluent. Le nombre de pensions et d’hôtels est passé de un à quarante. Les jeunes sont rentrés de Nouakchott ou de l’étranger. Avec l’accroissement du pouvoir d’achat, les boutiques se sont multipliées. La municipalité, poursuit le journal, semble dépassée par le problème des déchets. Les hôteliers veillent bien à la propreté de la vieille ville. Mais plus les quartiers sont pauvres et éloignés, plus les ordures s’entassent dans le sable.