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Afropresse l’Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron11 juin 2004

RDC

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Image : AP

Cette semaine la République démocratique du Congo fournit encore aux commentateurs leur principal thème de réflexion. Tout d’abord les journaux relatent la reprise de la ville de Bukavu, dans l’est du pays, par l’armée régulière congolaise. Bukavu qui pendant une semaine a été occupée par des soldats dissidents, sans que que la MONUC, la mission des Nations Unies au Congo ne soit intervenue. Cela peut sembler cynique, écrit la Frankfurter Rundschau, mais dans des situations comme à Bukavu, les casques bleus ne peuvent effectivement pas intervenir. Ni juridiquement, ni militairement. Les Nations unies dépendent de leurs Etats membres, de leur volonté et de leurs contributions aux missions de paix. La présence de l’ONU au Congo, poursuit le journal, n’est nullement superflue. Depuis 2003 les casques bleus y ont stabilisé la situation, et aiguisé la sensibilité internationale à ce qui se passe là-bas. Cela n’est peut-être pas beaucoup, mais c’est déjà quelque chose. Die Welt rappelle que les 11 000 soldats de l’ONU sont déployés sur un territoire grand comme l’Europe de l’Ouest. Même un mandat robuste ne peut donc leur permettre de contrôler entièrement une étendue aussi gigantesque. Les forces de paix, souligne Die Welt, n’ont pas besoin de plus de militaires, ils ont besoin des politiques. La communauté internationale, et plus particulièrement l’Europe, doivent fournir l’appui nécessaire à ceux qui tentent d’instaurer la paix au péril de leur vie. Cela signifie que l’Europe n’a pas le droit de tourner son regard vers l’Afrique uniquement lorsque des images particulièrement atroces d’un génocide sont sur le marché. L’Afrique et ses foyers de crise – Congo, Soudan et tous les autres – doivent rester chez nous à l’ordre du jour si l’on veut réellement briser le cycle de la violence.

Pour un autre quotidien les Nations Unies comme l’Union européenne sont désemparées face à la situation dans l’est du Congo. Il s’agit en l’occurence de la Tageszeitung de Berlin, pour qui le sauvetage du processus de paix en RDC ne passe pas par une intervention militaire européenne. Il importe beaucoup plus, estime le journal, de faire venir le processus de paix dans l’est du Congo. A Kinshasa les chefs de guerre sont assis autour de la même table dans le gouvernement de transition. Dans le Kivu ils se font face l’arme au pied. Le plus urgent, pour la paix dans l’est du pays, serait que le gouvernement commence enfin la démobilisation des milices et leur fusion au sein d’une nouvelle armée nationale. Il n’y aurait plus alors d’armées rivales à Bukavu. Mais poursuit notre confrère cela n’est qu’une dimension du problème. L’autre est que le processus de paix reste l’affaire des élites, que les masses paupérisées en sont exclues. A long terme, c’est beaucoup plus problématique que la guerre dans le Kivu. Les violentes manifestations de la semaine dernière à Kinshasa ont mobilisé des centaines de milliers de personnes qui ont attaqué non seulement des bâtiments de l’ONU mais aussi les locaux de partis politiques représentés dans le gouvernement et des établissements fréquentés par des blancs. Elles sont révélatrices du potentiel de mécontentement qui est en train de s’accumuler. Et à cela, ni l’ONU, ni l’Union européenne n’ont de réponse, conclut la Tageszeitung.

Enfin le même journal, la Tageszeitung donc, évoque le dilemme des organisations humanitaires dans le conflit du Darfour au Soudan. En quelques mots: des populations paysannes noires sont chassées de chez elles par des milices pro-gouvernementales. Leurs villages sont occupés par des éleveurs arabes. C’est ce qu’on appelle de l’épuration ethnique. Alors comme s’interroge un humanitaire cité par le journal: devons-nous secourir ces déplacés regroupés dans des camps, et peut-être soutenir ainsi la politique gouvernementale, ou devons-nous nous retirer et abandonner ces gens?