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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron21 mai 2004

Afrique du sud – Soudan – RDC

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Image : AP

C’est un événement autant sportif que politique qui a dominé cette semaine l’actualité africaine dans les journaux allemands. L’Afrique du sud organisera la coupe du monde de football en 2010.

Evidemment, écrit la Frankfurter Rundschau, c’était le seul bon choix. Qui aurait voulu dire à la face de Nelson Mandela que le dernier grand rêve de sa vie ne serait pas exaucé? Que la jeune démocratie sud-africaine, assimilée de par son histoire et la composition de sa population à un projet-pilote de l’humanité en matière de compréhension multiculturelle, n’aurait pas droit aussi à une chance unique. Chez les perdants, la Frankfurter Allgemeine Zeitung relève l’amère déception des Marocains et la mise en place, en Egypte, d’une commission d’enquête parlementaire sur l’utilisation des fonds qui avaient été affectés à la candidature égyptienne. Deux réactions qui, pour le journal, montrent qu’en Afrique comme ailleurs dans le monde le football est une affaire extrêmement sérieuse. La Süddeutsche Zeitung parle d’une chance pour l’Afrique toute entière, même si elle estime qu’on a tendance à surestimer l’importance du football. Explication du journal: s’il existe un élément fédérateur pour les Africains, c’est bien le sentiment d’être négligés par le reste du monde. Or le continent va maintenant être propulsé sous les feux de la rampe. Des milliards de personnes regarderont vers l’Afrique du sud et apprendront ainsi à connaître un peu mieux le continent. Mais la Süddeutsche Zeitung se fait aussi plus critique lorsqu’elle écrit que si beaucoup d’Africains sont des passionnés de football, ils ne se passionnent que pour le jeu de leur propre équipe. Et ce comportement ne se limite pas au sport, il domine aussi la politique. Ce qui se passe sur le continent, souligne le journal, n’intéresse que rarement les Africains qui ne sont pas personnellement concernés. La catastrophe au Soudan en est une illustration.

A propos du Soudan précisément, la presse allemande parle d’un pays apparemment maudit. C’est même le titre d’un article du quotidien Die Welt, qui note que le génocide continue dans le Darfour, alors que la guerre dans le Sud-Soudan a fait près de deux millions de morts en vingt ans. Pour Die Welt la cause de cet éternel conflit est à chercher dans la situation géographique du pays. Le nom "Soudan" signifie peut-être le "pays des noirs", écrit ce confrère, mais ce gigantesque pays est un pont entre le monde arabe et l’Afrique, entre le Sahara au nord et la forêt équatoriale au sud. Pour de nombreux experts, tout tourne finalement autour de l’eau du Nil. Un fleuve qui traverse le Soudan sur plus de 2 000 kilomètres avant d’entrer en Egypte. Pour le gouvernement du Caire, l’eau du Nil est une question de vie ou de mort. Et poursuit Die Welt, l’afro-arabiste Kole Omotoso va même jusqu’à affirmer que cette raison explique, à elle seule, le contrôle du Soudan par les Arabes. Selon ce Nigérian d’origine, qui vit depuis longtemps en Afrique du sud, ce n’est pas tant le pétrole qui, jusqu’à présent, a fait échouer les négociations entre le gouvernement de Khartoum et la rébellion sudiste de John Garang. C’est bien plutôt la méfiance des arabes, qui craignent qu’à long terme les rebelles du Sud ne partagent plus généreusement l’eau du Nil avec leurs voisins africains, surtout avec ceux qui depuis des décennies ont activement soutenu la SPLA.

Enfin la récente nomination des gouverneurs de provinces en République démocratique du Congo donne lieu dans la presse à une réflexion critique.

La Tageszeitung de Berlin déplore que la population congolaise soit totalement exclue des projets pour l’avenir du pays. Toutes les décisions importantes sur le partage du pouvoir ont été prises antérieurement entre les belligérants. Toutes les grandes orientations pour la reconstruction économique ont été fixées à huis clos avec les donateurs et les investisseurs. La nomination des gouverneurs provinciaux s’imposait depuis longtemps, concède le journal. Mais la plupart des provinces du Congo sont beaucoup trop grandes pour les besoins de leur population. Faute d’infrastructures leurs capitales sont inaccessibles à la plupart de leurs habitants. Des entités plus petites, décentralisées, seraient plus judicieuses. Mais la communauté internationale voulant au plus vite des élections au Congo, toutes ces questions sont balayées sous la table, conclut le journal.