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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron7 mai 2004

Nigéria – RDC – Zimbabwe

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Nous commençons par le Nigéria qui vient de connaitre une nouvelle flambée de violences inter-religieuses. Selon la Croix Rouge nigériane 630 personnes au moins, pour la plupart des musulmans, ont été tuées dimanche dernier dans l’attaque de la localité de Yelwa par des miliciens chrétiens. Les raisons de cette attaque, écrit la Frankfurter Rundschau, restent assez floues. Auparavant des Haoussas, musulmans donc, avaient attaqué un village et brûlé plusieurs églises. Les chrétiens ont sans doute voulu se venger, et une fois de plus cette nouvelle vague de violences survient dans l’Etat central du Plateau où en 2001 déjà un millier de personnes étaient mortes dans des combats de rues à Jos, la capitale régionale. Une fois de plus aussi, note le journal, les paysans de l’éthnie chrétienne des Tarok se considèrent comme les ennemis des Haoussas et des Peuls musulmans. Haoussas et Peuls sont des éleveurs nomades et les conflits de terres avec les Tarok, paysans sédentaires donc, sont fréquents. L‘introduction de la sharia dans le nord du Nigéria a encore attisé les tensions.

En République démocratique du Congo, la reconstruction de l’économie doit passer par une promotion massive des exportations de bois mais les écologistes s’inquiètent et la presse allemande s’en fait l’écho. Avec le processus de paix, le bois et le secteur minier doivent être les piliers de la reconstruction, lit-on dans la Tageszeitung de Berlin. La Banque Mondiale estime à 60 millions d’hectares la surface des forêts exploitables au Congo. Et dès 2002, alors que le pays était encore en guerre, le Congo s’est doté, avec l’aide de la Banque Mondiale, d’un nouveau Code forestier. Un code qui, note le journal, prévoit certes des améliorations importantes. Jusqu’à 40 % des recettes tirées de l’abattage du bois doivent être redistribués aux communautés concernées. Mais les écologistes congolais redoutent la reprise d’un déboisement sans merci. Personne, dans les zones forestières, ne connait le contenu de ce code, et aucune consultation avec les populations locales, comme les paysans pygmées, n’est prévue lors de l’attribution de nouvelles concessions. A propos de concessions justement le journal relève que l’une des principales entreprises forestières du Congo est dans des mains allemandes. La Société industrielle et forestière du Congo, la SOFIRCO, est une filiale de la firme allemande Danzer et elle possède des concessions sur trois millions d’hectares dans l’ouest et le nord du Congo. Pendant qu’on discute à Kinshasa, ajoute notre confrère, les Allemands agissent. Le directeur allemand de la SOFIRCO a annoncé il y a quelques semaines la reprise de la production de bois dans le nord du Congo.

Enfin la presse allemande s’intéresse aussi cette semaine à la guerre contre la corruption, lancée au Zimbabwe par le président Mugabe. La Tageszeitung revient sur la récente arrestation du ministre des finances, Chris Kuruneri, alors que le pays est secoué par toute une série d’affaires de corruption. Le ministre, qui n’était en poste que depuis deux mois est accusé de trafic de devises. Il a été incarcéré dans l’une des pires prisons du pays, note le journal, la Remand Prison de Harare, que la plupart des détenus quittent tout au plus dans un cercueil ou dans une chaise roulante. Dans la perspective des prochaines élections législatives, en mars 2005, Robert Mugabe veut jouer les Monsieur Propre, souligne notre confrère. Après des années de crise économique, une croisade contre l’enrichissement et la corruption à la tête de l’Etat fournirait au vieux président un thème populiste idéal pour la campagne électorale. L’opinion publique, elle, reste sceptique. Mugabe ne sera pris au sérieux que s’il s’attaque aux gros poissons, à savoir le président du parlement, l’ancien chef de l’armée et le ministre de la défense. Les deux premiers surtout ont abondamment profité de la participation du Zimbabwe à la guerre au Congo.