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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron12 mars 2004

Sierra Leone - Rwanda -Afrique du sud

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C'est tout d'abord la Sierra Leone qui retient cette semaine l'attention des journaux, et pour cause. La Cour spéciale chargée de juger les crimes de guerre commis pendant la guerre civile en Sierra Leone a été officiellement inaugurée mercredi à Freetown. La Tageszeitung de Berlin consacre une page à l'événement et c'est pour souligner que sur les treize inculpés, neuf seulement seront jugés par la cour. Ce sont les moins importants. Le plus célèbre des accusés, l'ancien président du Libéria Charles Taylor, bénéficie de facto d'une immunité dans son exil nigérian. De même, rappelle le journal, les principaux leaders du RUF, l'ancien mouvement rebelle, n'auront pas à repondre de leurs crimes. Foday Sankoh et Sam Bockarie sont morts. Mort également Johnny Paul Koroma, qui avait pris le pouvoir en 1996 avec l'appui du RUF. La Tageszeitung se fait également l'écho des difficiles efforts de réconciliation après une guerre civile particulièrement cruelle. Beaucoup de victimes, notamment beaucoup d'amputés de force, espéraient obtenir un dédommagement individuel. Leur amputation a considérablement réduit leur faculté de gagner leur vie. Or à l'exception de quelques programmes d'aide généraux, il n'y a pas suffisamment d'argent pour des réparations individuelles. Cela fait des mécontents, note le journal, car beaucoup de Sierra Leonais sont persuadés que la Cour spéciale nage dans l'opulence.

Paul Kagamé, le président rwandais, vient d'effectuer une visite officielle de trois jours en Belgique. Son arrivée à Bruxelles a coincidé avec la révélation, par le quotidien français Le Monde, d'un rapport de la police judiciaire française le mettant en cause dans l'assassinat de son prédécesseur Juvénal Habyarimana. La presse allemande, elle, s'interroge. Qui sont les auteurs de l'attentat du 6 avril 1994 contre l'avion du président Habyarimana? C'est, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung, l'un des secrets les mieux gardés dans l'histoire récente de l'Afrique. Les reproches faits à Kagamé ne sont pas nouveaux, jamais ils n'ont pu être étayés par des preuves concluantes. Une autre thèse, rappelle le journal, veut qu'Habyarimana ait été abattu par des hommes de son propre camp. L'article du Monde, poursuit notre confrère, a été accueilli sans grande émotion à Kigali. Un porte-parole du président rwandais s'est étonné que sa publication intervienne juste au moment où Kagamé entamait une visite en Belgique. Lors du génocide l'ancienne puissance coloniale a joué un rôle aussi peu glorieux que le reste de la communauté internationale. Par la suite le premier ministre belge Guy Verhofstadt a présenté des excuses et initié ainsi avec le Rwanda un rapprochement qui s'est révélé utile dans le règlement de la guerre au Congo. Mais souligne le journal, si Kagamé s'emploie depuis un certain temps à normaliser les relations du Rwanda avec les occidentaux, ses rapports avec la France restent tendus. Son unique rencontre, jusqu'à présent, avec le président Chirac, remonte au début de l'année 2003. Et Kagamé l'avait qualifiée de "dialogue de sourds".

Enfin à l'approche des élections générales en Afrique du sud - elles auront lieu le 14 avril - la presse allemande commence la publication d'une série d'articles sur ce qui a changé dix ans après la fin de l'apartheid. Dix ans qui ont vu la montée en puissance d'une riche bourgeoisie noire. La Frankfurter Rundschau nous présente par exemple l'un des hommes d'affaires noirs les plus riches du pays. Il s'appelle Robert Gumede et il a 40 ans. Beaucoup de camarades de l'ancien mouvement de libération, l'ANC. figurent parmi les nouveaux millionnaires. Pas moins de 30 représentants de l'ANC ont abandonné leur mandat parlementaire pour des défis plus lucratifs. Mais souligne le journal, le gouvernement se voit reprocher de n'avoir rien fait pour réduire la pauvreté. De fait avec un taux de 40%, le chômage est aujourd'hui plus élevé qu'en 1994.