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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron7 novembre 2003

Anglicans/Homosexualité - RDC

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Nous commençons par le tollé, provoqué dans les églises anglicanes d'Afrique, par la consécration d'un évêque homosexuel aux Etats-Unis. Comme le titre la Süddeutsche Zeitung, l'église d'Afrique ne connait pas de pardon pour l'homosexualité. Des hommes comme le dictateurzimbabwéen Robert Mugabe, l'ex-président kényan Daniel arap Moi et le chef de l'Etat ougandais Yoweri Museveni se détestent mutuellement, note le journal, mais ils ont en commun de détester les
homosexuels. Et les lois en vigueur dans leurs pays montrent que leur mépris est à prendre au sérieux : l'homosexualité y est punie de peines allant jusqu'à dix ans de prison. Mugabe, Moi et Museveni expriment l'opinion de la majorité des Africains. Nul n'est plus persécuté et méprisé, sur le continent, qu'un homosexuel. Il n'est donc pas surprenant que les dignitaires anglicans africains aient élevé les protestations les plus virulentes contre l'ordination d'un homosexuel, Gene Robinson, à la charge d'évêque du New Hampshire. Maintenant, comment expliquer cette haine des homosexuels ? Eh bien, selon le journal, par le fait que l'amour entre personnes de même sexe est considéré, aujourd'hui encore, comme une perversion des blancs. Rien ne dit encore, que les Africains vont rompre réellement avec l'église anglicane universelle. Mais la scission, estime notre confrère, sera difficile à empêcher, et cela en raison d'une autre évolution en Afrique. Ces dernières années des milliers de sectes chrétiennes y ont vu le jour, elles ne veulent rien avoir à faire avec les grandes églises, jugées trop marquées par les conceptions et les directives des blancs. Sans une protestation véhémente contre l'évêque américain, blanc et
homosexuel, les anglicans africains risquent de perdre encore plus de fidèles.

Deux présidents africains, Joseph Kabila et Yoweri Museveni, étaient cette semaine en visite aux Etats-Unis. Et pour la presse allemande leur présence simultanée sur le sol américain ne s'explique pas seulement par les hasards du calendrier. La Tageszeitung de Berlin est en tout cas
convaincue que le hasard aura bien fait les choses. Joseph Kabila, le président de la République démocratique du Congo, était en visite officielle à Washingon. Son homologue ougandais était venu donner des conférences et recevoir une décoration. Une rencontre officieuse entre les deux était prévue, note le journal avant de souligner que pour la politique africaine des Etats-Unis un rapprochement entre l'Ouganda et le Congo est essentiel. L'Ouganda est un partenaire important des Etats-Unis, entre autres parce qu'il soutient la rébellion au Soudan, où un processus de paix encouragé par Washington approche de son heureux dénouement. Les Etats-Unis, souligne le journal, sont également très engagés au Congo. William Swing, le responsable de la mission de l'ONU en RDC, est le seul Américain à diriger une mission de l'ONU dans le monde. Economiquement, poursuit la Tageszeitung, un Congo pacifié est aussi intéressant pour les Etats-Unis. Dès la mi-avril, avant même la mise en place du gouvernement d'union nationale en juillet à Kinshasa, des firmes américaines ont décroché de juteux contrats au Congo. Le groupe de BTP « Louis Berger International » construira des routes pour 12
milliards de dollars - l'argent étant fourni au Congo par l'Union européenne. Et les exportations de diamants, principale source de devises du Congo, sont allées à la firme Emaxon, propriété du diamantaire américain Chaim Leibowitz , un bailleur de fonds du parti républicain et un proche de George Bush.

A noter aussi, toujours dans la Tageszeitung, un article sur l'Union européenne et l'Afrique. Après son opération militaire de l'été dernier dans le nord-est de la République démocratique du Congo, l'Union européenne, écrit le journal, commence à faire des plans à long terme pour l'Afrique. Mais le modèle Congo ne fera pas école. Au lieu d'envoyer des brigades européennes jouer les pompiers dans les zones de crises, l'idée est de mettre sur pied une force de paix africaine permanente. La commission européenne débloquera à cet effet 250 millions d'euros, puisés dans le Fonds européen de développement.