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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron3 octobre 2003

Libéria - Nigéria

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Nous commençons par le Libéria, où la force de paix de l'ONU, la MINUL, est entrée officiellement en fonction mercredi dernier. Les soldats ouest-africains passent sous le commandement des Nations unies, titre la Frankfurter Rundschau, qui note que les casques bleus venus du Nigéria, de Guinée Bissau, du Sénégal, du Mali et du Ghana sont bien équipés et occupent déjà plusieurs points de contrôle dans des villes comme Monrovia, Buchanan, Kakata et Totota. Pour nombre d'observateurs, souligne aussi le journal, il reviendra à l'énergique émissaire spécial de l'ONU pour le Libéria, à savoir le général à la retraite de l'US Air Force Jacques Paul Klein, de jouer le rôle de président secret du Libéria. Il est déjà en train de faire aménager son quartier général dans la splendide villa occupée autrefois par l'ambassade d'Allemagne. Au total, relève la Frankfurter Allgemeine Zeitung, ce sont 15 000 hommes qui seront déployés au Libéria pour mettre fin aux combats et rétablir l'ordre dans ce pays martyr. Beaucoup de Libériens auraient souhaité un débarquement de troupes américaines Mais deux des trois navires de guerre qui patrouillaient au large de Monrovia avec 2 500 hommes à bord, ont fait demi-tour. Le troisième suivra. Les Américains sont actuellement trop empêtrés dans le bourbier irakien et ont trop de choses à faire ailleurs pour ne pas s'empresser de quitter cette côte africaine inhospitalière. De l'Ecomil à la Minul, des tenues camouflées aux casques bleus - le changement de nom et de couleur, lit-on dans la Tageszeitung de Berlin, illustre l'ampleur des problèmes des Nations unies. Sous l'égide de son secrétaire général Kofi Annan, un Africain de l'ouest, l'ONU a fait de l'Afrique de l'ouest sa principale zone d'intervention militaire. Mais cela laisse le reste du monde indifférent. En Sierra Leone la Grande-Bretagne a préféré, il y a trois ans, intervenir séparément pour sauver la mission de l'ONU plutôt que de se joindre à elle. Au Libéria, aucun pays non-africain à l'exception du Bangladesh n'est prêt pour l'instant à envoyer des soldats. Le Libéria, champion du monde des pavillons de complaisance dans le trafic maritime, sera aussi le champion du monde des forces de paix bon marché.

Les verdicts des tribunaux islamiques, dans le nord du Nigéria, ont fait couler beaucoup d'encre ces derniers temps dans la presse occidentale. Les journaux allemands par exemple ont eux aussi largement commenté le récent acquittement de la jeune Amina Lawal, qui a finalement échappé à la lapidation. Mais la presse allemande nous révèle aussi que pour les médias nigérians, les centres d'intérêt sont bien différents. Comme l'écrit la Tageszeitung, deux événements se sont produits le même jour au Nigéria : l'acquittement d'Amina Lawal, une affaire qui a bouleversé l'opinion publique internationale, et la mort mystérieuse d'un homme politique nigérian très connu, Chuba Okadigbo, cette affaire n'ayant bouleversé que les Nigérians. Si l'acquittement d'Amina Lawal n'a été mentionné que dans les dernières pages des journaux nigérians, la mort d'Okadigbo pendant une manifestation à Kano a fait les grands titres. Okadigbo, précise le journal, fut le premier président du sénat après le rétablissement, il y a quatre ans, de la démocratie. A la dernière élection présidentielle, en avril, c'était le candidat de l'opposition à la vice-présidence. Des rumeurs veulent qu'il soit mort des suites d'une utilisation ciblée de gaz lacrymogènes par la police. Okadigbo, lit-on encore dans la Tageszeitung, passait pour l'un des représentants les plus puissants et les plus charismatiques du peuple igbo, dans le sud-est du Nigéria. Quant aux verdicts prononcés au Nigéria au nom de la sharia, poursuit notre confrère, ils émeuvent certes les défenseurs des droits de l'homme dans le monde entier. Mais au Nigéria ils sont avant tout perçus sous un angle politique. Les élites musulmanes du nord, dépossédées de leur pouvoir depuis la fin de la dictature militaire, sont généralement soupçonnées d'utiliser la sharia pour faire pression sur le gouvernement central dans le but d'obtenir à nouveau une plus grande part de fonds publics.