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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron14 décembre 2007

Nous commençons par le sommet Union-européenne/Afrique à Lisbonne qui a fait couler beaucoup d’encre dans les journaux allemands.

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Robert Mugabe et Angela MerkelImage : AP

La chancelière Angela Merkel a eu des mots très durs pour le régime de Robert Mugabe. Pour la Süddeutsche Zeitung, l’UE a été bien inspirée de ne pas faire échouer le sommet à cause du président zimbabwéen, comme le demandaient les Britanniques. Mais elle a eu aussi raison de ne pas mâcher ses mots envers le dictateur et de l’isoler. Le quotidien Die Welt se félicite lui aussi du franc-parler d’Angela Merkel à l’adresse du Zimbabwe, qui par sa politique à la fois ruineuse et inhumaine cristallise la critique internationale. Aucun despote, écrit Die Welt, n’aime entendre ce genre de propos. Mais que tous les chefs d’Etat africains continuent de défendre Mugabe est un certificat d’Indigence. La Frankfurter Rundschau relève la répartie du président sénégalais Abdoulaye Wade, déclarant que Mme Merkel était mal informée sur le Zimbabwe. Le ton est nouveau, souligne le journal, qui a vu à Lisbonne une Afrique sûre d’elle et décomplexée. C’est que l’Afrique a aujourd’hui de nombreux partenaires. Elle n’a donc plus à miser sur l’aide européenne ni à se fier aux promesses, si souvent rompues, des Européens. C’est aussi la raison pour laquelle beaucoup de gouvernements africains refusent de signer les accords de partenariat économique avec l’UE. Et Les Européens, ajoute la Frankfurter Rundschau, ont compris à présent qu’ils devront faire ici des concessions aux Africains.

Un autre événement a fait couler non seulement de l’encre, mais aussi du sang: ce sont les deux attentats de mardi dernier à Alger. On croyait le terrorisme vaincu en Algérie, écrit la Süddeutsche Zeitung. La politique de réconciliation du président Bouteflika portait ses fruits. La plupart des anciens combattants islamistes sont sortis de leurs montagnes et ont accepté l’offre d’amnistie. Mais un noyau dur est resté, note le journal. Depuis un an il s’est donné le nom de al-Qaida au Maghreb et s’il ne compte probablement pas plus de 600 hommes, il trouvera toujours de nouvelles recrues tant que les maux éternels de l’Algérie – la pauvreté, le chômage, le népotisme et la corruption – n’auront pas disparu. Pour Die Welt, le double attentat d’Alger cadre avec bien avec la stratégie de la terreur. L’attaque contre la cour suprême vise à menacer l’Etat algérien, détesté pour sa lutte contre les islamistes. L’explosion devant le bâtiment des Nations unies entend signaler la prétention des terroristes à internationaliser leur combat. Depuis un plus d’un an, poursuit Die Welt, les experts en sécurité observent qu’en Algérie, mais aussi dans les autres pays du Maghreb, de plus en plus de jeunes gens se font recruter pour la guerre en Irak. Plus encore, l’Afrique du nord toute entière, du Maroc à l’Egypte, est devenue un lieu central pour al-Qaida. La Frankfurter Rundschau fait le même constat et évoque à nouveau le sommet de Lisbonne pour souligner que le nouveau partenariat entre l’Europe et l’Afrique ne doit pas rester une coquille vide. Il importe précisément, en plus du commerce, que la coopération dans la lutte contre le terrorisme et ses causes fasse des progrès. Dans le cas de l’Algérie, cela signifie aussi de ne pas s’en tenir à une poignée de main amicale avec un régime qui piétine la démocratie et les libertés.

La presse allemande n’a pas manqué non plus de se faire l’écho de la visite en France du guide de la révolution libyenne, le colonel Kadhafi. La Frankfurter Allgemeine Zeitung présume que cette visite d’Etat en France était inclue dans le prix demandé par le guide de la révolution libyenne pour la libération des infirmières bulgares. Sarkozy, poursuit le journal, n’avait sans doute pas calculé les coûts supplémentaires. D’une part la promesse faite lors de son investiture devient de moins en moins crédible. Il avait promis, rappelle le journal, que le respect des droits de l’homme serait à l’avenir un des critères de la politique étrangère française. De l’autre la visite de Kadhafi a révélé une fracture au sein du gouvernement français. Bernard Kouchner, le ministre des affaires étrangères, s’est publiquement réjoui d’être à Bruxelles le soir du dîner de gala, et sa secrétaire d’Etat aux droits de l’homme n’a pas fait mystère de ce qu’elle pensait de Kadhafi. Bref, conclut la Frankfurter Allgemeine Zeitung, la nouvelle politique étrangère française se révèle être de plus en plus un bluff médiatique.

Enfin en plus bref on relève cette semaine des articles sur l’Afrique du sud avec le congrès de l’ANC, le parti au pouvoir donc. Et pour la presse allemande, il n’a fait aucun doute cette semaine que Jacob Zuma, ce populiste de gauche comme l’appelle le Spiegel, serait élu à la présidence du parti. L’Afrique du sud, qui est de loin la principale puissance économique en Afrique, écrit le Spiegel, dérive de plus en plus à gauche. Et bien que Jacob Zuma ait promis de poursuivre la politique économique libérale de Thabo Mbeki, le spectre du communisme hante le pays. L‘Afrique du sud est à la croisée des chemins. La Süddeutsche Zeitung relève quant à elle que Jacob Zuma a survécu aux cachots de l’apartheid comme à une foule de scandales. Enfin dans un autre registre la Frankfurter Rundschau nous apprend qu’à l’approche de Noël, de plus en plus de Danois soulagent leur mauvaise conscience par des cadeaux dits éthiques. Exemple l’achat de bons de 50 euros avec lesquels une organisation humanitaire danoise fait don de chèvres à des paysans du Malawi, ou de poules à des femmes du Burundi.