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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron11 janvier 2008

Le Kenya est resté cette semaine le principal sujet d'intérêt pour les journaux allemands.

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Aide humanitaire dans le bidonville de Kibera, à NairobiImage : picture-alliance/ dpa

Les violences dans l'ouest du pays, les tractations entre le pouvoir et l'opposition, les tentatives de médiation - depuis les élections du 27 décembre et la victoire, toujours contestée de Mwai Kibaki au scrutin présidentiel, la presse a suivi au jour le jour les événements au Kenya. La Tageszeitung rappelle qu'une heure seulement après la proclamation de la victoire de Kibaki, le bidonville de Kibera brûlait à Nairobi, et que cela brûlait partout dans le pays. Mais le peuple ne devait rien en savoir. Le ministre de l'information imposait un black-out aux télévisions kenyannes. Le Kenya, note le journal, se dévoilait une fois de plus comme Etat policier - mais cette tentative de censure était inutile. Partout dans le pays on a sorti les téléphones portables. En l'espace de quelques heures tous les Kenyans savaient ce que le gouvernement voulait leur cacher. La stabilité de la logistique électronique du Kenya s'est confirmée dans les jours suivants, ajoute la TAZ : jamais les liaisons par téléphonie mobile n'ont été rompues. La Süddeutsche Zeitung s'intéresse aux incidences économiques des violences post-électorales. Amos Kimunya, le ministre kényan des finances, chiffre les dommages causés par les troubles à un milliard de dollars, une évaluation qui n'inclut pas les destructions de bâtiments et de véhicules. Les plantations de thé, poursuit le journal, sont le secteur le plus touché. La principale région de production de thé se trouve en effet dans l'ouest du pays, là où l'escalade de la violence a été la plus vive. Pour l'instant, note le journal, il n'est donc pas certain que le Kenya puisse maintenir ses objectifs de croissance. La Banque centrale avait prévu à l'origine 7% pour 2007, et 8% pour 2008. La Frankfurter Allgemeine Zeitung fait le lien entre le Kenya et les Etats-Unis. Barack Obama, candidat aux primaires du parti démocrate pour la prochaine élection présidentielle américaine, est le fils d'un Luo du Kenya, les Luo étant l'ethnie de l'opposant Raila Odinga. Autant dire, écrit le journal, qu'après les manipulations électorales au Kenya, il ne serait pas le bienvenu chez le Kikuyu Mwai Kibaki. Depuis le début de sa campagne électorale, Barack Obama a régulièrement répété qu'il suivait de près la situation au Kenya. Et ajoute le journal, voilà que Raila Odinga a créé la surprise en déclarant qu'il était cousin avec Barack Obama.

Un autre grand sujet a été traité cette semaine par la presse allemande: c'est la reprise du procès de l'ancien président du Libéria,Charles Taylor, devant la cour spéciale pour la Sierra Leone, délocalisée à La Haye, aux Pays-Bas.

"Le seigneur des diamants du sang", "Un despote sur le banc des accusés"voilà deux des titres inspirés à la presse par ce procès qualifié d'historique par les journaux. C'est la première fois qu'un potentat africain est traduit devant un tribunal international. La Berliner Zeitung y voit aussi un élément important pour la paix en Afrique de l'ouest. Charles Ghankay Taylor, écrit le journal, passe pour l'un des plus grands criminels du 20ème siècle. Une sanglante guerre civile, rappelle le journal, a fait rage dans son pays, le Libéria, entre 1989 et 2003. Mais comme on le sait, et comme le précise le journal, il est jugé à La Haye uniquement pour ses implications dans la guerre civile en Sierra Leone. La Berliner Zeitung s'étonne par ailleurs que le tribunal lui ait accordé le statut d'indigent et lui alloue 100 000 dollars par mois pour sa défense. Taylor, souligne le journal, ne fait pas l'effet d'un indigent avec ses montres en or à chaque main. Probablement a-t-il des millions de dollars cachés quelque part à l'étranger. Mais jusqu'à présent cela n'a pu être prouvé. Dans le doute, note de son côté la Süddeutsche Zeitung, les juges se sont prononcés en faveur de la défense. Ils ont pris là une sage décision, car on ne pourra les accuser de pratiquer une justice de vainqueur. Dans le procès Taylor, il y a maintenant des défenseurs expérimentés et un procureur qui se concentre sur l'essentiel, poursuit le journal. Cela permet d'espérer un procès professionnel dans l'atmosphère objective de La Haye.

Enfin la presse allemande évoque également l'annulation, à la dernière minute, du rallye Dakar.

"Le Dakar le plus rapide de tous les temps", titre la Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung du 6 janvier. Depuis 30 ans le rallye du désert divise les esprits, mais pour ses détracteurs l'annulation de l'édition 2008 ne doit pas être un sujet de satisfaction. On peut condamner le fait que des aventuriers de luxe aient pour loisir de rouler comme des bolides pendant deux semaines à travers un continent étranger pour sonder leurs limites. Mais que des menaces terroristes émanant d'un groupe d'Al Qaida empêchent l'organisation d'un grand événement sportif est précisément une stimulation pour de potentiels émules. Pour la Süddeutsche Zeitung le sport a plié devant le terrorisme. Et les conséquences qui en découlent sont effrayantes. C'est le sport tout entier, écrit le journal, qui doit se poser la question suivante: à quoi s'en prendront la prochaine fois les ennemis de la liberté? Les joueuses de tennis feront-elles mieux, à l'avenir, de ne plus porter de jupe courte en Orient? Faudra-t-il supprimer les compétitions de beach-volley aux jeux olympiques? Voire supprimer complètement, à titre préventif, le sport féminin? Une chose est sûre, estime le journal, après l'annulation du rallye Dakar, il sera difficile d'organiser de grandes manifestations sportives en Afrique.