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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron15 février 2008

Nous commencerons ce tour d'horizon par l'Afrique australe. Des élections générales auront lieu le 29 mars au Zimbabwe.

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Un billet de 10 millions de dollars zimbabwéensImage : AP

C'est pour les journaux allemands une bonne raison de tourner à nouveau leurs regards vers un pays qui les interpelle régulièrement.

La Frankfurter Allgemeine Zeitung décrit une nouvelle fois la descente aux enfers du Zimbabwe, où le taux de chômage atteint aujourd'hui 80%, l'espérance de vie 37 ans pour les hommes et 34 ans pour les femmes. Le journal relate également la visite, cette semaine à Johannesburg en Afrique du sud, de Morgan Tsvangirai, le chef du MDC. Ou plutôt de la principale aile du MDC puisque ce parti d'opposition est aujourd'hui divisé. Pour Tsvangirai , note la Frankfurter Allgemeine, le président sud-africain Thabo Mbeki a échoué dans ses efforts de médiation au Zimbabwe. Ces derniers jours des manifestations de l'opposition ont été à nouveau brutalement dispersées par la police zimbabwéenne. Mais Tsvangirai refuse de s'allier avec l'ancien ministre des finances Simba Makoni qui se présentera comme candidat indépendant à l'élections présidentielle. Immédiatement après l'annonce de sa candidature, Makoni a été exclu de la ZANU-PF, le parti au pouvoir, souligne le journal. Pour la Frankfurter Rundschau, la candidature surprise de l'ancien ministre des finances apportera du suspense dans l'élection présidentielle du 29 mars. Après l'échec des tentatives d'union de l'opposition tout portait à croire que Robert Mugabe, au pouvoir depuis 28 ans, l'emporterait clairement même sans grande fraude électorale, écrit le journal. A présent l'issue du scrutin est totalement ouverte. Raison pour laquelle la presse aux ordres du pouvoir se déchaine contre lui. Cela dit, poursuit notre confrère, les observateurs jugent peu probable qu'il arrive un "accident" à Simba Makoni, comme à d'autres renégats du parti gouvernemental avant lui. Derrière l'ex-ministre on soupçonne la présence du très influent ancien chef des forces armées, Salomon Mujuru. Ce membre éminent de la ZANU-PF serait partisan d'en finir avec l'ère Mugabe. Mais jusqu'à présent aucun représentant important du parti gouvernemental n'a ouvertement pris parti pour Simba Makoni.

La presse se penche aussi cette semaine sur la santé des Africains. Mais c'est pour nous parler de maladies qui n'ont pas l'habitude de faire les grands titres quand il est question, justement, de l'Afrique.

Comme le note en effet l'hebdomadaire Die Zeit, quand on pense à l'Afrique on pense à des enfants sous-alimentés, avec de grands yeux et des ventres ballonnés, on pense au sida, à la tuberculose, au paludisme. On ne pense pas à l'obésité, au diabète, à l'hypertension. Or comme dans la plupart des pays en développement le nombre des obèses augmente rapidement en Afrique. Dans les villes de Gambie par exemple 35% des femmes sont obèses. Le journal s'est rendu à l'hôpital universitaire de Kampala, en Ouganda. Il nous apprend que la consultation pour les diabétiques, qui était jusqu'à présent hebdomadaire, sera à l'avenir quotidienne tant les files d'attente sont longues. Die Zeit nous relate aussi la colère et la frustration d'Agatha Nambuya, diabétologue dans cet hôpital. Les grands donateurs internationaux, les organisations humanitaires ou les agences sanitaires ne donnent de l'argent que pour trois grandes maladies: le sida, la tuberculose et le paludisme. Or lit-on plus loin, pour le diabète le taux de mortalité est dix fois plus élevé en Afrique qu'en Grande Bretagne. Autre personnage rencontré par Die Zeit à Kampala: James Sekajugo, il travaille au ministère de la santé où il mène un combat solitaire. Son objectif: apprendre surtout aux enfants à faire plus de sport et à manger mieux. Les gens, dit-il, consomment trop de sucre, les enfants boivent du coca-cola, les vieux mettent du sel dans tout, sans goûter auparavant. La plupart des Ougandais, ajoute-t-il, sont encore minces, principalement dans les campagnes. Mais si la tendance se poursuit, comme c'est déjà le cas en Inde et en Chine, l'Afrique devra bientôt se battre sur deux fronts, d'un côté contre les maladies infectieuses, de l'autre contre le diabète, les infarctus et les maladies cardio-vasculaires.

Enfin la presse allemande a également suivi cette semaine la visite en Afrique du ministre allemand des affaires étrangères.

Ghana, Togo, Burkina Faso - des trois étapes du voyage de Frank Walter Steinmeier, c'est sans nul doute le Togo qui retient le plus l'attention. Et pour cause, souligne la Frankfurter Allgemeine Zeitung: le gouvernement de Lomé ne se tenait plus de joie à l'idée qu'un ministre allemand des affaires étrangères précisément venait rompre l'isolement dans lequel le Togo a été si longtemps confiné. Le dernier haut responsable politique allemand en visite au Togo fut Franz-Josef Strauss - c'était il y a 25 ans. Le journal nous parle aussi du programme Action Afrique, un plan du ministère des affaires étrangères destiné à renforcer la coopération culturelle entre l'Allemagne et l'Afrique. Il est doté de 20 millions d'euros, et doit contribuer, entre autres, à réanimer la coopération germano-togolaise. Après que Joschka Fischer, l'ancien ministre des affaires étrangères, a fait fermer d'innombrables instituts Goethe, Frank-Walter Steinmeier en inaugure de nouveaux ou améliore les équipements de ceux qui existent, note le journal. Enfin toujours à propos des relations entre l'Allemagne et l'Afrique la Frankfurter Rundschau évoque le projet de réorganisation de l'aide publique au développement. Selon les plans du ministère allemand de la coopération, 57 pays seulement au lieu de 80 jusqu'à présent bénéficieront de l'aide allemande. En Afrique l'aide sera supprimée à des pays comme le Lesotho, le Zimbabwe et le Tchad. Mais ajoute le journal, avec 35% de l'aide bilatérale l'Afrique subsaharienne restera quand même la priorité.