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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron14 mars 2008

Les journaux ne commentent pas encore le nouvel accord signé jeudi soir à Dakar entre le Tchad et le Soudan. Mais le Tchad est quand même présent cette semaine dans la presse allemande.

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Nouvel accord de paix entre les présidents tchadien et soudanaisImage : AP

La Berliner Zeitung publie un reportage sur ce qu'elle appelle les "gendarmes du désert". Ces gendarmes ce sont les soldats de l'EUFOR, la mission européenne, qui commence à se déployer dans l'est du Tchad où elle doit assurer la sécurité des réfugiés et des déplacés. Un mois après la tentative ratée de renversement du président Déby, écrit le journal, le porte-parole de l'EUFOR Patrick Poulain juge la situation suffisamment sûre pour que des jeeps, des véhicules blindés et du matériel lourd soient acheminées de N'djamena à Abéché, à 600 km à l'est. Sur la route que doivent emprunter les soldats, les rebelles avaient foncé en sens inverse sur la capitale sans rencontrer de résistance. L'Eufor, note le journal, ne peut en aucun cas s'ingérer dans les conflits intérieurs. Mais beaucoup de Tchadiens, à commencer par les rebelles, ne croient pas à l'impartialité de l'Eufor. Surtout pas à celle du contingent français qui représente plus de la moitié de l'Eufor. Autant dire, poursuit le journal, que le terrain est chaud pour la mission européenne. Comme l'explique le major autrichien Manfred Prantl, cité dans l'article, "nous identifions tous nos véhicules avec des drapeaux de l'Union européenne et de l'Autriche". On ne veut pas être pris pour des Français. L'Autriche participe à l'Eufor à hauteur de 160 soldats. Le commandant du contingent autrichien parle d'une bonne coopération, mais reconnait également des problèmes . "Pour nous, dit-il, c'est difficile. Nous devons établir lentement des contacts et trouver des tâches que nous pouvons accomplir". Sous couvert d'anonymat, souligne le journal, d'autres sont plus clairs: la France est accusée de garder pour elle les informations importantes en termes de sécurité, l'Eufor est encore loin d'être vraiment une mission commune. Toujours à propos du Tchad, la Tageszeitung se fait l'écho de la conférence de presse donnée à Paris par l'opposant Ngarlegy Yorongar. Yorongar qui a raconté comment il avait été arrêté le 3 février par la garde présidentielle, reconnaissable, dit-il, à ses brassards jaunes. Comment il a passé ensuite 19 jours dans une prison secrète, enchainé à une chaise et sans jamais avoir été interrogé.

La presse allemande se penche également sur la lutte contre la corruption au Nigéria. Après la société Siemens, désormais privée de contrats au Nigéria pour son implication dans un scandale de corruption, une autre entreprise allemande est maintenant sur la sellette au Nigéria.

Il s'agit, lit-on dans la Süddeutsche Zeitung, de la société Julius Berger, filiale de Bilfinger Berger, le numéro deux du BTP en Allemagne. Elle est soupçonnée d'avoir versé des pots de vin au People's Democratic Party, le parti au pouvoir au Nigéria. Selon les médias nigérians, note le journal, fin novembre 2007 après l'éclatement du scandale Siemens, la firme Julius Berger a fait disparaitre du Nigéria tous ses ordinateurs portables afin de détruire des preuves. Julius Berger est l'une des plus grandes entreprises au Nigéria. Elle a construit d'innombrables bâtiments, comme le parlement, le palais présidentiel , des centrales thermiques, des aciéries. En 1996 elle a également participé, comme sous-traitant, à la construction d'une gigantesque usine de gaz liquide dans le delta du Niger. Depuis l'élection du président Umaru Yar'Adua en avril 2007, poursuit le journal, le nouveau gouvernement semble s'attaquer plus vigoureusement à la corruption. L'affaire Siemens en témoigne. Mais certains experts mettent en garde: la lutte contre la corruption ne pourrait être qu'une mascarade pour faire grimper les versements d'autres fournisseur potentiels, chinois par exemple.

Autre thème qui retient cette semaine l'intérêt de la presse allemande: la nouvelle loi sur le capital des entreprises adoptée au Zimbabwe à moins de trois semaines des élections législatives et présidentielle.

Une loi dite "d'indigénisation et d'émancipation économique des noirs". Elle stipule que 51% au moins des parts de toutes les entreprises doivent être détenues par des Zimbabwéens de souche. Cette nouvelle loi, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung, touche en premier lieu des chaines commerciales et des sociétés minières sud-africaines, mais aussi des trusts comme le groupe australien Rio Tinto et la banque britannique Barclay's. Tous devront trouver maintenant des actionnaires zimbabwéens pour pouvoir rester opérationnels. Les entreprises sud-africaines ont sollicité en vain l'intervention de leur propre gouvernement pour faire stopper cette "expropriation à froid" comme l'appelle le journal. L'Afrique du sud maintient le Zimbabwe en vie par des livraisons bon marché de carburant. La bourse de Johannesburg, qui étudie depuis quelque temps une possible coopération avec la bourse de Harare, a abandonné son projet depuis l'entrée en vigueur de la nouvelle loi. Nous n'entreprendrons rien tant qu'un gouvernement aussi bête sera au pouvoir au Zimbabwe, a déclaré le directeur de la bourse de Johannesburg. Des propos qui, souligne le journal, doivent aussi être interprétés comme une critique à l'adresse du gouvernement sud-africain. Malgré la "diplomatie discrète" pratiquée depuis des années par le président Thabo Mbeki, le gouvernement de Prétoria n'est à l'
évidence pas en mesure de protéger les investissements sud-africains dans le pays voisin.