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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron16 mai 2008

La nouvelle brouille entre le Tchad et le Soudan retient cette semaine l'intérêt des journaux allemands.

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Après l'attaque rebelle contre OmdurmanImage : AP

Le Soudan a rompu ses relations diplomatiques avec le Tchad après l'attaque menée par un groupe rebelle du Darfour contre la ville d'Omdurman. Pour les journaux allemands cette attaque marque un tournant. Les rebelles du Mouvement pour la justice et l'égalité, note la Berliner Zeitung, étaient à quinze kilomètres de Khartoum lorsque les forces de sécurité soudanaises ont commencé à tirer. Pendant que le président El Béchir parlait à la télévision pour annoncer la "victoire", à Omdurman il y avait encore des cadavres entre des épaves de véhicules incendiés. Les combats dans la ville jumelle de Khartoum auraient fait 65 morts. Jamais encore en vingt ans de guerre civile avec le Sud-Soudan, on n'avait vu de telles scènes, souligne le journal. Le conflit du Darfour s'est déroulé jusqu'à présent dans une région semi-désertique peu peuplée. Dans ce conflit qui dure depuis 2003, l'attaque contre le coeur du pouvoir marque un tournant. Pour la première fois le gouvernement est menacé dans son propre bastion. Attaque contre la forteresse des bords du Nil, titre la Süddeutsche Zeitung. Cette attaque éclair a dû être un choc pour le président Béchir et son régime. Elle aura prouvé que les rebelles ne veulent rien moins que la chute du général Béchir. Et il est improbable qu'ils aient osé une offensive aussi brutale sans alliés. Le gouvernement soudanais accuse le Tchad d'être responsable de l'attaque. Les tensions ne sont pas nouvelles entre les deux pays voisins. Ce n'est pas la première crise de ce genre, mais cette fois-ci il faudra sans doute beaucoup de temps avant de faire asseoir de nouveau les deux parties à la même table. Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, l'évidente puissance de feu des rebelles confère une qualité entièrement nouvelle au conflit avec le régime de Khartoum. La rébelllion, note le journal, affirme qu'elle aurait même pu prendre la base aérienne de Wadi Sayyedna, au nord de Khartoum. La Tageszeitung évoque quant à elle les arrestations qui ont suivi l'attaque contre Omdurman. L'agence de presse officielle soudanaise SUNA a annoncé 300 arrestations, mais le chiffre serait infiniment supérieur, écrit le journal en se référant à l'organisation de défense des droits de l'homme au Soudan, une organisation établie en Egypte et qui dénonce une vaste campagne raciste contre tous les ressortissants du Darfour installés à Khartoum.

La presse allemande continue également de s'intéresser au Zimbabwe. Dans l'attente du second tour de l'élection présidentielle, les journaux se font l'écho de la répression de l'opposition.

Mugabe contre-attaque, écrit la Frankfurter Rundschau qui souligne que Mugabe a perdu non seulement les élections mais aussi la face. Depuis, ses escadrons de la mort terrorisent plus que jamais la population. Le journal précise que selon l'Association zimbabwéenne des médecins pour les droits de l'homme, l'escalade de la violence a été dramatique depuis le début de ce mois. 40 morts ont été signalés, mais le nombre véritable de victimes est difficile à chiffrer car de vastes parties du pays sont inaccessibles aux observateurs. Les violences actuelles rappellent aux vieux Zimbabwéens l'époque de la guerre de libération, poursuit le journal. Dans les campagnes des villages entiers sont de nouveau bouclés. Leurs habitants sont contraints à des cours nocturnes "d'éducation politique". Lors de ces séances les "traitres" de l'opposition sont identifiés puis frappés, souvent pendant des heures, par des anciens combattants, des soldats ou des jeunes de la ZANU-PF. La Frankfurter Rundschau relève aussi que selon le conseiller d'une fondation allemande à Harare, la relative liberté qui a marqué le premier tour des élections a été calculée de manière infâme. Les militants de l'opposition, qui jusqu'alors opéraient en cachette dans les fiefs du parti au pouvoir, ont osé agir au grand jour. Conséquence: ces "ennemis" démasqués sont maintenant une proie facile pour le parti gouvernemental. Trois millions de Zimbabwéens, lit-on dans la Süddeutsche Zeitung, ont déjà fui vers l'Afrique du sud. Et ils sont chaque jour plus nombreux à franchir la frontière du pays voisin. Beaucoup n'ont échappé que de justesse aux milices du dictateur Mugabe. L'Afrique du sud est devenue leur dernier espoir de vivre en paix. Un espoir trompeur, poursuit le journal qui relate les attaques du week-end dernier contre des immigrés africains dans le township d'Alexandra. Le pourcentage d'étrangers en Afrique du sud est difficile à établir, beaucoup étant clandestins. Les esxperts le chiffrent entre 6 et 12% de la population totale. Ce qui est sûr, note le journal, c'est que l'Afrique du sud attire de plus en plus d'étrangers. Comparée à d'autres pays africains elle est appréciée pour sa stabilité politique et économique. La xénophobie en Afrique du sud, explique la Süddeutsche Zeitung, tient plus à des tensions sociales qu'à un racisme pur et dur. C'est principalement dans les couches défavorisées de la société que les gens se sentent menacés par les étrangers. Car ces derniers leur font de la concurrence pour les emplois et leur disputent l'espace dans les bidonvilles.