1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande.

Konstanze von Kotze20 juin 2008

Cette semaine c’est encore le Zimbabwe et son président Robert Mugabe qui dominent l’actualité

https://p.dw.com/p/ENTc
Robert MugabeImage : AP

Avec la tension qui monte de plus en plus à la veille du second tour des élections présidentielles, de nombreux quotidiens allemands reviennent sur le personnage Mugabe.

Le tyran ne veut pas lâcher le pouvoir note par exemple la Frankfurter Allgemeine Zeitung en début de semaine. Robert Mugabe a réussi à mener le Zimbabwe, l'un des pays les plus florissants d'Afrique, à sa perte. Mais le trône vacille. Le régime utilise la violence pour tenter d'assurer à Mugabe une victoire : il tente d'intimider l'opposition par des menaces de mort, d'enlèvement et d'expulsion. Mais Morgan Tsvangirai, le chef du MDC, le mouvement pour le changement démocratique, a démontré qu'il avait du courage à revendre.

Pour le journal de Francfort, le second tour du scrutin présidentiel est une honte. Et l'Afrique et le monde regardent sans rien faire. Il ne reste plus qu'à espérer que les électeurs martyrisés se séparent d'une façon ou d'une autre du vieux fantôme.


La Süddeutsche Zeitung s'indigne elle aussi du manque de courage des autres pays africains. Le dictateur asservit son peuple mais ses voisins détournent le regard. Pendant longtemps, Robert Mugabe a été considéré sur le continent africain comme un héros des guerres d'indépendance. Désormais il ne symbolise non pas le renouveau mais la destruction. Il est en train d'asservir son peuple. Et le problème, souligne le quotidien, c'est que s'il réussit, cela incitera d'autres autocrates à suivre son exemple. Seuls les Africains eux-mêmes peuvent changer cette situation.

Le journal reconnaît que le cas du Zimbabwe représente un défi difficile pour les autres pays du continent. Si ces derniers veulent vraiment s'engager en faveur des droits de l'Homme, ils doivent se séparer de leurs réflexes anticoloniaux et isoler le dictateur d'Harare, préconise la Süddeutsche. Or, pour le moment, seul le Botswana agit de la sorte. L'Afrique du Sud, en revanche, pays qui a véritablement les moyens d'influer sur Mugabe, échoue depuis des années. Son président Thabo Mbeki se dit fier de sa diplomatie silencieuse. Mais, en réalité, écrit le journal, il s'agit d'une diplomatie de la honte.

Kombo Simbabwe Morgan Tsvangirai und Robert Mugabe
Morgan Tsvangirai, leader du MDC et Robert Mugabe, président sortantImage : AP

Et l'Europe dans tout ça?, s'interroge la Süddeutsche Zeitung. Et bien l'Europe, au vu de son passé colonial, n'est pas la mieux placée selon le journal pour donner des leçons. D'autant plus que lorsqu'elle en donne - ou plus particulièrement lorsque la Grande Bretagne en donne - cela alimente les théories néocolonialistes et les scénarios de conspiration de Mugabe. Il serait plus efficace que les Européens s'activent en coulisse et gagnent des alliés en Afrique et aux Nations Unies.

Les élections du 27 juin prochain, conclu le journal, ne serviront qu'à envelopper le tyran d'un semblant de manteau démocratique. Mugabe essaiera de toutes ses forces d'arracher la victoire, comme il l'a toujours fait. Et aussi longtemps qu'il trouvera autant de sympathisants en Afrique, le pays ne pourra être sauvé.

Pour die Welt il s'agit d'une politique de terre brûlée. « Ce n'est pas autre chose qu'une guerre civile que propose Robert Mugabe, vieil autocrate entêté, accroché au pouvoir qui prend son peuple en otage». Le journal critique également l'attitude de Thabo Mbeki et note qu'une guerre et un flot de réfugiés pourraient coûter très cher à l'Afrique du sud. Un scénario catastrophe en vue de la prochaine coupe du monde de football qui aura lieu au Cap en 2010.

La Süddeutsche Zeitung a par ailleurs publié en milieu de semaine une interview de l'ancien président du Mozambique, Joachim Chissano. Selon lui, il faut laisser la place au dialogue car les changements, lorsqu'on les obtient par la pression, ne durent jamais très longtemps. A chaque fois que le Zimbabwe a été mis sous pression, la situation s'est détériorée. Les Africains et le reste du monde doivent veiller à ce que les élections se déroulent de manière équitable et pacifique. Et après le scrutin, il faut que le pays prenne un nouveau départ afin d'améliorer la situation économique. Nous devons penser au peuple, insiste Chissano. Personne ne coopère plus avec le Zimbabwe. Les Européens et les Américains sont bien trop occupés par Mugabe. « Pour moi, l'important ça n'est pas que Mugabe démissionne, c'est qu'il y ait un nouveau départ » déclare l'ancien chef d'Etat.


Beaucoup de quotidiens ont également suivi l'avancée des rebelles au Tchad. La Frankfurter Allgemeine Zeitung notamment rapportait mardi les propos du président Idriss Déby à propos de l'Eufor, la force opérationnelle européenne présente au Tchad et en République centrafricaine. « Nous avons accueilli l'Eufor à bras ouverts et nous devons désormais constater qu'à la première occasion elle coopère avec les assaillants ».

Treffen der Präsidenten Thabo Mbeki und Robert Mugabe
Robert Mugabe et Thabo MbekiImage : AP


« Danger de guerre grandissant entre le Tchad et le Soudan », titre quant à elle la Süddeutsche Zeitung. Le gouvernement tchadien reproche à son voisin d'avoir attaqué la ville frontalière d'Adré. Depuis quelques semaines, le risque d'un conflit entre Khartoum et N'djamena s'accroît, poursuit encore le journal, chacun des gouvernements soutenant les rebelles de l'autre pays.


En Guinée équatoriale, se déroule le procès du dernier mercenaire de l'Afrique comme l'appelle die tageszeitung qui dresse un portrait éloquent de Simon Mann, Anglais brillant qui a évolué dans les hautes sphères de la société britannique. Soupçonné de faire du trafic d'armes en Sierra Leone, au milieu des années 90, il devient rapidement une star dans le milieu vénal de l'armée. Il paraît par la suite tout désigné pour organiser, en 2004, un putsch contre Teodoro Obiang, qui règne alors depuis 29 ans en despote sur la Guinée équatoriale. Arrêté avant de pouvoir agir, il répond désormais de ses actes devant la justice de l'Etat, celui-là même qu'il a voulu renverser.

La Süddeutsche Zeitung dénonce elle le déroulement d'un procès qui n'implique que Simon Mann et où il est difficile de distinguer les faits réels des informations manipulées. L'aventurier est passible de la peine de mort mais il se pourrait qu'il s'en sorte avec une longue peine de prison.

Tschad Präsident Idriss Deby
Idriss DebyImage : AP


Ce même journal publie également un article intitulé « les limites de la vérité » ou la suspension du procès de Thomas Lubanga. Ancien chef de milice de la République démocratique du Congo, il est accusé d'avoir enrôlé des enfants soldats dans ses troupes. Son procès devait s'ouvrir devant la Cour pénale internationale le 23 juin mais les Nations Unies ont refusé de lever la confidentialité sur des pièces du dossier, ce qui a bloqué le procès et justifié sa suspension. A la lumière du cas Lubanga, la Süddeutsche Zeitung souligne la difficulté de juger les criminels de guerre de manière juste: faute de preuves, il se pourrait bien que Lubanga soit relâché.


Les journaux reviennent également sur la « directive retour » adopté mercredi par le Parlement européen. Une directive très controversée comme le reflètent les différents titres des journaux. Die tageszeitung parle de « réglementation pour les esclaves » tandis que la Süddeutsche Zeitung, plus modérée, intitule son article « un papier pour les sans-papiers »

Illegale Einwanderer in Portugal
La "directive retour" inaugure une nouvelle politique européenne d'immigrationImage : AP

Les nouvelles dispositions visent en priorité à faciliter les départs volontaires des étrangers en situation irrégulière dans l'Union. S'ils refusent, ils peuvent être placés en détention jusqu'à 18 mois avant d'être expulsés. Ils n'auront alors plus le droit d'entrer en Europe pendant 5 ans. La Süddeutsche Zeitung pense que grâce à cette nouvelle directive, la situation des sans-papiers devrait s'améliorer dans beaucoup de pays européens. Le journal fait remarquer que les critiques oublient la valeur politique de cet accord. Pour la première fois, l'Union européenne considère que la lutte contre l'immigration illégale relève vraiment de son devoir. Les dérapages qui ont lieu dans chacun des pays membres, par exemple les razzias brutales organisées par la police, pourront désormais être contrôlés et sanctionnés par la Commission et jugés devant la Cour européenne.

Die tageszeitung est, elle, plus sceptique. La nouvelle directive ne changera pas grand chose en Allemagne souligne-t-elle. Les organisations de réfugiés auraient espéré qu'elle améliore la situation actuelle. Or, non seulement ce n'est pas le cas mais sur certains points, c'est même pire qu'avant. Ainsi, des enfants ou des adolescents non accompagnés pourront désormais être expulsés. Par ailleurs, plusieurs points de la directive sont trop vagues, déplore le quotidien. En bref, on peut faire dire tout et n'importe quoi à cette nouvelle réglementation.


Enfin, pllusieurs journaux reviennent sur un rapport publié par l'organisation Data, une organisation fondée en 2002 par le chanteur du groupe irlandais U2, pour lutter contre le sida, permettre la construction d'écoles et le développement d'un commerce équitable. Die tageszeitung affirme, en s'appuyant sur ce rapport, que les pays du G8 laissent tomber les pauvres. En 2005, les huit pays les plus industrialisés du monde avaient pourtant promis 22 milliards de dollars par an pour le développement de l'Afrique. L'Allemagne aussi doit faire davantage d'efforts : l'organisation Data réclame 750 millions supplémentaires pour l'Afrique, une somme qui doit être inscrit dans le budget fédéral de 2009.

Die Welt constate elle aussi que l'Afrique attend toujours les millions de l'Allemagne. Elle note cependant que l'aide pour le continent a aussi fait des progrès depuis 2005. 26 millions d'enfants auraient ainsi été vaccinés contre toute une série de maladies mortelles.