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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron27 juin 2008

C'est toujours le Zimbabwe qui domine l'actualité africaine dans les journaux allemands.

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Second tour de l'élection présidentielle au ZimbabweImage : AP

"Campagne contre la démocratie", "triomphe du dictateur", les titres qu'inspire le Zimbabwe indiquent que dans la presse allemande le ton est encore monte d'un cran après le maintien du second tour de la présidentielle malgré la défection de l'opposant Morgan Tsvangirai. La Süddeutsche Zeitung se félicite justement de la décision de Tsvangirai, qui a préféré se retirer d'une insensée campagne électorale menée non pas à coup d'arguments politiques. mais de matraques. AInsi émet-il un signal important que le monde se doit de brandir bien haut pour démasquer le vrai Mugabe: un criminel qui n'a pas sa place dans un fauteuil présidentiel mais au banc des accusés d'une cour pénale. Mais poursuit le journal, Mugabe se considère comme un chef d'Etat par la grâce de Dieu. Que lui importe qu'ici bas sur terre il y ait des électeurs. Mugabe se bat et triomphe à sa façon. Les protestations de l'étranger n'y changeront rien. La réside toute la frustration , souligne la Süddeutsche Zeitung. Le cauchemar continue, titre la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Dans l'immédiat rien ne changera au Zimbabwe. Mugabe se moque de la misère de son peuple. Le taux d'inflation atteint peut-être maintenant un million, peut-être même deux millions. Personne n'est en mesure de le dire exactement, car les produits nécessaires au calcul de la hausse des prix n'existent plus depuis longtemps. Toujours dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung, mais dans une autre édition, le secrétaire d'Etat au Foreign office britannique, Lord Malloch Brown, signe un article dont il ressort que Mugabe et son régime ont le monde entier contre eux. Les dirigeants africains, lit-on également dans cette tribune libre, savent que le pouvoir de Mugabe est maintenant illégitime, et ce d'après les règles de sa propre constitution, d'après les principes électoraux de la SADC et d'après les principes de l'Union africaine. Les Africains ont honte pour le Zimbabwe. Honte ou pas, il n'y aura pourtant pas d'intervention humanitaire au Zimbabawe, estime le quotidien Die Welt. Le droit international protège les dictateurs. Corée du nord, Birmanie ou Zimbabwe - il est affligeant de voir des dictateurs ruiner leur pays, écrit Die Welt. Mais les occidentaux précisément sont terriblement désemparés face à des régimes comme celui de Robert Mugabe, qui ne prend même plus la peine de se parer d'un semblant de comportement civilisé, sa réputation étant de toute façon ruinée. La question se pose donc une fois de plus, poursuit le journal: la communauté internationale ne devrait-elle pas intervenir pour sauver un peuple martyre des griffes de son bourreau? Pour la première fois le conseil de sécurité de l'ONU a clairement condamné le Zimbabwe. Mais cela ne peut occulter que le droit international a érigé une clôture élevée autour des régimes de non-droit. Dans l'interprétation classique de la charte de l'ONU, explique Die Welt, un Etat doit d'abord rompre ou menacer de rompre la paix mondiale pour justifier une intervention militaire.

Dans le sillage de Die Welt les journaux allemands critiquent l'absence de réactions musclées de la part des occidentaux

A commencer par les Américains, qui ont certes proféré de fortes paroles. écrit la Süddeutsche Zeitung, mais qui s'abstiennent d'exercer une pression réellement douloureuse sur Harare. Les firmes américaines sont autorisées à continuer de faire des affaires au Zimbabwe. Ce ne sont pas les seules, note ce quotidien dans un éditorial. Des firmes européennes et chinoises continuent de gagner beaucoup d'argent avec le régime Mugabe. Si en vertu de sanctions ces affaires devaient s'arrêter, au moins officiellement, il serait plus difficile, pour Mugabe, de s'enrichir. L'autocrate comprendrait peut-être ce langage. De juteuses affaires avec le Zimbabwe, c'est aussi et surtout l'Afrique du sud qui en réalise, note la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Les relations commerciales entre les deux pays n'ont pas souffert de la crise, elles se sont bien plutôt améliorées - mais uniquement au profit des Sud-Africains. L'Afrique du sud livre tout ce dont le Zimbabwe a besoin.

Loin du Zimbabwe, la presse allemande s'intéresse aussi cette semaine à la préparation de l'élection présidentielle en Côte d'Ivoire. Si tout se déroule normalement, elle aura lieu le 30 novembre.

Et comme le note la Tageszeitung, elle mettra un point final au processus de paix censé ramener définitivement le pays à la normalité. Mais les acteurs internationaux s'inquiètent du succès de cette dernière étape. Les anciens commandants de la rébellion des Forces nouvelles sont les perdants du processus de paix , écrit le journal. Un réglement définitif de la crise, avec désarmement et intégration dans une nouvelle armée, les privera de leur accès aux recettes de la culture du cacao, des petites mines de diamants et de l'abattage de bois. L'argent généré par la contrebande va dans leurs poches, cela leur garantit une influence qui leur permet d'entraver à tout moment la préparation des élections. Il est en de même, poursuit le journal, pour certains personnes du camp Gbagbo, lequel avait la main sur la majeure partie des recettes d'exportation du cacao pendant la guerre. Et le journal de signaler de nombreuses arrestations, ces dernier temps, parmi les hauts cadres du secteur cacaoyer.