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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron4 juillet 2008

Après le second tour de l'élection présidentielle au Zimbabwe, puis le sommet de l'Union africaine, l'avenir de Robert Mugabe et de son pays reste le grand sujet de l'actualité africaine dans les journaux allemands.

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Investiture de Robert Mugabe le 29 juin 2008Image : AP

Mugabe s'en tire de nouveau à bon compte, titre la Tageszeitung. Le très contesté président du Zimbabwe a échappé à Charm el Cheikh à une condamnation par ses pairs africains. Politiquement l'impasse semble être totale maintenant au Zimbabwe., poursuit le journal. Mugabe se dit prêt à discuter avec l'opposition, mais pas sur un gouvernement d'union nationale. Le MDC de son côté refuse en réalité d'entamer des discussions, sauf s'il en sort un gouvernement dirigé par lui-même, ce qui est totalement irréaliste, souligne la Tageszeitung. Les résultats du sommet de Charm el Cheikh, poursuit le journal, affaiblissent l'Union africaine, mais plus encore le reste du monde. L'UE, le G8 et le secrétaire général de l'ONU ont certes refusé de reconnaitre la réélection de Mugabe, mais ils ne disposent d'aucun moyen de pression. Photo de famille avec despotes, titre de son côté l'hebdomadaire Die Zeit, qui relève que Mugabe n'est quand même pas sorti tout à fait indemne du sommet de l'Union africaine. Un membre de l'organisation a osé pour la première fois l'insurrection: le Botwsana a demandé que le Zimbabwe soit exclu de l'UA. L'initiative de ce petit pays démocratique, écrit Die Zeit, témoigne des fractures au sein de l'organisation panafricaine dans le traitement des dictatures. Le personnage le plus frappant reste évidemment l'homme à la barbe argentée, Thabo Mbeki, le président sud-africain. Il est parmi les hommes politiques les plus puissants du continent, personne n'a plus d'influence que lui sur l'évolution au Zimbabwe. Or Mbeki continue de défendre obstinément sa diplomatie dite discrète, qui a lamentablement échoué depuis 2000. Dans les colonnes du quotidien Die Welt, le député chrétien-démocrate Arnold Vaatz note que depuis dix ans le Zimbabwe est en chute libre au ralenti. Le pilote de l'avion en détresse s'appelle Robert Mugabe. Jusqu'à présent les occidentaux ont assisté impuissants au crash. Des occidentaux qui portent une part de responsabilité dans le déclin du Zimbabwe, ajoute le parlementaire et ex-défenseur des droits civiques dans l'ancienne Allemagne de l'est. Le massacre du peuple Ndebele par l'armée de Mugabe en 1982 n'a que peu inquiété l'occident. Il s'agissait pour Mugabe d'éliminer son rival Nkomo, lequel passait pour l'homme de Moscou. Le silence observé à l'époque par les occidentaux confère au dictateur d'aujourd'hui une assurance sans limite. A l'heure actuelle, souligne enfin la Süddeutsche Zeitung, les Africains et les occidentaux n'ont d'autre choix que de pousser Mugabe à négocier avec l'opposition. Que le dictateur reste associé au pouvoir est certes une insulte à la démocratie. Mais un compromis serait actuellement le seul moyen de soulager un peu le Zimbabwe.

Nous restons en Afrique australe puisque la presse allemande ne se contente pas de critiquer Thabo Mbeki. Elle évoque aussi, avec beaucoup de respect cette fois, le prochain anniversaire de Nelson Mandela.

Mandela aura 90 ans le 18 juillet prochain et, comme l'écrit la Berliner Zeitung, il n'est plus un terroriste pour les Etats-Unis. Pour le 90ème anniversaire de l'un des plus grands dirigeants politiques du monde George Bush a voulu se montrer généreux. Il a signé un décret selon lequel Nelson Mandela n'est plus à considérer comme un terroriste. Dans les années 80, rappelle le journal, le gouvernement américain avait inscrit l'ANC, le congrès national africain, sur la liste des organisations terroristes. L'inscription avait été ensuite radiée mais les membres de l'ANC continuaient de figurer sur la liste. Pour chaque voyage aux Etats-Unis Mandela avait besoin d'une autorisation spéciale du Département d'Etat américain. Le monde entier, souligne encore la Berliner Zeitung, respecte Mandela comme un homme de paix et de réconciliation. Mais aux yeux de Washington il demeurait plus important que Mandela ait organisé en 1961 la résistance armée au terrorisme racial des blancs. La Frankfurter Allgemeine Zeitung ne doute pas que Mandela portera le jour de ses 90 ans une chemise Madiba - Madiba étant le nom clanique de Mandela. La chemise est à Nelson Mandela ce que le sac à main était à Maggie Thatcher, écrit notre confrère. L'ancien président sud-africain n'apparait pratiquement jamais en public sans porter cette chemise coupée droit, boutonnée jusqu'au col et richement ornée de motifs africains. La chemise Madiba est devenue le symbole du premier chef d'Etat noir de l'Afrique du sud, et elle bat tous les records à l'exportation. La recherche de l'origine de la mode Mandela, poursuit le journal, mène dans le centre de Johannesburg. C'est ici que travaille Sonwabile Ndamase, l'homme qui a inventé la chemise la plus célèbre d'Afrique du sud. L'adresse de son entreprise ne ressemble pas aux encroits où s'écrit habituellement l'histoire de la mode. Le 65 Nugget Street est un bâtiment obscur, assez délabré. Mais grâce à son client le plus célèbre, l'ancien petit tailleur est devenu le couturier des célébrités du pays. Il habille aujourd'hui l'élite noire née après la fin de l'apartheid.

Enfin à quelques jours du sommet du G8 au Japon, la Tageszeitung craint que l'Afrique ne tombe dans l'oubli. La réunion des sept pays les plus industrialisés du monde, plus la Russie, risque de se solder par un recul sans pareil. Selon le Financial Times, explique la Tageszeitung, l'actuel projet de déclaration finale entend supprimer la promesse faite au sommet de Gleneagles en 2005, à savoir doubler d'ici à 2010 l'aide au développement de l'Afrique.