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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron12 décembre 2008

La République démocratique du Congo figure en bonne place dans les journaux allemands. Tout d'abord parce que les Nations unies ont une nouvelle fois appelé à l'envoi de troupes européennes dans l'est de la RDC.

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Soldat congolais dans le Nord-KivuImage : picture-alliance/ dpa

Pourquoi une telle demande? La Tageszeitung a posé la question à Madame Hiroute Gebreselassie, qui dirige la MONUC, la mission de l'ONU , à Goma dans le Nord-Kivu. La Monuc, explique-t-elle, doit s'acquitter de tâches qui dépassent ses forces. Compte-tenu de la poursuite des combats, nous avons besoin de plus de soldats pour protéger la population civile et les déplacés et pour distribuer l'aide humanitaire. Tant que les casques bleus supplémentaires promis par le conseil de sécurité de l'ONU ne seront pas là, une force supplémentaire peut soulager la MONUC. Cela me semble surtout important dans le contexte humanitaire. La réponse de Mme Gebreselassie aura peu de chances de convaincre la Süddeutsche Zeitung. Faut-il que la situation des Nations unies au Congo soit désespérée, écrit le journal, pour que l'ONU, contrairement à toutes ses habitudes, appelle à une intervention militaire dans l'est de ce pays déchiré. Même si les troupes internationales ont le dos au mur, cela n'a aucun sens de perdre la tête. Et le journal de poser plus loin la question suivante: où est l'Union africaine, elle qui aime tant se dresser contre l'ingérence européenne. Au lieu de coller un emplâtre européen sur les blessures de la MONUC, l'UE, l'ONU et l'UA feraient mieux de réfléchir ensemble, et au plus vite, sur la façon de s'attaquer à la racine du mal. Cela n'aidera pas directement les populations en détresse. Mais il ne leur servira à rien non plus que les Européens rétablissent le calme pendant quelques mois, et qu'ensuite tout recommence de plus belle. Sous le titre "Les assassins et nous", l'hebdomadaire Die Zeit note que l'Afrique centrale précisément est une illustration dramatique du prix à payer pour l'absence de prévention. Sans doute n'aurait-il pas fallu plus de 5 000 casques bleus supplémentaires, écrit le journal, pour empêcher le génocide au Rwanda, et donc l'extension de la catastrophe au Congo voisin avec deux guerres, deux invasions rwandaises et une guerre chronique latente. La dernière crise, souligne Die Zeit, résulte elle aussi d'une absence de vigilance internationale. Il y a plusieurs mois déjà que des experts de l'ONU et de la société civile congolaise avaient mis en garde contre le risque d'une nouvelle escalade de la violence dans l'est du Congo. Mais dans la panique semée par la faillite de la banque Lehman Brothers et la chute de Wall Street les sirènes n'étaient plus audibles. Pour la Tageszeitung ni les interventions militaires ni l'aide au développement ne peuvent résoudre des conflits comme ceux qui se déroulent en RDC, en Somalie ou en Afghanistan. Une "solution militaire" exigerait de la part des puissances intervenantes un degré de recours à la force qui serait politiquement et moralement insupportable. Quant à la politique de développement, elle sait depuis longtemps que, dans certaines conditions, l'apport de ressources extérieures peut prolonger, voire attiser un conflit. La paix, souligne le journal, vient d'en bas. La politique doit se concentrer sur la création et le renforcement de mécanismes d'intégration politique.

Sans surprise le Zimbabwe reste aussi un thème d'actualité cette semaine dans la presse allemande. Avec entre autres un article de Die Zeit dont le correspondant en Afrique du sud a rencontré Morgan Tsvangirai. L'opposant résume sa vision de la catastrophe zimbabwéenne en un mot: "zaïrisation"- le pays étant ruiné par le despote Mugabe comme l'a été le Congo, autrefois le Zaïre, par le cleptocrate Mobutu. Cela dit, lit-on sous la plume du journaliste de Die Zeit, Morgan Tsvangirai fait l'effet d'un opposant désemparé. Si l'ancien syndicaliste est proche du peuple, il manque non seulement de charisme mais aussi d'un concept mûrement réfléchi pour l'avenir de son pays malade. "Tu peux gagner des élections, tu ne gagnes pas pour autant le pouvoir", déclare Morgan Tsvangirai, et souligne le journal cela sonne presque comme de la résignation. Le candidat vedette du MDC a peut-être compris entre-temps qu'il a laissé passer sa chance en juin dernier , lorsqu'après l'élection présidentielle truquée de mars il a cédé à la terreur du régime et ne s'est pas présenté au second tour. Mugabe danse sur les tombes, titre Die Welt, sa capacité à se mettre en scène et à insulter ses victimes est intacte. L'épidémie de choléra est terminée, a déclaré le vieux dictateur à la télévision. Aussi cynique que cela puisse sembler, écrit die Welt, le choléra aura peut-être un effet que ni les fraudes électorales, ni la torture, la violence policière, la faim et le sida n'ont eu au Zimbabwe. A savoir des réactions musclées de la part des pays voisins et de la communauté internationale.

Mais, puisqu'il est question de maladies il semble qu'un espoir se dessine dans la lutte contre le paludisme. C'est ce qu'on peut lire en tout cas dans la Süddeutsche Zeitung à propos de l'expérimentation d'un nouveau vaccin contre le paludisme. Pour la première fois des tests effectués sur des enfants et des nourrissons au Kenya et en Tanzanie ont révélé une "protection importante" contre l'infection. Deux grandes études ont été menées, précise le journal, et ce qui est particulièrement intéressant, c'est que le nouveau vaccin, dénommé RTS, S/AS, peut être administré avec les autres vaccins habituels destinés aux enfants, par exemple contre la polio, la diphtérie et la coqueluche, ce qui selon les scientifiques rend son utilisation plus facile et moins coûteuse. Il faudra encore attendre trois ou quatre ans pour voir si les résultats se confirment.