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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron19 décembre 2008

La presse allemande continue de s'intéresser à la République démocratique du Congo, la situation dans l'est du pays est en effet loin de s'apaiser.

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Image : AP

L'on comprend pourquoi à la lecture du dernier rapport de la commission d'experts de l'ONU chargée de superviser les sanctions internationales contre les groupes armés du Congo. Ce rapport est évoqué par la Tageszeitung qui en retient par exemple que les FARDC, les forces armées congolaises, sont la principale source d'armes et de munitions pour les groupes armés. Que ce soit dans le cadre d'une coopération officielle entre commandants des FARDC et milices, que ce soit via la vente d'armes par des soldats affamés ou via la prise de dépôts d'armes par des rebelles hostiles au gouvernement. Les experts de l'ONU, note également le journal, critiquent sévèrement le fait que depuis l'éclatement des combats en août dernier l'armée congolaise a réquisitionné des avions civils pour les transports d'armes. Le gouvernement soudanais a livré de cette manière des armes dans l'est du Congo. En outre, toujours selon le rapport, des munitions ont été acheminées du Congo au Zimbabwe - en contrepartie peut-être de l'appui militaire supposé, fourni par le Zimbabwe. L'hebdomadaire Der Spiegel s'intéresse lui aussi à l'est du Congo mais pour une autre raison. Il s'agit des énormes quantités de gaz recélées par le lac Kivu: à savoir 65 kilomètres cubes de méthane et 256 kilomètres cubes de dioxyde de carbone. Une concentration qui rend le lac extrêmement dangereux, et ce danger, explique le Spiegel, tient à un effet dit l'effet champagne. Si un tremblement de terre, des coulées de lave provenant des volcans avoisinants ou une forte tempête agitent la surface du lac, les eaux profondes peuvent remonter. Résultat: le gaz s'échappe comme d'une bouteille de champagne que l'on ouvre après l'avoir agitée. Actuellement, note le Spiegel, le lac Kivu inspire beaucoup d'inquiétude à un scientifique comme Matthieu Yalire. Ce géo-chimiste travaille à l'observatoire des volcans à Goma et met au point des plans d'urgence pour la région du Kivu. En février dernier un tremblement de terre de force six sur l'échelle de Richter a provoqué un petit tsunami , et comme le rappelle Matthieu Yalire "nous avons alors trouvé sur les berges des poissons et des serpents morts". Mais ce qui l'inquiète le plus, c'est le risque d'éruption du volcan Nyamuragira, à 32 kilomètres seulement du lac. Si le volcan explose les gens fuieront la lave en se précipitant vers le lac, donc précisement vers l'endroit d'où le gaz s'échappera. Et le journal rappelle qu'en 1986 au Cameroun le lac Nyos avait craché un nuage de gaz qui en l'espace de quelques minutes avaient asphyxié 1 746 personnes et plus de 2 000 animaux.

Toujours en République démocratique du Congo, les forces armées congolaises, ougandaises et sud-soudanaises ont lancé conjointement une vaste offensive contre les rebelles ougandais de l'armée de résistance du seigneur. La presse allemande s'en fait l'écho.

Exemple la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui revient sur la cruauté de la LRA et de son chef Joseph Kony. Depuis 20 ans la LRA a terrorisé le nord de l'Ouganda. Mais vaincre cette rébellion s'est révélé impossible, notamment parce qu'elle avait ses sanctuaires dans le Sud-Soudan, où pour le compte du gouvernement islamique de Khartoum, et en échange de beaucoup d'argent, elle combattait les rebelles du Sud-Soudan. Après l'accord de paix de 2005 entre le Nord et le Sud-Soudan, poursuit la FAZ, la LRA est devenue superflue. Josef Kony s'est alors retiré, d'abord dans les forêts de la République Centrafricaine puis dans le nord du Congo. Le gouvernement ougandais, note de son côté la Tageszeitung, a attendu pendant des années que la direction de la LRA rende les armes. Sa patience est maintenant à bout. L'offensive militaire contre les bases de la LRA dans le nord-est du Congo met fin officiellement à un cessez-le-feu de 28 mois entre la LRA et le gouvernement ougandais. Il avait été conclu en août 2006 et était censé conduire à un accord de paix.

Et puis c'est maintenant officiel: l'Afrique du sud a depuis mardi dernier un nouveau parti politique. Des dissidents de l'ANC ont créé le Congrès du peuple.

Ce nouveau parti, le COPE en abrégé, a vu le jour à Bloemfontein et l'endroit choisi, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung, est déjà une provocation. C'est à Bloemfontein que l'ANC a été créé en 1912. Le COPE, souligne le journal, est pour le plus vieux parti politique d'Afrique une concurrence sérieuse, ne serait-ce que parce que les deux partis ne se distinguent pratiquement pas l'un de l'autre. Pour la Tageszeitung la scission de l'ancien mouvement de libération est irrévocable. On assiste à une redistribution des cartes dans la politique sud-africaine. Pour la première fois en Afrique du sud, une véritable compétition politique est enclenchée entre deux partis politiques qui, aux élections de 2009, se livreront une lutte acharnée pour s'attirer la faveur des mêmes électeurs.

En bref encore la Frankfurter Allgemeine Zeitung publie un article sur le congrès qui a réuni un millier d'africanistes à Chicago. Un congrès que l'Association américaine des études africaines avait décidé, depuis longtemps, d'organiser à Chicago, la ville natale de Barack Obama. Beaucoup d'africanistes, note le journal, attendent du futur président américain une revalorisation de leur travail. La réalité est tout autre. La crise économique touche aussi les universités américaines. Beaucoup de procédures pour l'attribution de chaires d'africanistique ont été stoppées. La recherche sur l'Afrique est victime de sévères restrictions budgétaires.