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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron6 février 2009

Le sommet de l'Union africaine réuni à Addis Abeba est le premier sujet qui cette semaine retient l'intérêt des journaux.

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Image : picture-alliance/ dpa

En fait, ce ne sont pas tant les dossiers abordés à ce 12ème sommet qui captent l'attention de la presse. C'est bien plutôt l'élection de Mouammar Kadhafi à la présidence de l'UA pour un an. Le thème dominant de cette présidence, note la Berliner Zeitung, est clair: le guide libyen veut créer les Etats Unis d'Afrique. Ce qui est moins clair en revanche c'est comment Kadhafi veut s'attaquer aux multiples conflits du continent. Nul ne sait d'ailleurs si en toile de fond de sa grande vision il se préoccupera des conflits en Somalie, au Soudan, au Congo et au Zimbabwe. Kadhafi, souligne le journal, est un virtuose de la survie politiquer. Avec les bénéfices tirés du pétrole il appuie non seulement des gouvernements mais aussi des groupes rebelles, comme au Darfur et au Tchad. Comment cet ex-terroriste repenti veut dans ces conditions plaider pour une plus grand unité africaine reste un mystère, ajoute la Berliner Zeitung. Pour la Tageszeitung, l'Union africaine est maintenant présidée par un homme qui est surtout connu pour son caractère imprévisible. C'est un problème pour l'Afrique, un continent qui a de toute urgence besoin d'une ligne directrice pour résoudre ses problèmes. L'insignifiance de l'Union africaine explique que les délégués aient malgré tout élu Kadhafi, poursuit le journal. Depuis sa création il y a sept ans en remplacement de l'Organisation de l'unité africaine, l'UA n'a atteint aucun des objectifs fixés dans sa charte: la paix et la sécurité en Afrique sont aussi lointaines que la bonne gouvernance et l'existence d'institutions démocratiques. Toute la presse bien sûr ne manque pas de relever, avec une pointe d'ironie, que Kadhafi ne s'est pas seulement présenté à Addis Abeba comme le guide de la révolution libyenne mais comme le "roi des rois traditionnels".

La crise politique qui continue à Madagascar, intéresse moins, cette semaine, la presse allemande. Mais un quotidien revient quand même sur un dossier brûlant pour la Grande Ile: c'est la locatrion de terres à l'entreprise sud-coréenne Daewoo.

Beaucoup de Malgaches, lit-on dans la Frankfurter Rundschau, sont indignés par le marché que Marc Ravalomana a concocté avec Daewoo. Fin 2008 il a garanti à l'entreprise sud-coréene les droits d'exploiter 1,3 million d'hectares, soit la moitié des terres fertiles de l'île. Daewo, qui a signé un bail pour 99 ans, veut cultiver du maïs et des palmiers à huile et envoyer les récoltes en Corée du sud. Daewo veut couvrir à partir de Madagascar la moitié des besoins sud-coréens en maïs. Or l'île est elle même tributaire des importations de riz et l'indice de la faim dans le monde la classe parmi les pays les plus touchés par le problème de la faim précisément.. Officiellement, poursuit le journal, et pour cause de violentes protestations, Daewoo n'est pas encore autorisé à mettre les terres en culture. En réalité, les travaux ont déjà commencé. Le journal en veut pour preuve les déclarations d'un expert allemand de Madagascar, Johannes Wantzen, qui lors de son dernier séjour à Madagascar a vu dans l'ouest de l'île de gros engins de terrassement servant manifestant à préparer la terre pour une agriculture industrielle.

La presse allemande s'intéresse aussi à un autre chantier en Afrique. Un chantier géologique, qui est en train de briser l'Afrique en deux.

C'est ce que nous révèle la Süddeutsche Zeitung dans sa rubrique "Science" en écrivant que le plus grand chantier de la terre se situe en Afrique de l'est, le mot "terre" étant à prendre ici au sens propre puisqu'il s'agit de forces situées au plus profond de la terre. L'Afrique de l'est, note le journal, s'ouvre comme une fermeture éclair. De l'Ethiopie au Mozambique la croute terrestre est parcourue sur 6 000 kilomètres de long par le grand rift est-africain.. Les bords de ce fossé d'effondrement s'écartent l'un de l'autre à raison d'un millimètre par an. Ce qui ouvre peu à peu la voie au magma des profondeurs de la terre. Lequel magma va exercer une pression qui, dans quelques millions d'années, aura détaché pour toujours la Corne de l'Afrique du continent..

Enfin la presse évoque les progrès réalisés dans la réduction de la fracture numérique entre l'Afrique et le reste du monde.

La Süddeutsche Zeitung prend l'exemple de l'Ouganda où en dépit de coûts encore élevés l'usage d'ordinateurs et l'utilisation d'internet ont considérablement augmenté ces dix dernières années. Le nombre de raccordements à Internet est passé de 5 000 à 30 000. Et si l'on ajoute les clients des cybercafés, ce sont 60 000 personnes qui en Ouganda surfent sur le Net. Mais les coûts restent encore trop élevés. L'achat d'un ordinateur portable, note le journal, représente pour beaucoup d'Ougandais plusieurs années de salaire. Et l'Ouganda, comme beaucoup de pays africains, ne dispose pas de câble. L'accès à internet doit se faire par satellite. L'abonnement coûte entre 80 et 300 dollars par mois selon la vitesse de débit. En août prochain, précise le journal, un câble sous-marin atteindra enfin la côte de l'Afrique de l'est, ce qui réduira les coûts. Mais la Süddeutsche Zeitung rappelle quand même que des centaines de millions d'Africains ne gagnent que quelques dollars par jour.