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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron13 mars 2009

C'est tout d'abord un sujet germano-africain qui retient cette semaine l'attention des journaux. Les neuf pirates somaliens capturés par une frégatte allemande dans le golfe d'Aden ont éte remis à la justice kényanne.

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Patrouille de la marine allemande au large de la SomalieImage : DW/Ludger Schadomsky

Ainsi donc, ce ne sont pas les pirates somaliens qui ont peur de la Bundeswehr, écrit la Süddeutsche Zeitung, mais l'inverse. Non pas tant à cause des combats en mer que de la bataille bureaucratique à mener après chaque arrestation. A Berlin pas moins de quatre ministères, de même que la justice hambougeoise, ont planché pendant une semaine sur la question suivante: que faire des prisonniers, ou plus exactememnt comment s'en débarrasser au plus vite. Cela explique, poursuit le journal, que l'Union européenne ait conclu en toute hâte un accord avec le Kenya. A l'avenir les suspects seront en règle générale confiés à la justice kényanne, ce qui en principe est plus judicieux que de les envoyer à Hambourg, à des milliers de kilomètres. Nul ne sait toutefois si le droit pénal kényan peut être appliqué, si les prisonniers seront traités correctement et combien de pirates le Kenya pourra accueillir, Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, la condamnation de pirates somaliens par des tribunaux kényans soulève bien des interrogations en termes de droit. Non seulement parce que les incupés n'ont commis aucun crime au Kénya, mais aussi parce que la justice kényanne passe pour être particulièrement lente, corrompue et inefficace. La Tageszeitung ne trouve en revanche rien à redire au transférement des pirates au Kenya. Bien sûr écrit le journal, les personnes arrêtées doivent avoir un procès indépendant, ils ont besoin de défenseurs et de traducteurs. Une telle procédure respectueuse de l'Etat de droit est par principe garantie au Kenya. C'est aussi ce que dit amnesty international. Sans doute y-a-t-il au Kenya des cas de violence policière excessive, mais souligne la TAZ, en Allemagne non plus, malheureusement, ils ne sont pas exclus.

"Les pauvres le plus durement touchés " - le titre s'étale en Une de la Tageszeitung, illustré par la photo d'une Ethiopienne occupée à la corvée d'eau. Selon la Banque Mondiale, pour la première fois depuis la fin de la seconde guerre mondiale, l'économie mondiale risque d'entrer en récession. Les pays en développement sont les plus menacés. Et nous revenons ici au Kenya puisqu'il figure parmi les quatre exemples de pays du Sud , choisis par le journal, pour illustrer les effets de la crise. En juin 2008, rappelle la TAZ, le ministre kényan des finances de l'époque, Amos Kimunya, avait présenté un budget record de 7,6 milliards d'euros. Il promettait de supprimer la TVA sur le pain, la farine de maïs et le lait. Il voulait financer des tournois de football , mais surtout accroitre le budget de l'Etat. Cent ministres et vice-ministres mangent plus d'argent que la construction de routes et la prévention sanitaires réunies. A l'époque, lit-on un peu plus loin, le déficit budgétaire était déjà de 1,27 milliard d'euros. Entre-temps les recettes ont reculé dans tous les secteurs. Les exportations de fleurs, de thé et de café ont diminué, les chiffres du tourisme ont baissé, de même que les transferts d'argent des Kényans de l'étranger. L'Etat ne peut rien faire, Il n'a pratiquement pas de réserves. Mais, souligne le journal, si la crise mondiale aggrave la crise kényanne, les responsabilités internes n'en restent pas moins énormes. Des millions ont disparu cette année dans les poches de politiciens corrompus.

Toujours à propos de cette crise qui frappe durement l'Afrique, la Tageszeitung parle dans un autre article d'un continent à vendre au plus offrant. Il est question cette fois d'une pratique qui se répand en Afrique: la location de terres à des sociétés étrangères, principalement asiatiques et arabes. Un exemple parmi d'autres, cité par le journal: dans quelques semaines le trust saoudien Hadco engrangera, sur les 10 000 hectares de terres qu'il a loués au Soudan, sa première récolte de légumes, de blé et de fourrage, le tout destiné à couvrir en Arabie saoudite des besoins grandissants en denrées alimentaires. Sont également évoquées dans l'article la location de terres aux Sud-Coréens par le gouvernement malgache et celle, encore en projet, de terres kényannes au Qatar.

Un homme qui fait la navette entre la prison et le pouvoir - c'est en ces termes que la Berliner Zeitung qualifie le leader islamiste soudanais Hassan El Turabi, libéré de prison après deux mois de détention. Lui-même ne sait pas pourquoi il a été libéré. Sa famille avance des raisons de santé. Mais note le journal, il a assuré à ses partisans qu'il se portait bien, si bien qu'à peine libéré il a de nouveau appelé le président El Béchir à se livrer à la Cour pénale internationale. Turabi, rappelle le journal, a milité dans des groupes islamistes comme les Frères musulmans, bien qu'il se montrait plutôt modéré sur les questions religieuses. Pour cet idéologue en chef des islamistes, la charia devait être introduite en douceur, et non de force. Mais souligne le journal, une fois Turabi au pouvoir, ces douces paroles ont été suivies d'actes brutaux. En 1989, lorsqu'il a soutenu le coup d'Etat d'Omar El Béchir et est devenu l'architecte du Soudan islamiste, il a été rendu responsable d'actes de torture et d'exécutions arbitraires, d'interdictions de partis politiques et de la persécution d'opposants.