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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron/Fréjus Quenum24 avril 2009

Cette semaine le grand sujet africain aura été l'Afrique du sud avec les élections législatives du 22 avril.

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Jacob Zuma célèbre la victoire de l'ANCImage : AP

Beaucoup d'articles et de reportages ont été publiés dans les premiers jours de la semaine, avant le scrutin lui-même, et plus encore donc avant la publication des résultats officiels et définitifs. Mais pour la presse allemande la victoire de l'ANC, et par conséquent l'élection de Jacob Zuma ne faisaient aucun doute, Là s'arrêtent les certitudes, estime la Berliner Zeitung. Nul ne peut prédire à quoi ressemblera sa politique. Dans tous les cas sa personne est le symbole d'une rupture culturelle avec la direction de l'ANC. Nelson Mandela, le premier président, impressionnait par sa noblesse aristocratique. Thabo Mbeki, son successeur, était perçu par beaucoup comme un technocrate froid, mais en dépit de certaines curiosités comme son rapport avec le sida et la crise au Zimbabwe, il est resté un homme politique moderne et prévisible. Place maintenant, poursuit le journal, au gardien de chèvres Jacob Zuma, celui qui n'a jamais passé un examen scolaire, mais celui aussi qui a passé dix ans avec Nelson Mandela à Robben Island. Son charme fait succomber les habitants des bidonvilles comme les grands patrons de l'économie. Les danses zouloues de Jacob Zuma ne font pas peur à l'économie, confirme la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Les chefs d'entreprises voient en lui un pragmatique qui sait les écouter, à l'inverse de Thabo Mbeki souvent critiqué pour son arrogance. A l'étranger aussi, note le journal, le scepticisme initial à l'égard de Zuma a diminué. Sa politique économique, certes, reste imprévisible. Zuma est souvent appelé le caméléon. Il tient toujours à son auditoire le discours qu'il veut entendre. Mais selon la FAZ Jacob Zuma n'aura qu'une marge de manoeuvre très étroite pour changer la politique économique sud-africaine, entendez-par là pour virer à gauche. La Süddeutsche Zeitung titre sur l'ascension du tueur de serpents et souligne qu'avant même d'accéder à la présidence Zuma a profondément divisé la nation. Rarement un dirigeant africain n'a été aussi contesté. Contesté par exemple par le toujours très virulent Desmond Tutu, qui déclare dans la Frankfurter Rundschau que "Dieu pleure quand il voit l'Afrique du sud". Et si l'ancien archevêque du Cap renvoie au secret du vote, on peut quand même lire entre les lignes que cette fois-ci il n'a pas voté pour l'ANC. Maintenant, dit-il, il y a des alternatives intéressantes à l'ANC.

Dans l'est de la République démocratique du Congo, la signature d'un accord de paix entre le gouvernement et les rebelles du CNDP avait fait espérer un apaisement de la situation. Mais la presse allemande vient nous rappeler que les atrocités continuent.

Comme l'écrit la Tageszeitung, les espoirs de paix dans l'est de la RDC se sont brisés. Ces derniers jours les milices hutus rwandaises des FDLR ont multiplié leurs attaques dans le Nord-Kivu. Dernière atrocité en date: l'attaque du village de Luofu. Selon Caritas les miliciens ont incendié 255 maisons. Six personnes, dont cinq enfants, sont mortes brûlées vives. Selon le HCR, poursuit le journal, le nombre des déplacés de guerre dans le Nord-Kivu atteint maintenant 1,4 million de personnes - soit plus d'un quart de la population de la province, et beaucoup plus qu'en janvier, avant que les armées congolaise et rwandaise ne lancent leur opération conjointe contre les FDLR. Le 18 avril dernier, note encore le journal, les différents groupes armés du Nord-Kivu ont solennellement juré leur auto-dissolution à Goma. Mais le CNDP et les FDLR continuent d'administrer plusieurs régions de l'est du Congo. Et l'armée gouvernementale ne parvient pas à payer ses soldats, ni donc à les empêcher de piller.

Et puis une fois n'est pas coutume la presse nous livre cette semaine un article qui tranche avec l'afro-pessimisme, souvent très prononcé, des médias allemands.

L'hebdomadaire Der Spiegel relate les succès de l'opération de reboisement au Niger. Et se fait l'écho de l'enthousiasme du géographe allemand Chris Reij, qui depuis trente ans se rend plusieurs fois par an dans le Sahel. Le désert vit, écrit le Spiegel, et Chris Reij peut le prouver à l'aide de photos satellites, de chiffres et de faits. Depuis vingt ans ce sont 250 000 hectares d'arbres qui sont plantés chaque année au Niger. Au total c'est une surface grande comme celle des Pays-Bas qui est devenue verte. Un constat étonnant, souligne le journal, le Sahel étant l'incarnation de la desespérance, le symbole de misère, sécheresse, famine. Alors comment expliquer ce qui à premiere vue fait l'effet d'un miracle? Eh bien le journal nous l'explique en donnant la parole à un ancien du village de Dan Saga: au début des années 80 la pluie n'est pas tombée, beaucoup d'enfants sont morts de faim. Pour échapper à la faim beaucoup de jeunes sont allés chercher du travail au Nigéria voisin, Et c'est alors que la surprise s'est produite. En juin, au début de la saison des pluies, le mil planté dans les champs des travailleurs étrangers a beaucoup mieux poussé, car ils n'avaient pas eu le temps de couper leurs gao, le nom local de l'acacia. C'était comme une expérience impromptue, note le Spiegel. L'acacia protège le mil du vent, il fournit de l'ombre au bétail, on peut couper ses branches pour faire du feu et à la saison sèche les chèvres peuvent manger ses feuilles. Les autres paysans n'ont pas tardé à planter des acacias dans leurs champs. Et en ont vu les bienfaits en 2005. Il y a eu cette année là une nouvelle sécheresse, des milliers d'enfants ont souffert de sous alimentation, mais pas un n'est mort. Depuis l'exemple a fait école dans d'autres villages, ajoute le Spiegel.