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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron/Fréjus Quenum1 mai 2009

Cette semaine encore la presse allemande s'intéresse aux élections en Afrique du sud. La victoire annoncée de l'ANC s'est confirmée. Et Jacob Zuma sera le futur président de la République.

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Jacob ZumaImage : AP

La presse allemande n'est donc pas surprise. Mais elle souligne quand même que l'ANC a raté la majorité des deux-tiers, nécessaire pour pouvoir modifier la constitution. Le score qu'il a réalisé à ces quatrièmes élections démocratiques depuis la fin de l'apartheid, à savoir 65,9%, est en recul de 4% par rapport aux élections de 2004. Jacob Zuma, note la Süddeutsche Zeitung, suscite d'immenses espoirs chez les pauvres en Afrique du sud. Les investisseurs étrangers misent sur la continuité. Zuma a lui-même juré qu'il renoncerait à un virage à gauche. Cela dit, relève le journal, en pleine crise économique, son investiture à la présidence coûtera la coquette somme de 75 millions de rands, soit plus de six millions d'euros. 4 000 cartons d'invitation ont été envoyés en Afrique du sud et à l'étranger pour la cérémonie de prestation de serment, prévue le 9 mai. Aux yeux de la Frankfurter Allgemeine Zeitung, le grand gagnant de ces élections générales aura été l'Alliance démocratique, le parti libéral dirigé par la maire du Cap Helen Zille. Ces élections, souligne la FAZ, ont marqué un tournant. Plus encore que par le résultat de l'Alliance démocratique, 16,6%, ce tournant est l'oeuvre du COPE, le Congrès du peuple créé en décembre par des dissidents de l'ANC. Il a atteint deux objectifs: faire accepter l'idée que ne pas voter pour l'ANC n'est pas un acte de haute trahison et s'affirmer comme rassembleur de la classe moyenne, noire et blanche, qui ne veut plus entendre parler de la rhétorique de la libération. Familier du succès, l'ANC devra se faire à la probabilité de ne plus pouvoir aller au-délà des 66% de voix. Le parti risque bien plutôt de perdre massivement des voix si les promesses d'emplois nouveaux et de logements bon marché ne sont une fois de plus pas tenues. La Frankfurter Rundschau brosse un portrait d'Helen Zille, la présidente donc de l'Alliance démocratique que beaucoup de partisans de l'ANC considèrent comme l'ennemie publique numéro un. On peut lire notamment que cette arriére petite nièce du peintre berlinois Heinrich Zille a 58 ans et qu'elle appartient à une famille qui a été elle même victime du racisme. Ses parents ont dû dans leur jeunesse quittér l'Allemagne nazie faute d'avoir pu présenter un certificat de pur aryen. Enfin le Welt am Sonntag de dimanche dernier ouvre ses colonnes précisément à Helen Zille qui croit fermement que l'Afrique du sud peut devenir une démocratie, mais pas dans le style de l'ANC auquel elle reproche de faire une fixation sur la couleur de la peau.


Après l'Afrique du sud, un autre pays continue de retenir l'attention de la presse allemande, c'est la République démocratique du Congo.

Des criminels de guerre combattent des criminels de guerre. et tous restent impunis, titre la Tageszeitung à propos de la campagne de l'armée congolaise contre les rebelles hutus rwandais des FDLR, dans l'est de la RDC. Cette campagne, note le journal, est menée par l'anchen chef rebelle Bosco Ntaganda, La Cour pénale internationale a délivré contre lui un mandat d'arrêt. Officiellement l'ONU n'a pas le droit de coopérer avec lui. raison pour laquelle il faut se demander comment les Nations unies peuvent soutenir l'opération de l'armée congolaise. Ntaganda, poursuit le journal, est parmi les chefs de guerre les plus chevronnés du Congo. Il était en dernier lieu commandant militaire du CNDP, le mouvement rebelle que dirigeait Laurent Nkunda. Ntaganda a dirigé auparavant la milice hema de l'Union des patriotes congolais, dont le chef Thomas Lubanga est jugé actuellement `par la CPI à La Haye. Lubanga et Ntaganda sont accusés d'avoir enrôlé des enfants soldats. A présent, ajoute la Tageszeitung, tout le monde sait dans l'est du Congo que Ntaganda joue un rôle majeur dans l'armée congolaise. C'est lui qui en janvier dernier a poussé le CNDP à signer un accord de paix, et qui a co-organisé l'opération conjointe des armées congolaise et rwandaise contre les FDLR. Au bout du compte, souligne la TAZ les populations civiles sont prises au piège entre milices et soldats, plus personne ne sachant très bien qui est qui. La nuit des soldats se déguisent en miliciens FDLR, lesquels miliciens portent parfois des uniformes de l'armée.

Enfin la presse allemande se fait l'écho du drame humanitaire qui se déroule dans la Corne de l'Afrique, mais qui passe largement inaperçu.

Il s'agit du drame vécu par des milliers d'Ethiopiens et de Somaliens qui fuient chaque année vers le Yémen. Beaucoup d'entre eux, lit-on dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung, périssent noyés dans le Golfe d'Aden. L'année 2009 marquera à cet égard un triste record. Cette tragédie dépasse celle des clandestins qui échouent sur l'ile italienne de Lampedusa ou ailleurs au nord de la Méditerranée, mais l'opinion publique mondiale, déplore le journal, ne s'en émeut guère. La premiere vague de réfugiés somaliens date de 1991. C'était l'année où Siad Barre a été renversé. Plus récemment note le journal , le HCR a enregistré en 2008 50 000 réfugiés le long de la côte yéménite. Ceux qui survivent à l'enfer de la traversée sont voués à un quotidien difficile dans les camps du HCR.