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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron/Fréjus Quenum30 octobre 2009

Un nouveau drame de l'émigration clandestine s'est déroulé en Mediterranée. Le pire a été évité au dernier moment. Mais la presse allemande ne s'inquiète pas moins de ces tragédies à répétition.

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Une mère africaine et son enfant débarquant en EspagneImage : picture-alliance/dpa

L'Europe laisse tomber les réfugiés, titre la Tageszeitung en Une au dessus d'une photo montrant quelques-uns des 300 Africains arrivant après leur sauvetage dans un port sicilien. Ils auront échappé de peu à une catastrophe, écrit le journal, qui note qu'après plusieurs jours d'atermoiements entre Malte et l'Italie, le gouvernement italien a fini par envoyer deux patrouilleurs qui ont sauvé donc ces réfugiés. Cette fois encore, souligne le journal, il ne s'agissait pas de "criminels" comme se plait à le repéter le ministre italien de l'intérieur, c'étaient avant tout des Somaliens et des Erythréens, bref des réfugiés classiques, de pays en guerre, auxquels l'Italie ne peut refuser un droit de séjour. Mais peut-être est-ce précisément la raison pour laquelle l'Italie ne veut plus laisser entrer personne, son gouvernement sait trop bien qu'il ne pourra plus les mettre à la porte. La TAZ retient également de ce nouveau drame deux faits marquants: premièrement l'embarcation n'est pas partie de la côte libyenne près de Tripoli, les contrôles sont devenus trop serrés, le risque trop grand pour les passeurs. Le bateau a pris la mer près de Bengasi, ce qui allonge considérablement la traversée vers l'Italie. Deuxièmement les embarcations autrefois ne partaient que par mer calme, cette fois-ci la mer était déchainée, mais les passeurs à l'évidence n'y prêtent plus attention, car cela rend aussi la tâche des contrôleurs libyens plus difficile.

Ausländische Würdenträger vor dem Kongress
Ellen Johnson-SirleafImage : AP

La presse allemande nous propose aussi cette semaine une interview avec la présidente du Libéria, Ellen Johnson-Sirleaf est à 70 ans la seule femme à la tête d'un Etat africain.

La Süddeutsche Zeitung ne manque pas de le rappeler. Et pose d'abord cette question à la présidente du Libéria: vous avez dit récemment que les occidentaux insistaient trop sur la "bonne gouvernance" dans leur aide au développement. Les bailleurs de fonds devraient-ils financer des dictateurs? Ce n'est pas ce que je voulais dire, répond Ellen Johnson-Sirleaf. Mais je pense que dans les pays très pauvres il faut d'abord mettre les gens en mesure de participer à la démocratie. Pour cela ils ont besoin de routes, d'écoles, d'électricité et d'eau. Les occidentaux misent très fort sur des institutions démocratiques, Parfois les fonds promis arrivent au bout de deux ou trois ans. Pour un pays qui sort de la guerre c'est trop long. Il faut que les gens voient des progrès immédiats. Sinon ils perdent confiance dans la démocratie. Ellen Johnson Sirleaf rappelle un peu plus loin que la guerre au Libéria a tout détruit. Sans aide extérieure, souligne-t-elle, la reconstruction serait impossible. Mais il faut veiller à ce que l'argent serve vraiment à devenir autonome. Nous utilisons nos ressources naturelles de façon à être indépendants. Si tout va bien ce sera le cas dans dix ans.

Wahlen in Mosambik: Anhänger von Präsident Armando Guebuza
Meeting du Frelimo le 25 octobre 2009Image : AP

Au Mozambique les électeurs étaient appelés aux urnes mercredi dernier pour des élections générales. Les résultats définitifs et officiels seront connus dans quelques jours. Mais la victoire du Frelimo et du président sortant Guebuza est assurée. La presse allemande d'ailleurs n'en a jamais douté. En témoigne ce titre paru dès le jour des élections dans la Tageszeitung: "Le Frelimo vers une nouvelle victoire électorale". Le Frelimo, rappelle le journal, gouverne l'ancienne colonie portugaise depuis son indépendance en 1975. Depuis la conclusion en 1992 de l'accord de paix entre le Frelimo et la rébellion de la Renamo, le pays a connu une croissance économique de 8% par an. L'homme d'affaires et millionnaire Guebuza, qui a succédé en 2004 à Joaquim Chissano, a poursuivi la même politique économique: il a renforcé la reconstruction en particulier celle des infrastructures détruites par la guerre, comme les routes, les ponts, mais aussi les écoles et les hôpitaux. Ces bons résultats économiques expliquent, selon le journal, la victoire du Frelimo, mais la crise économique et financière mondiale ralentit la croissance. Le futur gouvernement, souligne la TAZ, devra redistribuer encore plus fortement les revenus économiques dans le développement social et dans les régions pauvres du nord du pays, Le Mozambique est encore parmi les pays les plus pauvres d'Afrique. 90% de la population vivent à la limite de la pauvreté.

Omar Hassan Ahmad al-Bashir Präsident Sudan Internationalen Strafgerichtshof Logo
Le président Omar El-BéchirImage : picture-alliance/dpa/Montage DW

Enfin la nouvelle stratégie esquissée par Barack Obama vis-à-vis du Soudan trouve un écho cette semaine dans la presse allemande

La Frankfurter Rundschau publie une libre opinion signée Avi Primor. Avi Primor a été ambassadeur d'Israel en Allemagne et dirige actuellement un centre d'études européennes dans une université privée israélienne. Barack Obama, lit-on sous sa plume, veut négocier avec le Soudan. Mais Omar el Béchir n'est comparable à aucun autre chef d'Etat avec lequel le président américain mène ou veut mener un dialogue. Qu'attend Obama de discussions avec un tel criminel? L'oppression des Africains noirs au Soudan par les Arabes du nord est de tradition, souligne Avi Primor. La discrimination raciste des Africains noirs dans le monde arabe est largement répandue. La solution du problème du Darfour implique deux démarches. D'une part il faut amener les amis arabes de Washington à faire pression sur le Soudan. Sans le monde arabe, qui en réalité le soutient, Omar el Béchir n'aurait aucune chance d'échapper à la Cour pénale internationale. De l'autre il faut pousser l'Afrique noire à prendre en charge, au moins partiellement, la protection des noirs au Soudan.