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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron/Fréjus Quenum13 novembre 2009

La République démocratique du Congo figure cette semaine parmi les sujets qui captent cette semaine l'attention des journaux allemands.

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Camp de réfugiés près de GomaImage : picture-alliance / dpa

La recrudescence des violences dans l'est du pays interpelle la Tageszeitung. L'insécurité n'est pas nouvelle dans l'est du Congo, écrit le journal, mais la nouveauté est qu'il n'existe plus aujourd'hui, au Nord-Kivu, de belligérants clairement définis. Explication du journal: tous les anciens groupes armés ou presque, ont été intégrés dans l'armée congolaise. Mais cela n'a fait que transformer définitivement cette armée, déjà indisciplinée, en une bande hétéroclite d'hommes armés incontrôlables. Les anciens belligérants sont encore tous intacts, poursuit le journal, mais tous faisant partie maintenant des forces de sécurité, ils peuvent avoir recours aux moyens légaux de la violence étatique pour attiser l'insécurité et entretenir leurs structures parallèles. Ce qui ressemble à une pacification comporte tous les ingrédients d'un chaos encore plus grand. Les massacres et les exactions prennent de nouvelles dimensions. A l'autre bout du pays, note également le journal, dans la province de l'Equateur, d'autres foyers de troubles sont en train de naître. 16 000 personnes ont fui la localité de Dongo aprés qu'un groupe armé de jeunes a tué fin octobre 47 policiers. Officiellement l'affaire est présentée comme une dispute pour des droits de pêche. Mais parmi les insurgés se trouvaient des combattants démobilisés de l'opposant Jean-Pierre Bemba, actuellement emprisonné à La Haye. Jean-Pierre Bemba qui est lui-même originaire de l'Equateur. Le Congo, il le connaissait bien. James Kazini, le chef de l'armée ougandaise, lit-on également dans la Tageszeitung, avait commandé de 1998 à 2002 les troupes ougandaises dans le nord et l'est de la RDC. Le journal relate comment le général Kazini a été assassiné en début de semaine, à coup de barre de fer sur la nuque, par l'une de ses maitresses.

Flash-Galerie Wen Jiabao China-Afrika-Forum (FOCAC)
Forum Chine-Afrique à Charm-el-CheikhImage : AP

L'appétit de la Chine pour l'Afrique ne faiblit pas. Le forum Chine-Afrique qui a eu lieu à Charm-el-Cheikh en Egypte, en a été l'illustration et la presse allemande ne manque pas de le relever.Comme le remarque le Tagesspiegel de Berlin, aucune autre évolution n'a autant imprimé sa marque à l'Afrique ces dix dernières années que l'arrivée massive des Chinois. Et à en juger par les déclarations des dirigeants chinois, cette expansion va se poursuivre. Le premier ministre Wen Jiabao, note le journal, a annoncé pour les trois prochaines années l'octroi de crédits à hauteur de dix milliards de dollars. Mais l'argent sera investi principalement dans la construction d'infrastructures et des projets sociaux. A l'évidence Wen Jiabao veut couper l'herbe sous le pied de ceux qui affirment que la Chine s'intéresse avant tout aux matières premières de l'Afrique et ignore les droits de l'homme. Il est vrai, poursuit le journal, que si la Chine accentue son partenariat avec l'Afrique c'est principaleent parce que l'Afrique n'est plus seulement un important fournisseur de matières premières. Le continent est devenu un marché de plus en plus important pour les produits chinois bon marché, d'autant que les pays occidentaux, du fait de la crise économique, sont un client de moins en moins sûr.

Kriegsökonomie Blutdiamanten in Sierra Leone
Image : AP

Une matière première comme le diamant retient aussi l'intérêt de la presse allemande. Les journaux reviennent sur l'assemblée annuelle des participants au processus de Kimberley. La réunion a eu lieu récemment en Namibie. Le processus de Kimberley est un mécanisme d'autorégulation mis en place par l'industrie du diamant. Mais pour la Tageszeitung, la réunion en Namibie s'est soldée par un revers dans la lutte contre les diamants du sang. Les participants ont renoncé à prendre des sanctions contre le Zimbabwe. Or, rappelle le journal, fin 2008 l'armée zimbabwéenne avait massacré entre 100 et 200 creuseurs informels pour prendre le contrôle de la mine de diamant de Malange et donc pour pouvoir s'enrichir. Autre revers pointé par le journal: l'absence de mesures effectives contre des gouvernements impliqués dans le trafic de diamants. Cela concerne principalement les exportations illégales de diamants du nord de la Côte d'Ivoire, où d'anciens rebelles continuent à faire un trafic parallèle de matières premières, dont des diamants. Enfin le journal déplore également que, pour ne mécontenter personne, aucune critique n'ait été formulée contre la Guinée et le Liban, deux pays soupçonnés par le gouvernement américain de servir de pays de transit au commerce de diamants ouest-africains destinés au Hezbollah libanais.

Deutschland Bonn Bonner Aufruf Eine andere Entwicklungspolitik
Volker Seitz (dr.) lors d'une conférence appelant à une autre politique de développementImage : picture alliance / dpa

Enfin après la formation du nouveau gouvernement allemand, un quotidien publie l'opinion d'un ancien ambassadeur allemand en Afrique. Il appelle à un changement en profondeur de la politique de développement.

Volker Seitz, qui signe cet article dans la Süddeutsche Zeitung, a notamment été ambassadeur au Cameroun jusqu'en 2008, mais le langage qu'il emploie est tout sauf diplomatique. Il faut enfin s'attaquer au chaos dans l'industrie de l'aide, écrit-il. L'économiste ghanéen George Ayittey a calculé que depuis 1960 l'équivalent de six plans Marshall a été injecté en Afrique . "sans résultat notoire". Alors que depuis des années, "l'élite" au pouvoir se sert sans scrupule dans les ressources publiques, la vie de l'Africain, et surtout de l'Africaine de base, se joue dans la misère quotidienne de la lutte pour la survie. Les efforts de développement des innombrables donateurs, aussi bien intentionnés soient-ils, sont réduits à néant par la mentalité prédatrice de la partie corrompue de la classe dirigeante, politique et administrative. L'ancien diplomate cite, entre autres, l'exemple du président camerounais Paul Biya dont les trois semaines de vacances en France, en septembre dernier, ont coûté 900 000 euros. Le ministre allemand de la coopération, ajoute Volker Seitz, n'a plus le droit de se taire face à un tel gaspillage.