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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron24 novembre 2009

Le "seigneur de la guerre de Mannheim" pour reprendre un titre de la Süddeutsche Zeitung, fait couler beaucoup d'encre dans les journaux allemands. Cette Afropresse a été diffusée le 21 novembre.

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Ignace Murwanashyaka en 2008Image : picture-alliance/ dpa

Ce seigneur de la guerre c'est Ignace Murwanashyaka, le président des Forces démocratiques de libération du Rwanda, les FDLR. Il a été arrêté mardi dernier en Allemagne et comme l'écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung, l'un des centres de commandement de la guerre dans l'est du Congo se trouvait apparemment 4 000 km plus loin, dans un quartier de la gare de Mannheim. C'est là que vivait Ignace Murwanashyaka et il a pu s'y sentir pendant longtemps en sécurité, à l'inverse des centaines de milliers de Congolais dont la vie a été transformée en enfer par les FDLR. La FAZ, comme d'autres journaux, rappelle que Murwanashyaka est arrivé en Allemagne à la fin des années 80, qu'il a fait ici des études d'économie, qu'il a épousé une Allemande et qu'il a obtenu en 2000 l'asile politique - à la condition de ne pas avoir d'activité politique. Une condition qu'il a régulièrement enfreinte, raison pour laquelle il avait été condamné en mars dernier à une peine de prison avec sursis. Car poursuit le journal, depuis 2001 il est le président des FDLR, cette milice que l'on peut considérer comme l'héritière des Interhamwe, les milices hutu responsables du génocide rwandais. Sur place au Congo, note la Süddeutsche Zeitung, l'on dit que les FDLR ne font rien sans en avoir reçu l'ordre de leur président "Ignace". Des rapports d'enquête des Nations unies prouvent aussi que ses généraux dans l'est du Congo étaient régulièrement appelés depuis son téléphone fixe à Mannheim. A chaque fois qu'il,y avait des combats, le nombre de communications téléphoniques augmentait. Pour la Tageszeitung, avec l'arrestation de Murwanashyaka et de son adjoint Straton Musoni, la justice allemande met fin à des années d'incompétence et d'inactivité. Les erreurs de l'Allemagne ont coûté des milliers de vies humaines. Il importe à présent d'écouter les victimes, d'arrêter les génocidaires encore en fuite et de démanteler leurs réseaux de soutien européens.

Diouf / FAO / Welternährungsgipfel / Rom
Jacques Diouf, Directeur général de la FAOImage : AP

Egalement beaucoup d'articles et de commentaires sur la sommet de la FAO à Rome. L'Afrique était au centre de cette réunion sur la sécurité alimentaire. Mais alors que plus d'un milliard d'êtres humains souffrent de la faim, rien de concret n'est sorti de ce sommet, souligne le quotidien Die Welt. Le journal a interrogé un expert en alimentation, Harald von Witzke. Selon lui le moyen le plus efficace de combattre la faim est de mettre le plus vite possible des technologies productives à la disposition des petits paysans. Ils vivent bien souvent dans des régions reculées, dépourvues des conditions de base pour participer au marché, par exemple des voies de communication, des infrastructures pour le stockage et la transformation de leurs récoltes. Il faut de nouveau investir beaucoup plus dans la recherche agricole, souligne cet expert qui prône donc un accroissement de la productivité. La Tageszeitung s'intéresse elle aussi aux petits paysans, plus précisément ceux de l'Ouganda.Les petits paysans sont censés sauver l'Afrique de la faim, écrit le journal. Mais pour beaucoup de citadins en Ouganda, les produits des paysans sont trop chers. En un an par exemple le prix des tomates a doublé. Le prix du poisson, de plus en plus rare dans le Lac Victoria, a lui aussi fortement augmenté. L'Ouganda, rappelle le journal, passait dans les années 70 pour la corbeille à pain de la région. La hausse des prix a de nombreuses causes: l'urbanisation galopante, qui fait qu'en Afrique aussi la demande augmente alors que l'offre diminue, de moins en moins de gens ont leur propre potager. A quoi il faut ajouter une forte croissance démographique et des sécheresses de plus en plus fréquentes. La Frankfurter Allgemeine Zeitung note de son côté que le Malawi fait figure de modéle dans la lutte contre la faim. Alors qu'en 2005 il a été frappé par la sécheresse et devait importer un sixième de ses besoins en maïs, le Malawi est devenu entre-temps un exportateur de maïs. A cela deux explications, relève le journal: les subventions versées par l'Etat pour l'achat de semences et d'engrais, et le programme d'investissements mis en place pour la construction de routes.

Islamistische Kämpfer in Mogadischu, Somalia
Combattants islamistes à MogadiscioImage : AP

Enfin la Tageszeitung doute de la réussite du projet de l'Union européenne concernant la formation de militaires somaliens. Les soldats des forces de sécurité somaliennes seront formés en Ouganda ou à Djibouti. Ils devront combattre, er vaincre, les insurgés islamistes. Mais souligne la TAZ, une fois formés, ils pourraient passer à l'ennemi. Sans compter que la guerre civile qui dure depuis 19 ans en Somalie risque de se transformer en conflit régional. La fidélité pro-occidentale de Djibouti a entrainé une déterioration des relations déjà tendues avec le voisin érythréen.