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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

18 décembre 2009

Cette semaine, la presse allemande est largement revenue sur le sommet de Copenhague et les discussions – difficiles – sur le changement climatique mais aussi sur la situation en Guinée.

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Image : Dominik Joswig

La tageszeitung revenait dans son édition du week-end dernier sur les violences – arrestations, exécutions de soldats - qui étayent la chasse à Aboubacar Toumba Diakité, qui a reconnu avoir tiré sur Dadis Camara, le chef de la junte. La Fédération Internationale des Droits de l'Homme parle notamment d'arrestations arbitraires, de torture et d'actes de vengeance de la part de la garde présidentielle, bref de « fuite en avant ». La taz se fait l'écho des appels, adressés à la communauté internationale et à la CEDEAO, destinés à mettre fin à cette escalade de la violence et à trouver une solution diplomatique. Et le journal de rappeler que jusqu'à présent la junte et l'opposition n'ont pas trouvé de terrain de discussion à cause de la volonté persistante de Dadis, convalescent, de se présenter aux élections qu'il avait promis d'organiser en 2010. Et pour arrondir les angles, le médiateur burkinabè suggère au chef de la junte, s'il tient à se présenter personnellement, de démissionner de ses fonctions à la tête de l'Etat.
Guineas Machthaber Camara
Moussa Dadis CamaraImage : AP

Petit rappel : l'ONG Human Rights Watch a estimé cette semaine que le massacre du 28 septembre dans le stade de Conakry constituait « vraisemblablement un crime contre l'humanité ». Plus de 150 personnes ont été tuées selon les nations unies et un millier de blessés ont été recensés.

A lire également dans la taz, un article sur la population civile congolaise qui paie les pots cassés dans les affrontements entre les forces régulières des FARDC et les rebelles des FDLR. Et un autre rapport de l'ONG Human Rights Watch qui est d'avis que sans soutien logistique de la MONUC (la force des Nations Unies sur le terrain) l'armée congolaise ne serait plus en mesure de combattre.

Autre thème : la publication du rapport du Conseil de sécurité de l'ONU sur le Darfour. Un document dans lequel on apprend, comme l'écrit la Frankfurter Rundschau, qu'une petite association allemande aurait apporté son soutien à des rebelles du JEM, le Mouvement pour la Justice et l'Egalité, sous couvert d'aide aux réfugiés. Le journal explique que l'association récoltait des fonds pour trois écoles de Tine qui, en fait, n'auraient jamais existé. Le hic, c'est que deux ethnologues de l'association soutiennent le contraire et se déclarent « prêtes à le jurer devant un tribunal ». Photos à l'appui, elles expliquent que les trois établissements scolaires existent bel et bien. Le quotidien de Francfort écrit que les Nations Unies, par contre, ont refusé à trois reprises de s'exprimer sur le rapport, critiqué aussi en Allemagne, pour avoir été l'objet d'une certaine négligence.

Rapport annuel sur les conflits dans le monde

Ein schwieriges Erbe - Somalia von der Unabhängigkeit in den Krieg
Mogadichio, capitale de la SomalieImage : Bettina Rühl

L'Institut de Heidelberg de recherche internationale sur les conflits, oui. A lire dans la tageszeitung datée de mercredi, un article sur son baromètre des conflits dans le monde pour l'année 2009, avec une note relativement optimiste. Certes, comme le souligne le journal, les chercheurs ont recensé cette année 361 conflits nationaux contre 345 l'an passé, un triste record depuis l'établissement du baromètre en question, mais ils sont moins nombreux à entrer dans la catégorie « extrêmement violents ». Signalons côté africain que la Somalie s'illustre négativement, puisque ce pays de la Corne de l'Afrique fait, lui, partie des conflits les plus rudes du monde étudiés par les chercheurs allemands.

Suche nach Piraten im Indischen Ozean
A la recherche des piratesImage : picture alliance / dpa

Reportage sur la piraterie dans le Golfe d'Aden

Le reporter de la Süddeutsche Zeitung a embarqué sur l'un des 1600 navires qui empruntent chaque mois ce corridor étroit entre la péninsule arabique et l'Afrique. Parmi les membres d'équipage, le bateau compte dix Allemands, qui sont des proies courues par les pirates lorsqu'il s'agit de réclamer une rançon contre la libération d'otages. Le texte montre bien l'inquiétude des marins, même chevronnés, qui traversent cette zone à risque. Ainsi que la difficulté des autorités à capturer les pirates, malgré la présence de troupes de surveillance.

Toujours à propos de chantage, signalons un article du Financial Times Deutschland sur une formation proposée aux entreprises qui doivent envoyer des employés en Afrique… pour les préparer à une éventuelle prise d'otages. Soit huit heures de formation de choc, facturées tout de même 650 à 800 euros la journée.

Sommet de Copenhague

Poster Hopenhagen
Image : DW/ Helle Jeppesen

La Frankfurter Allgemeine Zeitung évoque par exemple le cas du Mozambique, dont les régions côtières sont déjà particulièrement touchées par le réchauffement atmosphérique, à l'instar de la station balnéaire de Vilanculos, victime de cyclones répétés. Le quotidien rapporte que la température de l'eau entre le continent et Madagascar aurait grimpé de 1,6°C entre 1960 et 2005. Un phénomène qui inquiète Rui Brito, un chercheur de l'Université de Maputo, qui pense que désormais, la capitale mozambicaine n'est plus à l'abri des catastrophes naturelles, sans compter la hausse du nombre de districts qui souffrent régulièrement de la sécheresse. Le journal écrit que les catastrophes naturelles à répétition ont des répercussions énormes sur les économies nationales. Rien que la grande crue d'il y a neuf ans au Mozambique aurait coûté environ 419 millions de dollars à l'économie du pays.

La Frankfurter Allgemeine Zeitung revenait également en début de semaine sur l'organisation chaotique du sommet, dont certains délégués claquaient la porte, alors que d'autres faisaient la queue pour rentrer.

Klimagipfel Copenhagen Proteste
Le Soudanais Lumumba Stanislaus Dia-Ping parlait au nom du G77Image : AP

Parmi ceux qui ont haussé ton, il y a des Etats africains. Et la Süddeutsche Zeitung est revenue sur les revendications des pays en développement, à Copenhague, concernant l'après 2012.

La seconde semaine de négociations a été marquée par de vives protestations des pays en développement qui ont boycotté temporairement, lundi, des groupes de travail, pour s'assurer que les engagements des pays riches iraient bien au-delà de 2012, soit la fin du protocole de Kyoto. La Süddeutsche Zeitung rappelle que plusieurs chefs d'Etat n'ont jamais fait part de leur point de vue concernant le réchauffement climatique. « Que compte faire, par exemple, le dictateur zimbabwéen Robert Mugabe contre le réchauffement de la planète ? » se demande le quotidien munichois, pour qui les positions sur le sujet restent, malheureusement, intimement liées aux intérêts géostratégiques des états.

A lire aussi, mais dans la Berliner Zeitung, un portrait du « dragon » philippin chargé de représenter le Soudan, ces deux dernières semaines, à Copenhague : Bernadita de Castro Muller, alias «Dita » ou « le dragon », donc. Une femme à la poigne de fer, redoutée par ses homologues américains et européens, comme son surnom l'indique.

Encore un mot sur les évolutions de notre planète et leurs répercussions, avec cet article de la Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui explique comment la Mer Méditerranée s'est formée. Un article très instructif qui revient, donc, sur ce bassin entre l'Europe et l'Afrique, qui s'est rempli il y a 5,3 millions d'années, et ce, en moins de deux ans d'après les récents travaux d'une équipe de chercheurs espagnols.

Note douce-amère

Flash-Galerie Schokolade
Image : AP

A l'approche des fêtes de fin d'année, Die Zeit évoque l'industrie du chocolat, un met très apprécié des Allemands, puisqu'ils en mangent en moyenne onze kilo par tête chaque année. Et les Allemands occupent la première place du classement mondial des consommateurs de cacao sous toutes ses formes. Un cacao cultivé dans des conditions difficiles, souvent dans la souffrance, parfois par des enfants, comme le précise Die Zeit. L'hebdomadaire expose la situation dans les plantations de Côte d'Ivoire, où près de 200 000 enfants, parfois enlevés au Mali ou au Burkina Faso, sont victimes de violences, manipulent des pesticides et des machettes sans protection, pendant des heures, pour des salaires de misères. Une situation qui s'explique par le marché du cacao, un marché sans pitié, dont dépendent, rien qu'en Afrique de l'ouest, 1,2 millions de familles de paysans. Parce que le cacaoyer est une plante sensible et que les récoltes entières peuvent être ruinées en un clin d'œil par des insectes indésirables, mais aussi, et surtout, parce que la concurrence est rude et que la situation sur les plantations de Côte d'Ivoire ne s'améliorera pas tant que le pays n'aura pas recouvré une certaine stabilité politique.

Auteur: Sandrine Blanchard / Redaction KvK