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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande.

8 janvier 2010

2010 sera l'année du football-roi en Afrique. Sans surprise la presse allemande s'intéresse au sujet.

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Une année de l'espoir, écrit la Süddeutsche Zeitung. Une année qui commence ce dimanche avec la Coupe d'Afrique des nations en Angola, et qui culminera à partir de juin avec la Coupe du monde en Afrique du sud. Le journal cite les propos d'Anthony Baffoe, aujourd'hui manager de l'équipe du Ghana. Pour lui la coupe du monde est l'occasion de combattre une épidémie que l'économiste en chef de la First National Bank en Afrique du sud qualifie d'afropessismisme mondial. Au delà de la lutte contre la pauvreté, de la misere et de la guerre, la principale préoccupation de l'Afrique aujourd'hui est d'être prise au sérieux. Et pour l'attaquant ivoirien Didier Drogba, également cité dans l'article, l'essentiel sera de montrer au reste du monde ce dont l'Afrique est capable. Après l'attribution de la Coupe du monde à l'Afrique du sud, poursuit notre confrère, des experts européens de tout poil n'ont pas manqué d' annoncer que jamais les Sud-Africains ne seraient en mesure d'achever à temps la construction des stades. Un discours qui pour beaucoup d'Africains transpirait le racisme. Cela fait des décennies qu'ils s'entendent dire par les Européens: de toute façon vous n'êtes pas capables d'exploiter vous mêmes votre pétrole, vos diamants et vos métaux. alors il faut bien qu'on le fasse. C'est la vieille histoire de la domination et de l'oppression, de la prospérité et de l'exploitation. La Coupe du monde en Afrique du sud, souligne Anthony Baffoe est un signal contre ces mécanismes.

Islamistische Kämpfer in Mogadischu, Somalia
Combattants islamistes à MogadiscioImage : AP

La Corne de l'Afrique, la Guinée et la République démocratique du Congo - ces trois foyers de crise n'ont rien perdu de leur acuité et continuent donc de retenir l'intérêt des journaux allemands. A commencer par laTageszeitung, qui traite les trois sujets. La Guinée décapitée ne trouve pas d'issue à la crise, titre le journal, Même si Sékouba Konaté assure l'intérim personne n'ose officiellement endosser le pouvoir tant que Dadis Camara n'est pas officiellement mort, note le journal. Diriger la Guinée n'est, il vrai, pas très attrayant: l'ONU, l'Union européenne, l'Union africaine et la CEDEAO ont décrété des sanctions contre la junte guinéenne. La commission d'enquête de l'ONU, qui a enquêté sur le massacre du 28 septembre, a parlé dans son rapport de crimes contre l'humanité pour lesquels "plusieurs généraux seraient pénalement responsables". Celui qui gouverne la Guinée, quel qu'il soit, devrait donc être prêt à arrêter des généraux, et à les livrer à la Cour pénale internationale. Le risque est mortel, Sekouba Konaté en est conscient.

Guinea Dezember 2009
Militaires guinéensImage : AP

La Corne de l'Afrique, rappelle la Tageszeitung, a été autrefois un front chaud de la guerre froide. Mengistu en Ethiopie et Siad Barré en Somalie pouvaient compter sur l'appui respectif de l'Est et de l'Ouest. Après la fin du conflit Est-Ouest, l'intérêt de l'extérieur s'est figé. En 1991, les dictatures somalienne et éthiopienne sont tombées comme des dominos. L'Erythrée et le Somaliland ont proclamé leur indépendance. En Ethiopie la mutation a réussi. Un nouveau gouvernement s'est installé. L'Erythrée a été reconnue comme Etat indépendant. En Somalie en revanche ce fut l'échec. Les rebelles n'ont pas réussi à former un gouvernement. L'indépendance du Somaliland n'a été reconnue ni par la Somalie ni par la communauté internationale. Cette constellation, poursuit le journal, à savoir une Ethiopie forte, une Somalie faible, une Erythrée indépendante et un Somaliland ignoré, plus un Yémen aux tensions irrésolues, cette constellation imprègne la région jusqu'à ce jour. Elle a réveillé aussi de vieux conflits. L'Ethiopie et la Somalie veulent s'affaiblir mutuellement, chacune appuie les sécessionistes chez l'autre.

Joseph Kabila
Le président KabilaImage : AP Photo

Plus de 100 morts dans de nouveaux combats au Congo, titre par ailleurs la Tageszeitung. Entendez par là le nord-ouest de la République démocratique du Congo où les combats, écrit le journal, se sont intensifiés entre les forces gouvernementales et des rebelles qui ont appelé à une guerre "patriotique" contre le président Kabila. Selon les agences humanitaires de l'ONU, poursuit la TAZ, la situation est dramatique. 45% de la population sont chroniquement sous-alimentés. Un quart seulement a accès à de l'eau propre. La plupart des déplacés ont tout perdu. La prostitution enfantine augmente. Des enfants-soldats ont été découverts parmi les victimes de guerre.

Umaru Musa Yar'Adua
Le président Yar'AduaImage : AP

"Les vautours sont déjà sur les toits" - ce titre de la presse nigérianne est repris par la Süddeutsche Zeitung. Le journal note que les Nigérians s'inquiètent infiniment plus de l'état de santé de leur président que du sort de leur jeune compatriote qui a failli faire sauter un avion de ligne américain à Detroit le jour de Noël. Le président Yar Adua est hospitalisé depuis un mois en Arabie saoudite, et aucune information sérieuse, souligne le journal, n'est publiée sur son état de santé. Une seule chose est sûre: la nervosité grandit dans son pays. De même que l'inquiétude dans les pays voisins. Car si la puissance régionale chancelle, c'est toute l'Afrique de l'ouest qui sera ébranlée, ajoute la Süddeutsche Zeitung.

Marie-Ange Pioerron