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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron/Edition: Fréjus Quenum12 février 2010

Il y a eu vingt ans, le 11 février, Nelson Mandela était libéré de prison après 27 années de captivité. C'est un anniversaire qui est célébré cette semaine dans les journaux allemands.

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Nelson Mandela après sa libérationImage : picture-alliance / dpa

Le Tagesspiegel de Berlin tout d'abord rappelle les premiers mots prononcés par Mandela après sa libération: " Amis, camarades, chers concitoyens, je vous salue au nom de la paix, de la démocratie et de la liberrté. Je me présente à vous non pas en prophète mais en simple serviteur du peuple." Mandela, poursuit le journal, a été rapidement confronté à la dure réalité d'un pays divisé. Si beaucoup avaient vu en lui un messie politique il s'est avéré que même Mandela ne pourrait guérir les maux de l'Afrique du sud par une imposition des mains. Il a souvent été frénétiquement applaudi, souligne notre confrère. mais rarement il a été vraiment écouté. Une nouvelle ère a commencé pour l'Afrique du sud le 11 février 1990, écrit de son côté Die Welt. Mais le combat pour de meilleures conditions de vie pour les Noirs est loin d'être terminé. Nulle part ailleurs dans le monde les disparités sociales ne sont aussi grandes. L'écart entre riches et pauvres s'est même agrandi depuis l'élection de Mandela à la présidence de la république en 1994. Personne pourtant ne veut s'imaginer une Afrique du sud sans Mandela, surtout pas en cette année de Coupe du monde de football. A 91 ans, Nelson Mandela ne fait plus que de rares apparitions en public. Et la Tageszeitung cite ces propos de son ex-épouse Winnie Madikizela-Mandela: s'il savait ce qui se passe aujourd'hui dans l'Anc, le Congrés national africain, "il accélérerait son voyage dans l'éternité." De fait, souligne le journal, l'ANC, pour lequel Mandela a passé 26 ans au bagne et pour lequel des millions de Sud-africains ont versé leur sang, est devenu méconnaissable sous la houlette du président Zuma. Il a trahi les valeurs de Mandela, et du même coup il a trahi le pays.

Nigeria Goodluck Jonathan
Goodluck JonathanImage : picture-alliance/dpa

L'autre grand sujet, dans l'actualité africaine de la semaine, c'est évidemment le Nigéria. Alors que le président Yar'adua est toujours en traitement en Arabie saoudite, le vice-président Goodluck Jonathan a été désigné président par intérim. La Tageszeitung ne peut s'empêcher de faire un jeu de mots en titrant que "Goodluck aura besoin de beaucoup de chance". La querelle juridique déclenchée par sa désignation ne sera pas pour lui l'unique épreuve politique. Goodluck Jonathan, note le journal, est le premier chef d'Etat nigérian issu d'une ethnie du delta du Niger, la région pétrolifére. Ses détracteurs lui reprochent son manque d'expérience, mais au Nigéria il peut être préférable de ne pas traîner des boulets politiques aux pieds - du moins si Jonathan parle sérieusement quand il dit vouloir unifier le Nigéria. Dans un autre article le même journal évoque l'une des déchirures du pays le plus peuplé d'Afrique en revenant sur les affontements inter-religieux de Jos. Plus de deux semaines après les massacres perpétrés dans cette ville du centre du Nigéria, chrétiens et musulmans sont pareillement désemparés, écrit le journal. Le bain de sang, qui a fait probablement plus de 550 morts et 14 000 déplacés, a tout changé. Ceux qui le peuvent encore quittent cette poudrière. Bukuru, une banlieue de Jos, n'est plus qu'un cauchemar en gris et noir. Voitures incendiées, rues bordées de squelettes de maisons. Depuis le déploiement de l'armée, qui a érigé des barrages tous les 500 mètres sur les principales artères de Jos, les combats ont cessé, mais Jos ressemble à une ville en état de siège. Les musulmans, qui sont une forte minorité à Jos, soupçonnent les chrétiens de vouloir les chasser. Les chrétiens soupçonnent les haoussa-fulani, le groupe dominant dans le nord, de vouloir étendre leur influence jusqu'au centre du Nigéria. Pour l'hebdomadaire Die Zeit, les problèmes du Nigéria, comme les violences à Jos mais aussi la corruption et l'impunité, sont décuplés par l'actuelle crise constitutionnelle. Des voix s'élèvent pour contester la légalité de la désignation de Goodluck Jonathan. La longue hospitalisation du président Yar'Adua, les manoeuvres du gouvernement pour dissimuler son véritable état de santé à l'opinion publique, mais surtout le fait qu'il n'ait pas transféré son pouvoir à son vice-président sont de sérieuses menaces, souligne Die Zeit, pour la paix et la sécurité tant au Nigéria que dans toute l'Afrique de l'ouest.

Sudan Präsident Omar el-Bashir Idris Deby
Les présidents Béchir et Déby Itno le 9 février 2010 à KhartoumImage : AP

La Frankfurter Allgemeine Zeitung s'intéresse au rapprochement entre le Tchad et le Soudan après la visite du président Déby Itno à Khartoum. Pour le journal ce rapprochement tient surtout aux prochaines échéances électorales dans les deux pays: élections générales en avril au Soudan, où Béchir part favori. Elections législatives en novembre au Tchad. Puis en 2011 référendum au Sud-Soudan alors qu'au Tchad Déby entend se faire réélire à la présidence. D'ici là il veut priver les rebelles tchadiens de leurs bases arrière au Darfour. Béchir de son côté veut isoler les rebelles du Darfour. Des négociations doivent avoir lieu dans quelques semaines à Doha entre les rebelles et des émissaires de Khartoum. Leur participation au pouvoir central est le prix demandé par les rebelles pour la signature d'un accord de paix. Mais la fin de l'appui militaire et financier du Tchad priverait les rebelles de leur force de frappe et donc de leur poids, ajoute le journal.

Angola - Alltag
Paysannes en AngolaImage : dpa

Enfin la Frankfurter Rundschau se penche sur la deuxième révolution verte en Afrique. Des experts en ont débattu récemment à Berlin dans le cadre de la Semaine verte. Et note le journal, ils s'accordent à penser que cette deuxième révolution verte doit passer par les petits paysans. Car ils produisent dans des régions rurales, la où la pauvreté est la plus grande. Le doublement des rendements, extrêmement maigres, de leurs champs est non seulement efficace mais aussi possible. Le savoir-faire est là, souligne le journal, il suffit de s'en servir.