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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

26 mars 2010

Cette semaine les journaux tournent d'abord leurs regards vers le Soudan. Des élections générales, présidentielle donc et législatives, sont prévues là-bas du 11 au 13 avril.

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Le président Omar El-Béchir veut utiliser ces élections pour consolider son pouvoir, écrit la Süddeutsche Zeitung. Au-delà des frontières soudanaises, Béchir est un gibier chassé par la Cour pénale internationale qui a délivré contre lui un mandat d'arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour. Mais poursuit le journal, le général sait que cela ne peut lui faire aucun mal tant qu'il régnera à Khartoum. S'il l'emporte le 11 avril, il pourra se vanter d'avoir été élu de façon démocratique. Le doute est pourtant permis. Il y a trop de répression et de manipulation dans le royaume de Béchir. Au Darfour ces élections seront une farce, la guerre n'est pas terminée. Au Sud-Soudan, la vie politique est dominée par l'ancien mouvement rebelle, le SPLM. Et les Soudanais du sud ont de toute façon les yeux rivés sur une autre date: janvier 2011, date du référendum par lequel ils doivent décider si le Sud-Soudan se sépare du nord pour former un Etat indépendant. Dans son édition de mardi dernier, la Tageszeitung note qu'à moins de trois semaines du scrutin, la commission électorale n'a toujours pas affiché les listes électorales. Le journal évoque aussi les menaces proférées par Omar el-Béchir contre les observateurs étrangers. S'ils s'ingèrent dans nos affaires, nous leur couperons les doigts, et les expulserons a déclaré Béchir à la télévision nationale. Béchir a besoin de ces élections pour légitimer son pouvoir, souligne la TAZ. Il semble déterminé à ne pas se laisser voler cet objectif. L'hebdomadaire Der Spiegel publie une interview avec Omar El-Béchir. Et l'interroge, entre autres, sur le mandat d'arrêt de la CPI. Des rumeurs tenaces, demande par exemple le Spiegel, veulent que vous soyez menacé par un commando spécial qui pourrait exécuter le mandat d'arrêt et vous livrer à La Haye. Réponse du président Béchir: je me sens en parfaite sécurité dans mon pays. La Cour pénale internationale m'a même rendu un service dont je n'aurais jamais osé rêver. Contrairement aux attentes, ce mandat d'arrêt a encore accru ma popularité dans mon pays.

Hafen von Lüderitz Namibia
Le port de Lüderitz en NamibieImage : picture-alliance / Bildagentur Huber

De nombreux pays d'Afrique fêtent cette année les 50 ans de leur indépendance. Mais les journaux allemands s'intéressent cette semaine à un Etat africain beaucoup plus jeune: la Namibie, qui est indépendante depuis tout juste vingt ans. Le Tagesspiegel de Berlin constate qu'après 20 ans d'indépendance la Namibie est en Afrique un Etat relativement stable. Que l'ancienne colonie allemande, souligne le journal, soit loin d'une situation à la zimbabwéenne s'explique pour une bonne part par le retrait de l'ancien président Sam Nujoma et l'élection il y a cinq ans de Hifikepunye Pohamba. Bien que peu de changements soient à noter dans l'autoritarisme de la SWAPO, au pouvoir depuis l'indépendance, la société namibienne peut dans l'ensemble respirer plus librement. A la différence de Nujoma, Pohamba n'est pas un adepte du culte de la personnalité. Il est aussi beaucoup moins lunatique que son prédecesseur et ne menace pas d'expulser la minorité allemande. Mais poursuit le journal, en tant qu'ancien ministre des affaires agraires, Pohamba est aussi responsable d'une réforme agraire menée jusqu'à présent de façon plutôt opaque. L'incertitude qui en résulte, jointe à la crise financière mondiale, explique que l'essor économique tant souhaité se fasse toujours attendre.

Nigeria Reparatur von Handys
Réparation de portables au NigériaImage : picture-alliance / dpa

Si l'Afrique est régulièrement décriée comme le continent de tous les malheurs, il y a cette semaine dans la presse allemande un article qui révèle que dans un domaine l'Afrique est en avance sur le reste du monde. Des milliards de personnes dans le monde, lit-on dans la Financial Times Deutschland, n'ont pas de compte en banque, mais elles ont un téléphone portable. Au Kenya les virements d'argent par SMS font partie du quotidien. Ce système de paiement, explique le journal, a été lancé en 2007 par Safaricom, le plus grand opérateur kényan de téléphonie mobile. Aujourd'hui 10 millions de Kényans, sur 40 millions d'habitants, disposent d'un compte mobile. Le système n'est ni plus ni moins sûr qu'avec une carte de crédit. Et souligne le journal, Safaricom a un tel succès avec cette innovation que les grandes sociétés européennes de téléphonie mobile, à commencer par Vodaphone, se pressent sur ce nouveau marché.

Boot in Timbuktu Mali
Le fleuve Niger à TombouctouImage : AP

On termine avec un article de l'hebdomadaire Die Zeit. Il est moins question ici d'innovation technologique que de la préservation de la culture africaine.

L'article nous emmène à Tombouctou, dans l'est du Mali. Tombouctou, la gardienne d'une culture écrite arabe remontant jusqu'au 13ème siècle. Au total plus de 100 000 manuscrits sur le droit musulman, la philosophie, la médecine, l'astronomie, les mathématiques. Bref la plus vieille bibliothèque au sud du Sahara, note die Zeit, qui nous présente aussi Tombouctou comme lieu de la renaissance africaine, chère à l'ancien président sud-africain Thabo Mbeki. Cette renaissance, elle est symbolisée par les nouveaux locaux de l'institut Ahmed Baba, du nom du plus célèbre philosophe de Tombouctou. 30 000 manuscrits sont conservés dans ce centre de recherche dont le financement a été assuré par l'Afrique du sud. Un cadeau de l'Afrique riche à l'Afrique pauvre, souligne die Zeit.

Auteur: Marie-Ange Pioerron
Edition: Fréjus Quenum