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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

9 avril 2010

C'est tout d'abord l'Afrique du sud, après l'assassinat d'Eugène Terreblanche, qui retient cette semaine l'attention des journaux.

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Après la mort d'Eugène TerreblancheImage : AP

Pour la Tageszeitung tout d'abord l'assassinat de cet extrêmiste de droite, chef du Mouvement de la résistance afrikaner, c'est la mort tragique d'un fasciste. Tragique parce qu'elle est un indice supplémentaire du risque d'implosion de la nation arc-en-ciel créée comme modèle de tolérance. Difficile de croire, poursuit le journal, que Jakob Zuma puisse calmer la situation, lui qui pendant sa campagne électorale allait à la pêche aux voix en chantant "donnez-moi un fusil". Le Kölner Stadt-Anzeiger parle d'un climat politique empoisonné qui se distingue de plus en plus de L'Afrique du sud de Nelson Mandela et Desmond Tutu. Die Welt rappelle, comme ses confrères, que le Mouvement de la résistance afrikaner s'est battu pour le maintien de la ségrégation raciale et qu'au début des années 90 elle avait des dizaines de milliers de partisans. Elle en revendique aujourd'hui plusieurs milliers, ce qui selon le journal est sans doute exagéré. Mais l'idéologie demeure, encouragée par l'inaction de la police et la rhétorique martiale de certains dirigeants de l'ANC. Le Tagesspiegel note qu'en moyenne deux fermiers blancs sont tués chaque semaine dans leurs fermes. Beaucoup plus qu'au Zimbabwe. Mais, souligne le journal, les rapports d'enquête indiquent que 2% seulement de ces meurtres ont des mobiles racistes ou politiques. Les conséquences pour l'Afrique du sud n'en sont pas moins catastrophiques. Depuis 1994 le nombre de fermiers commerciaux blancs est passé de 62 000 à moins de 40 000. Cela a de graves conséquences sur la production alimentaire du pays.

Symbolbild politische Spaltung im Sudan vor der Präsidentschaftswahl
Omar El-BéchirImage : DW/AP

Beaucoup d'articles aussi sur les élections au Soudan qui doivent débuter ce dimanche, mais qui seront boycottés par l'opposition.

Pour le scrutin présidentiel, lit-on dans la Süddeutsche Zeitung, le président El Béchir n'aura sans doute à affronter que le parti islamiste rival de Hassan el Turabi. Tous deux furent autrefois des compagnons de route de la révolution islamique. Ils sont devenus des ennemis acharnés. La victoire, confortable, de Béchir ne fait plus guère de doute, note plus loin le journal, même si le général rate son objectif, à savoir se parer d'une élection multipartite crédible. Cela l'aurait aidé à atténuer la pression internationale sur son régime. La Frankfurter Allgemeine Zeitung précise que l'opposition critique surtout la délimitation arbitraire des circonscriptions électorales, le nombre insuffisant de bureaux de vote, l'absence de numéros sur les bulletins de vote, imprimés de surcroit par une firme d'Etat. Le boycott des élections par l'opposition est un sérieux revers pour Béchir, qui est à la recherche d'une nouvelle légitimité. La Tageszeitung publie une interview avec le ministre de l'éducation du Sud-Soudan, Job Dhoruai Malou. Sont évoqués les progrès accomplis en matière d'éducation dans cette région dévastée par 21 ans de guerre. Le nombre d'enfants scolarisés dans le primaire est passé en deux ans de 1 million à 1,8 million. Ce qui signifie, souligne le ministre, que nous devons beaucoup improviser. Mais ajoute-il, pour la première fois nous pouvons choisir nous-mêmes ce que nos enfants apprennent à l'école. C'est aussi une question d'identité.

Ruanda Ende der Gacaca-Prozesse
Gaçaça dans la commune de Nyarugenge.Image : Simone Schlindwein

Le 7 avril, mercredi dernier donc, le Rwanda a commémoré le début du génocide de 1994. Ce 16ème anniversaire coincide avec la fin prochaine des gaçaça, ces jurictions traditionnelles remises en service pour juger certaines catégories de génocidaires présumés. C'est le thème d'un long article dans la Tageszeitung, qui écrit que les 12 000 juridictions gaçaça auront accompli le plus vaste travail juridique au monde: elles ont traité plus de 1,2 million de dossiers et ont condamné plus d'un million de coupables. Ces derniers ont dû avouer leurs crimes devant la communauté réunie et demander pardon aux familles de leurs victimes. C'était l'unique moyen d'obtenir une remise de peine et d'accomplir des travaux d'intérêt collectif au lieu de croupir dans des prisons surpeuplées. Les personnes libérées, poursuit la TAZ, sont rentrées dans leurs villages. Partout au Rwanda des survivants tutsi et des assassins hutu vivent côte-à-côte. Exemple à Nyanza, non loin de Kigali. Mais, lit-on à la fin de l'article, il existe à Nyanza un club de jeunes baptisé "Never Again" ("Plus jamais"). Et comme le dit Célestin, 25 ans, les jeunes ont tous les mêmes problèmes: "que mon père ait été assassiné en 1994 ou qu'il soit en prison, nous manquons tous d'argent pour nos livres scolaires".

Du Rwanda à la République démocratique du Congo, il n'y a qu'une frontière à franchir. C'est ce que fait le même journal, la Tageszeitung, pour évoquer la récente attaque rebelle contre la ville de Mbandaka, dans le nord-ouest de la RDC.

Et sans l'intervention rapide de la MONUC, la force de l'ONU, Mbandaka, souligne le journal, serait aujourd'hui contrôlée par les rebelles. La voie fluviale vers Kinshasa leur serait ouverte (Mbandaka est située sur le fleuve Congo). Ce qui est présenté dans les communiqués officiels comme une milice de combattants de la jungle à moitié nus, armés d'arcs et de flèches, a débarqué en uniformes dans le port de Mbandaka, avec de l'artillerie et des téléphones satellitaires. Le président Kabila, note encore la TAZ, veut un retrait rapide de la MONUC. Mais comme l'a montré l'attaque sur Mbandaka, sans les troupes de l'ONU Kabila est sans défense.

Auteur: Marie-Ange Pioerron
Edition: Fréjus Quenum