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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

21 mai 2010

Coupe du monde oblige, les journaux allemands ont les yeux rivés vers l'Afrique du sud. Mais comme souvent quand on parle football, il est d'abord question d'argent.

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Mascottes de la Coupe du monde 2010

La Frankfurter Allgemeine Zeitung évoque l'incompréhension de nombreux Sud-Africains face à l'intransigeance de la FIFA concernant les opérations de marketing non autorisées. La fédération internationale ne tolère pas que ceux qui ne sont pas des sponsors officiels utilisent la Coupe du monde pour commercialiser leurs propres produits. Des blagues circulent sur les radios, celle-ci par exemple: on n'a plus le droit d'utiliser dans la même phrase des mots comme "football", "2010" et "Afrique du sud" parce qu'il pourrait s'agir d'une publicité déguisée. Dans les journaux des commentateurs accusent le gouvernement d'avoir vendu à la FIFA le drapeau national, et peut-être pire encore, la vuvuzela, cette longue corne utilisée par les supporteurs sud-africains. La Tageszeitung parle elle aussi de la FIFA, et c'est pour noter que la fédération internationale de football a récemment reconnu qu'il y aurait moitié moins de visiteurs que prévu. On attend à présent dans les 220 000 touristes. Cette première Coupe du monde sur le continent africain, relève plus loin le journal, n'attirera aussi que 85 000 visiteurs africains. C'est en tout cas ce que prédit une société de consulting qui explique ce faible chiffre par l'échec de la vente de billets. Alors qu'en Afrique du sud la Fifa a fini par mettre en vente des billets bon marché dans le commerce, dans le reste de l'Afrique le système de réservation est resté inchangé, à savoir uniquement par internet, et en payant avec une carte de crédit. Un luxe pour la plupart des supporters, estime le journal.

Christiana Thorpe Deutscher Afrikapreis 2009
Image : DW

Cette Coupe du monde est aussi l'occasion pour la presse de se pencher sur la situation du continent tout entier. L'Afrique - le continent déchiré, titre la Rheinische Post, qui inaugure toute une série sur l'Afrique. Déchiré dans le sens où, souligne le journal, il n'y a pas une Afrique, mais des Afriques. C'est ce qui rend la compréhension si difficile. Car à côté de tous ses problèmes, à côté des conflits sanglants, du chaos politique et de la pauvreté, il y a aussi un quotidien pacifique. D'ici à 2025 note le journal, il y aura 1,4 milliard d'Africains, dont une forte majorité de jeunes. L'Afrique est de loin le continent le plus jeune. L'avenir devrait donc lui appartenir. En tout cas, poursuit le journal, il y a une lueur d'espoir. Certains Etats africains semblent prendre pied sur le terrain économique. Et surtout une partie des élites africaines voit la situation du continent d'un oeil de plus en plus réaliste, et dit des vérités qui dérangent sans sombrer pour autant dans l'afropessimisme.

Luanda Markt
Marché à LuandaImage : picture-alliance/ZB

Le dernier rapport de la Banque africaine de développement incite plutôt à l'optimisme. Du moins globalement, car comme le note la presse allemande, le tableau là aussi est contrasté. Une croissance supérieure à 4% en 2010 - les chiffres de la BAD, lit-on dans Neues Deutschland, parlent un langage clair. Pour Leonce Ndikumana, chef économiste de la BAD, cette croissance est avant tout le résultat de la richesse de l'Afrique en matières premières et de l'accroissement des investissements étrangers. Ceux de la Chine surtout. Mais poursuit le journal, ce développement atteint-il la masse de la population? On peut avoir des doutes quand on regarde vers l'Angola. Le premier producteur de pétrole en Afrique devrait connaitre cette année une croissance de 8,7%. Mais à Luanda, la ville la plus chère du monde, la majorité des cinq millions d'habitants vit dans une pauvreté absolue. La croissance démographique dans de nombreuses régions d'Afrique, relève plus loin le journal, est considérée par certains experts comme un catalyseur de croissance et de développement. Le sociologue allemand Gunnar Heinsohn y voit en revanche l'un des pires dangers. Des millions de jeunes, hommes et femmes, sont littéralement à la rue, sans perspective d'avenir. Cet excédent de jeunes renferme un énorme potentiel d'agressivité qui risque de se décharger sur le continent tout entier.

Berge von Plastikflaschen
Montagnes de bouteilles en plastique dans une banlieue de PékinImage : Ruth Kirchner

A lire également dans la presse l'histoire d'un charpentier allemand qui construit en Afrique des maisons avec des bouteilles en plastique usagées. L'idée est originale, bon marché et en plus écologique puisque cela permet de recycler des bouteilles en plastique. On en jette chaque année des milliards de par le monde, note la Süddeutsche Zeitung. Beaucoup d'entre elles atterrissent dans les fleuves et les océans où elles perturbent les éco-systèmes. Andreas Froese, c'est le nom du charpentier, a donc eu l'idée de les utiliser pour bâtir des maisons. Il en fait la démonstration par un jour pluvieux à Kampala, la capitale de l'Ouganda. Pour monter un mur, il n'a pas besoin de beaucoup de choses: des pelles, des cordes, des bouteilles vides, de la terre et de l'eau. Les bouteilles vides sont d'abord remplies de terre, une fois pleines elles sont posées les unes à côté des autres, et les espaces sont comblés avec du mortier. On monte ainsi des rangées de bouteilles les unes sur les autres. Les cols des bouteilles sont entourés de cordelettes nouées les unes aux autres, ce qui accroit la stabilité du mur, Après quoi l'on peut passer un enduit sur le mur. Andreas Froese, précise le journal, a déjà construit ce genre de maison en Inde et au Mexique. Il affirme que l'idée est bien accueillie. Mais des questions sont encore sans réponse, par exemple combien de temps ce genre de maison peut-il durer? Que faire ensuite des bouteilles. Bref, souligne le journal, des experts en bâtiment et en développement devront encore faire des examens plus pointus pour déterminer si ce type de construction est vraiment utile.

Auteur: Marie-Ange Pioerron
Edition: Fréjus Quenum