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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

4 juin 2010

L'Afrique était le continent qui tenait le plus à coeur au président allemand Horst Köhler. Il en a donné une dernière preuve à la veille même de sa démission. La presse allemande s'en fait l'écho.

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Horst Köhler au Rwanda en 2008Image : picture-alliance/ dpa

L'hebdomadaire Die Zeit relate la conférence-débat organisée dimanche dernier au château Bellevue, la résidence officielle des présidents allemands. Le thème de la conférence était un livre sur le "partenariat avec l'Afrique" créé par Horst Köhler. Le président, écrit le journal, a les traits tirés, mais il se donne à fond sur ce sujet qu'il affectionne: l'Afrique. A l'époque où il était directeur du Fonds monétaire international, il avait déjà noué de bons contacts avec des dirigeants africains. Ils appréciaient cet Allemand parce qu'il se distinguait de tous les chefs d'Etat et de gouvernement européens: il prenait l'Afrique au sérieux, il parlait aux Africains d'égal à égal. Köhler pouvait exprimer en Afrique sa vraie nature, poursuit Die Zeit: celle d'un homme imprégné d'humanisme chrétien et d'un sens aigu de la détresse de l'Afrique. Dimanche au château Bellevue, personne ne se doute que c'est la dernière prestation publique de Horst Köhler, ajoute le journal. Et de fait, 24 heures après il crée la surprise en démissionnant.

Afrika Frankreich Gipfel Nizza Flash-Galerie
Photo de famille au sommet de NiceImage : picture alliance / dpa

Les rapports avec l'Afrique, vus cette fois par un autre président, le président français - c'est le thème des articles consacrés au sommet Afrique-France organisé en début de semaine à Nice, dans le sud de la France. "Le gendarme veut faire des affaires" titre la Süddeutsche Zeitung. Après avoir déploré que l'homme africain n'était pas vraiment entré dans l'Histoire, Nicolas Sarkozy veut entrer maintenant chez les Africains. Il promet de mettre fin à la vieille relation empreinte de paternalisme entre Paris et l'élite francophone du continent. L'accent doit être mis sur l'économie. Bref, note plus loin le journal, une politique pragmatique, centrée sur des relations économiques transparentes - est-ce la nouvelle politique africaine de la France? Les défenseurs des droits de l'homme en doutent. La vieille FranceAfrique serait-elle toujours là, derrière la nouvelle rhétorique? Pas forcément estime le journal. A l'inverse de certains de ses prédécesseurs, Nicolas Sarkozy ne devrait pas accepter de diamants de la part d'un empereur assoiffé de sang ni faire de son fils le délégué spécial à de louches affaires avec l'Afrique. C'est déjà un progrès. Le Tagesspiegel de Berlin est plus sévère en parlant d'un rituel hérité du passé. Même si depuis les années 90, écrit le journal, les Etats non francophones d'Afrique participent à ces sommets, jamais ces rencontres n'ont pu se défaire des relents de la magouille post-coloniale.

Studenten der African Leadership Academy
African Leadership Academy à JohannesburgImage : DW / Gruntkowski

L'Afrique, lanterne rouge de l'économie mondiale - c'est une phrase que l'on entend souvent. Et pourtant la presse allemande se fait l'écho d'une étude qui montre que l'Afrique n'est pas tout entière à la traine. L'étude en question, lit-on dans la Süddeutsche Zeitung, a été réalisée par le Boston Consulting Group. Il en ressort qu'au cours des dix dernières années la puissance économique de l'Afrique a nettement augmenté et que des entreprises africaines sont aussi plus présentes sur la scène internationale. Les auteurs de l'étude identifient un groupe de 40 entreprises africaines en passe de rejoindre le peloton de tête mondial. Leur chiffre d'affaires annuel se situe entre 350 millions et 80 milliards de dollars - la moitié du volume global se répartissant entre cinq grands groupes seulement. La forte croissance de ces entreprises est surtout encouragée par des ressources du sous-sol et une main d'oeuvre bon marché. Mais, note le journal, l'étude montre aussi à quel point les forces sont inégalement réparties. Sur les 40 entreprises citées, 18 sont sud-africaines.

Fußball in Afrika
Image : DW/ Katrin Gänsler

A moins d'une semaine du coup d'envoi de la Coupe du monde de football en Afrique du sud, on parle aussi football dans la presse allemande. Par exemple dans un très long article de l'hebdomadaire Die Zeit sur le phénomène "Drogba" en Côte d'Ivoire. Comme footballeur, écrit le journal, Drogba doit apporter la gloire à la Côte d'Ivoire. Mais son pays attend encore beaucoup plus: il attend de l'argent, et la paix. Le magazine américain Time a récemment classé Didier Drogba parmi les 40 personnalités les plus influentes au monde - à côté de titulaires de prix Nobel, de grands patrons de l'économie et de chefs d'Etat. Il figure sur cette liste parce qu'il est beaucoup plus qu'un footballeur. Drogba est un mythe, ajoute die Zeit. Autre article, très long lui aussi, dans un autre hebdomadaire, à savoir Der Spiegel. Il est intitulé "la maison de l'espoir" et il porte sur le recrutement, en Afrique, par des Européens, d'enfants et d'adolescents qui plus tard joueront peut-être dans des clubs européens. Le Spiegel prend l'exemple du Mali en relatant l'histoire d'Amadou, 14 ans. Amadou se rappelle très bien comment c'était lorsqu'il y a un an il a entendu parler pour la première fois de l'homme blanc qui cherchait partout à Bamako des enfants qui étaient des as en football. L'homme, un Français, a organisé des tournois dans toute la ville. Sur 5 000 enfants, cinq ont été sélectionnés. Parmi eux: Amadou. Depuis le mois de septembre il fréquente à Bamako une école de football, appelée la "Maison bleue". Il s'entraîne sur une vraie pelouse, il reçoit trois repas par jour et il dort dans son propre lit. Une usine à rêves, souligne le journal, qui rappelle aussi que dans ce genre de business, les managers sérieux côtoient les vils trafiquants d'enfants.

Auteur: Marie-Ange Pioerron
Edition: Fréjus Quenum