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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

9 juillet 2010

Un drame s'est produit dans l'est de la République démocratique du Congo. Un camion citerne s'est renversé près d'Uvira, l'essence qu'il transportait a pris feu. Il y a eu 238 morts et des centaines de blessés.

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Pour la Tageszeitung de Berlin, cet accident montre une nouvelle fois à quel point les routes africaines sont meurtrières. Aucun continent au monde, écrit le journal, n'a si peu de voitures par rapport à sa population, ni autant de morts sur les routes. Plus de 100 000 Africains meurent chaque année dans des accicents de la circulation, et la tendance est à la hausse. La modernisation des routes est certes inscrite à tous les programmes de reconstruction et de réformes économiques en Afrique, poursuit le journal, mais les investissements dans la sécurité routière font défaut. Bien souvent même l'amélioration des routes se traduit par un accroissement du nombre d'accidents car elle incite à rouler plus vite. Les mesures de prudence évidentes, comme lever le pied de l'accélérateur dans les zones habitées ou ne pas s'assseoir au volant ivre-mort sont encore étrangères à trop d'automobilistes. D'autant que la plupart n'ont qu'une formation rudimentaire à la conduite automobile, voire pas de formation du tout. Pour ce qui est de l'accident de Sangé, près d'Uvira donc, la TAZ souligne que ce sont chaque jour des centaines de "bombes roulantes", des camions citernes donc remplis de carburant qui traversent les régions montagneuses, et densément peuplées, de l'Afrique des Grands Lacs. La région est entièrement tributaire d'importations de carburant qui sont régulièrement à l'origine d'accidents. Il est donc urgent, ajoute le journal, de développer des systèmes de transport et des approvisionnements énergétiques alternatifs. Comme le note de son coté la Süddeutsche Zeitung, dans beaucoup de pays africains la population, après ce genre d'accident, cherche à récupérer l'essence. Elle le paie souvent par la mort mais elle prend quand même le risque car elle est pauvre et avec l'essence elle peut faire de bonnes affaires.

Bundesentwicklungsminister Niebel im Kongo Afrika
Dirk Niebel dans l'est de la RDCImage : picture-alliance/ dpa

Autre sujet dans la presse allemande, il n'intéresse pas seulement l'Afrique, mais il la concerne quand même beaucoup: c'est la réforme de la politique allemande de coopération. Les trois grandes organisations publiques de développement vont fusionner pour donner naissance à la nouvelle Sociéte allemande pour la coopération internationale.Trois organisations sous le même toit - la GTZ,ou société pour la coopération technique, le DED, le service allemand de développement, et l'agence éducative Inwent. Trois égalent un, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui estime que la présence allemande dans les pays en développement est la plupart du temps moins impressionnante qu'effrayante. Chacune des trois institutions a dans bien des capitales son propre directeur. Dans la forêt de sigles que sont GTZ, DED, Inwent, on se perd facilement, poursuit notre confrère. D'autant que les ministères dans les pays pauvres ne doivent pas coopérer seulement avec les Allemands, mais avec de nombreux donateurs. Malgré la stagnation du budget de la coopération, la fusion des trois institutions pourrait se traduire par une plus-value. Que l'Allemagne, lit-on dans la Süddeutsche Zeitung, se présente à l'avenir dans les pays en développement avec un seul nom et une seule structure ne peut que faciliter la coopération avec les pays partenaires. Reste une question à laquelle Dirk Niebel - le ministre de la Coopération - n'a pas répondu, mais qui est pourtant décisive pour le succès ou l'échec de sa réforme: que vise-t-il en renforçant son ministère? Nombreux sont ceux qui craignent une plus grande intervention directe de son ministère, pour aider, non pas les pays en développement mais les exportations allemandes. Niebel doit dissiper ce soupçon. Sinon sa réforme ne serait qu'un instrument de clientèlisme libéral. (Le ministre de la Coopération est membre du parti libéral).

Kapstadt, Südafrika, Stadtansicht
Le CapImage : picture alliance/dpa

Ce n'est pas encore l'heure des bilans de la Coupe du monde, mais la presse allemande continue de faire découvrir à ses lecteurs différentes facettes de l'Afrique du sud. Par exemple la Tageszeitung avec un article sur la ville du Cap, plus précisément sur Bo-Kaap, le quartier musulman du Cap, peuplé de ceux qu'on appelle en Afrique du sud "les gens de couleur", c'est-à-dire ni blancs ni noirs. Il y a cinq semaines, écrit le journal, on aurait cherché en vain dans ce quartier des supporters de football et des maillots Bafana-Bafana. Les jeunes et les hommes ici aiment et pratiquent le rugby. Le football passe pour un sport de noirs. Et on ne veut pas avoir à faire avec eux. Les quelque 4 millions de "gens de couleur" de la province du Cap, explique le journal, sont des descendants des premiers colons blancs et d'autochtones noirs, mais aussi d'esclaves importés de Malaisie, d'Indonésie, de Madagascar et du Mozambique. Entre-temps la fièvre du football a saisi Bo-Kaap. A tel point, ajoute la TAZ, que le muezzin a rehaussé à coup de vuvuzela, la trompette des supporters sud-africains, l'appel à la prière du vendredi. Un autre article encore, toujours dans la TAZ, intitulé "le rêve de Nqobile". Nqobile a 16 ans. C'est un enfant des rues de Johannesburg. Depuis le début de la Coupe du monde il vit dans un foyer. Car c'est un fait, écrit le journal: les sans-abris, les mendiants et les enfants des rues ont disparu du centre des villes pendant la durée de la Coupe du monde. Certains camarades de Nqobile sont retournés à la rue, où la police les pourchasse. Pour Nqobile, qui rêve de devenir pilote, la fin de la Coupe du monde sonnera la fin du logement dans une vraie maison.

Auteur: Marie-Ange Pioerron
Edition: Fréjus Quenum