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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

23 juillet 2010

Cette semaine encore ce sont les attentats du 11 juillet dernier à Kampala qui retiennent d'abord l'attention des journaux allemands.

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Une victime américaineImage : picture-alliance/dpa

La capitale ougandaise, lit-on dans la Tageszeitung, est toujours en état d'alerte maximale. Des détecteurs de métaux ont été installés à l'entrée des supermarchés, des hôtels, des discothèques et des édifices gouvernementaux. Kampala est aussi envahie par des services secrets étrangers. Selon l'ambassade américaine en Ouganda, plus de 60 agents du FBI sont déjà arrivés pour aider les autorités ougandaises dans leur enquête. La police ougandaise arrête des suspects presque tous les jours, en majorité des étrangers. Plus personne, poursuit le journal, ne doute que les attentats sont l'oeuvre des islamistes somaliens Al-Shebbab. Mais ce qui inquiète encore plus les enquêteurs ougandais ce sont les possibles liens entre Al Shebbab, Al Qaida et les rebelles ougandais des ADF, les Forces démocratiques alliées. Un expert de l'ONU présent dans l'est du Congo le confirme, souligne le journal: des recrues de l'ADF venues de Kampala ont été entrainées récemment par des Somaliens. Une éventuelle coopération entre les trois organisations pourrait donner une nouvelle dimension au terrorisme en Afrique. Car l'est du Congo et les pays voisins grouillent de groupes rebelles qui connaissent suffisamment bien le terrain pour exécuter des attentats comme ceux de Kampala avec l'aide de groupes terroristes internationaux. L'hebdomadaire Der Spiegel voit le président ougandais Yoweri Museveni pris en tenailles entre Al-Shebbab et les rebelles des ADF, des rebelles qui auraient déjà fait exploser des bombes à Kampala, et qui au début recrutaient principalement dans une secte musulmane dogmatique, la communauté tabliq, dont les membres se sentent marginalisés par le président chrétien Yoweri Museveni. Museveni, note encore le Spiegel, dirige l'Ouganda depuis 24 ans d'une poigne de fer. Mais c'est aussi un allié fidèle des Etats-Unis, lesquels ont fermé les yeux sur toutes ses atteintes aux droits de l'homme et déficits démocratiques. Car l'Ouganda fournit pour les Etats-Unis un service politiquement ultra sensible en Somalie, un service de mercenariat .

Coltan Mischkristall der Mineralserie Columbit Tantalit und Erz
Image : cc-nando.quintana-sa

L'Afrique et ses ressources naturelles

Depuis quelque temps déjà le sujet fait couler de l'encre dans la presse allemande. Les journaux continuent cette semaine sur cette lancée. La Tageszeitung publie un article sur la réforme du marché financier aux Etats-Unis. Les 2 300 pages de la nouvelle loi comportent un passage qui concerne la République démocratique du Congo. A l'avenir toutes les entreprises qui font des affaires aux Etats-Unis devront rendre compte, chaque année, de l'origine des matières premieres minérales utilisées dans leurs produits. Si ces minerais sont originaires du Congo ou d'un pays voisin, elles devront apporter la preuve que ni la production, ni le transport, le commerce ou l'exportation de ces minerais n'a profité financièrement à un groupe armé. Sans surprise, note le journal, les ONG comme Global Witness applaudissent. Cela fait des années qu'elles attirent l'attention sur les liens entre le commerce de matières premières et le financement de belligérants en Afrique. Sur place la réaction est tout autre. John Kanyoni, le président de la fédération des négociants de minerais dans le Nord-kivu, a adressé une lettre de protestation à l'ambassade des Etats-Unis au Congo pour dénoncer un "embargo de fait", une action unilatérale du Congrès américain qui poussera les grandes sociétés d'électronique à ne plus rien acheter en Afrique.

Botswana Land und Leute Gaborone Sortierung von Diamanten
Image : J. Sorges

Les diamants de l'Afrique australe

L'hebdomadaire Die Zeit présente la seule et unique directrice d'une mine de diamants en Afrique du sud. Elle s'appelle Mpumi Zikalala, elle a 31 ans et elle est noire. Après ses études universitaires, relate le journal, elle est entrée chez De Beers, tout d'abord comme métallurgiste puis comme assistante technique de la direction au siège de la firme à Johannesburg. Elle a été la première noire à occuper un tel poste. Un de ses chefs a découvert ses qualités de gestionnaire et l'a envoyée à Kimberley, la plus vieille mine de la société. Depuis le début de l'année elle dirige la mine de Voorspoed. A l'autre bout de la chaine, chez les clients, les acheteurs de diamants, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung, ont toujours à craindre de favoriser des conditions de travail inhumaines et des atteintes aux droits de l'homme. En dépit de critiques massives à l'adresse du Zimbabwe, dont les militaires contrôlent la production de diamants à Marange, le Zimbabwe a reçu l'autorisation d'exporter des diamants bruts. Le Conseil mondial du diamant a décidé lors de sa dernière assemblée annuelle que le Zimbabwe pouvait exporter une petite quantité de diamants de Marange avec le label du processus de Kimberley. La décision est contestée, poursuit le journal. Pour la fédération mondiale des bourses de diamants c'est un bon signal, car cela montre que le secteur peut imposer avec le processus de Kimberley une norme minimale. D'autres s'indignent de voir que l'élite politique du Zimbabwe ait la possibilité, avec les diamants de Marange, d'utiliser des pierres extraites dans des conditions douteuses pour remplir ses caisses.

Symbolbild politische Spaltung im Sudan vor der Präsidentschaftswahl
Omar El BéchirImage : DW/AP

El-Béchir au Tchad

Enfin la presse allemande est relativement discrète sur la visite du président soudanais Omar El Béchir au Tchad. Malgré le mandat d'arrêt lancé contre lui par la Cour pénale internationale, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung, Béchir n'a évidemment pas été arrêté au Tchad. Le président tchadien Idriss Déby ne passe pas lui-même pour un modèle en matière de respect des droits de l'homme. Et le rapprochement entre les deux pays voisins pourrait contribuer à résoudre le conflit du Darfour. Le mandat d'arrêt contre Béchir, ajoute le journal, est une bonne chose. Son application en revanche peut être inopportune.

Auteur: Marie-Ange Pioerron
Edition: Fréjus Quenum