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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

30 juillet 2010

Cette semaine l'Afrique se concentre pour les journaux allemands dans les sables du Sahara. La presse publie beaucoup d'articles sur Al Qaida au Maghreb islamique après la mort de l'otage français Michel Germaneau

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L'armée mauritanienne dans le SaharaImage : Mohamed Mahmoud Aboumaaly

Comme à chaque fois qu'un otage occidental est tué, les plumes s'activent dans la presse européenne. Le Tagesspiegel de Berlin, comme d'autres journaux, rappelle que Michel Germaneau avait été enlevé en avril aux confins du Mali et du Niger. C'est le deuxième otage occidental tué par Al Qaida au Sahara, le premier ayant été le Britannique Edwin Dyer il y a 14 mois. Pour Aqmi, souligne le journal, les kidnappings sont une affaire lucrative. Ces dernières années, des dizaines d'Européens ont été enlevés, puis libérés contre le versement discret de millions de dollars. La Süddeutsche Zeitung écrit que Michel Germaneau a été tué le dimanche 25 juillet - probablement décapité. L'opération commando menée quelques jours auparavant par la France et la Mauritanie pour le libérer avait échoué, elle avait fait six morts chez les islamistes. Al Qaida au Maghreb islamique, note plus loin le journal, recrute principalement des Algériens, des Mauritaniens, des Libyens et des Nigérians. Elle se finance par l'extorsion de rançons et le racket des bandes de trafiquants de la région. Elle peut compter aussi sur un large appui au sein de la population et chez les dignitaires locaux. Les cartels colombiens de la drogue, note de son côté la Frankfurter Allgemeine Zeitung, et les islamistes radicaux semblent maintenant coopérer pour assurer, à destination de l'Europe, le transport de la cocaine à travers le Sahara. La Tageszeitung évoque les dissensions entre le Mali et la Mauritanie sur la conduite à adopter vis-à-vis des islamistes armés. La Mauritanie est pour la manière forte. Le Mali en revanche avait libéré en février dernier quatre islamistes emprisonnés en échange de la libération du Français Pierre Camatte. Dans le cas Germaneau la stratégie mauritanienne a échoué. Le Mali se sent conforté. La coopération transfrontalière contre les islamistes actifs dans la région devrait souffrir de cette querelle, poursuit le journal. Le 21 avril dernier pourtant, l'Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger ont inauguré à Tamanrasset, dans le sud de l'Algérie, un commandement militaire coinjoint. Maintenant, pour ce qui est de la mort de Michel Germaneau, le journal penche pour la thèse du meilleur ami du défunt, à savoir qu'il est mort peu de temps après son enlèvement, mais que ses ravisseurs ont voulu sauver la face en se servant de l'echec de l'opération commando.

Uganda Straßenszene in Kampala
Scène de rue à KampalaImage : AP

La presse allemande évoque aussi une curieuse affaire. Elle concerne l'Ouganda et l'Allemagne. Cette affaire est relatée par l'hebdomaire Der Spiegel sous le titre accrocheur "A minuit au palais". Il n'est pas fréquent, écrit le Spiegel, qu'un ambassadeur d'Allemagne fasse la une des journaux de son pays d'accueil. Reinhard Buchholz, 62 ans, représentant suprême de la République fédérale en Ouganda, a eu droit à cet honneur. Avec ses collègues britannique et américain il a fait la couverture de l'hebdomadaire "The Independent". Reinhard Buchholz, un vieux routier de l'Afrique, a aidé une firme allemande à décrocher un contrat de plusieurs millions, éliminant du même coup les Britanniques et les Américains. De quoi s'agit-il? Eh bien nous explique le journal, de la fourniture à l'Ouganda de cartes d'identité biométriques. C'est finalement la firme bavaroise Mühlbauer qui s'est imposée. Elle équipera tous les électeurs ougandais en cartes d'identité et encaissera pour cela 64 millions d'euros au moins. Cela fait des années, poursuit le journal, que l'on se dispute en Ouganda sur l'introduction de cartes d'identité. Mais soudainement le président Museveni en personne a donné l'ordre à son ministre de l'intérieur de confier le marché à la firme allemande. Peu avant la décision il y a eu une rencontre nocturne au palais présidentiel. Museveni a reçu l'ambassadeur allemand, le patron de la sociéte allemande Joseph Mühlbauer et le vice ministre ougandais de l'information. La rencontre a duré bien au-delà de minuit. L'ambassadeur a plaidé ouvertement pour la Bavière et a été prompt à donner un conseil pour accélérer les choses: pour les projets militaires et ceux relevant de la sécurité nationale, il n'y a pas forcément besoin, en Allemagne non plus, d'avis d'appel d'offre. Museveni a compris le clin d'oeil, ajoute le Spiegel. Il a été subitement question d'un "projet de la sécurité nationale" - intouchable pour le parlement, et les empêcheurs de tourner en rond.

Kinshasa Kongo
Kinshasa KongoImage : Alexander Göbel

C'est à Kinshasa, en République démocratique du Congo, que se trouve le seul orrchestre symphonique de toute l'Afrique centrale. La presse s'en fait l'écho.

Comme on peut le lire dans la Süddeutsche Zeitung, c'est un orchestre qui n'a vraiment pas la vie facile. Les musiciens doivent fabriquer eux-mêmes leurs instruments, car il est impossible d'en trouver à Kinshasa. Cet orchestre, il existe depuis maintenant 15 ans. Armand Diangienda, son fondateur et chef, dit aujourd'hui qu'il a eu de la chance de perdre autrefois son emploi de pilote. L'appareil qu'il pilotait habituellement s'est écrasé à un moment où il était en vacances. Il n'y a pas eu de survivant. Pour Diangienda une nouvelle vie a commencé. Avec une poignée d'amis il s'est lancé dans la création de l'orchestre, ce dernier compte aujourd'hui 200 musiciens. Pour le dixième anniversaire de l'orchestre, note notre confrère, Diangienda a eu l'idée de faire jouer la neuvième symphonie de Beethoven - avec le texte allemand. Et puis on apprend aussi dans l'article que tous les musiciens sont kimbanguistes - des adorateurs de Simon Kimbangu qui de son vivant prêchait l'égalité de droits entre noirs et blancs. Environ 10% des 65 millions de Congolais appartiennent à l'église kimbanguiste. Diangienda est un petit-fils de Kimbangu.

Auteur: Marie-Ange Pioerron
Edition: Fréjus Quenum