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Afropresse, ou une semaine de thèmes africains dans la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron22 août 2008

Nous commençons par une visite qui a soulevé la polémique – c’est la visite du président soudanais Omar El Béchir à Istanbul, où il a participé au sommet Turquie-Afrique.

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Le président Omar El- BéchirImage : AP Photo

Sourire jusqu’au mandat d’arrêt, titre la Süddeutsche Zeitung, qui note que la "crise El-Béchir", comme l’a appelée le journal turc Vatan, aura éclipsé les thèmes de ce sommet Turquie-Afrique prévu de longue date. A savoir la nouvelle politique étrangère d’une Turquie de plus en plus sûre d’elle-même. La redécouverte de l’Afrique comme fournisseur de pétrole et de matières premières. Le volume commercial, 13 milliards de dollars à l’heure actuelle, doit tripler en l’espace de deux ans, le nombre des ambassades turques en Afrique plus que doubler. Le Tagespiegel de Berlin en précise le nombre: pas moins de 19 ambassades turques seront ouvertes en Afrique. Pour la Tageszeitung, la visite à Istanbul du président soudanais, qui aura peut-être à répondre devant la Cour pénale internationale des crimes de son gouvernement au Darfour est plus un dommage collatéral que le résultat d’une politique turque active en Afrique. La Turquie, poursuit le journal, veut être élue comme membre non permanent au conseil de sécurité de l’ONU. Elle a besoin pour cela d’un maximum de voix africaines. Ankara est donc passé outre les réticences de ses alliés, y compris parce que le thème du Darfour ne joue pratiquement aucun rôle en Turquie et que les critiques contre Omar El-Béchir sont jugées exagérées dans la mesure où elles sont dirigées une fois de plus contre un pays musulman . Et un pays qui, comme l'a rappelé la Süddeutsche Zeitung, a fait partie autrefois de l'empire ottoman.

La protection de l’environnement en Afrique est également présente cette semaine dans la presse allemande. Elle est illustrée par l’exemple de la Sierra Leone.

La Sierra Leone où les forêts ont déjà beaucoup régressé. Alors, comme le relate la Tageszeitung, dans un village appelé "No2 River", non loin de Freetown, la forêt qui subsiste encore sur les collines environnantes est gardée maintenant par un groupe de jeunes. Abubakar Kamara, qui a une vingtaine d’années, en fait partie. Il y a quelques mois des fonctionnaires du gouvernement sont venus et ont proposé à des jeunes désoeuvrés de gagner un peu d’argent en surveillant la forêt. Leur travail: se poster par exemple à l’arrêt de bus , au bord de la piste rouge qui sépare le village de la forêt. Lorsque nous voyons quelque chose de suspect, raconte Abubakar, nous avertissons la police ou un "chef", entendez par là un responsable du service des eaux et forêts. La Sierra Leone a déjà interdit dans le passé le déboisement illégal. A présent ce sont les exportations de bois qui sont prohibées. Mais faute de moyens cela ne fonctionne que dans les deux parcs nationaux. Abubakar Kamara et ses villageois, poursuit la TAZ, oeuvrent activement à la protection de la forêt. Comme l'explique Abubakar, moins il y a d'arbres sur les collines, plus les tempêtes sur le village sont violentes, surtout à la saison des pluies. Un premier pas dans la bonne direction a déjà été fait: le charbon de bois pour la cuisine doit être acheté maintenant en ville, et non plus fabriqué dans la forêt, même si cela coûte un peu plus cher.

A lire aussi cette semaine dans la presse allemande: une réflexion en forme de bilan sur l’aide allemande au développement, notamment l’aide à l’Afrique.

Elle est signée Winfried Pinger qui a été de 1982 à 1998 porte-parole du groupe parlementaire chrétien-démocrate pour la politique de développement. Force est de reconnaître, lit-on sous sa plume, qu’un demi-siècle d’aide massive au développement n’a pas amélioré la situation des pauvres et des plus pauvres en Afrique. L’Afrique est riche en ressources humaines et naturelles. La masse de sa population vit pourtant dans une misère extrême. La politique de développement imposée "d’en haut" via des structures étatiques corrompues et inefficaces dans les pays en développement a échoué. Pire encore: nous avons encouragé des présidents, des régimes et des "élites" qui ne défendaient avec dureté que leurs propres intérêts et étaient indifférents au sort de leur peuple. Un changement s’impose, poursuit Winfried Pinger. Il implique que la coopération au développement se concentre sur les structures d’auto-assistance, sur les artisans, sur les petits paysans. La dignité humaine commande que tout être humain, toute société cherche en lui-même ou en elle-même la responsabilité de son développement.

Enfin la presse allemande se penche justement sur un partenariat qui, lui, sera peut-être gagnant-gagnant. Il concerne l’Allemagne et le Nigéria. Et il est résumé par ce titre de la Tageszeitung: "Gaz nigérian contre savoir-faire allemand". Un partenariat énergétique, explique le journal, a été signé mardi dernier à Abuja en présence du président YarAdua. Les Nigérians comptent sur l’aide de l’Allemagne pour améliorer leur approvisionnement en électricité. Les Allemands ont en la matière une bonne réputation. Siemens est certes tombé en discrédit à la fin de l'année dernière pour une affaire de corruption dans les télécoms nigériannes, mais pendant des décennies le groupe a construit au Nigéria des centrales thermiques qui fonctionnent encore. D'après le nouveau projet de partenariat, note le journal, une dizaine de centrales thermiques pourraient être construites. En échange le Nigéria fournirait du gaz naturel à l’Europe. Le groupe Eon Ruhrgas est déjà dans les starting-blocks.