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Afropresse

Sandrine Blanchard9 janvier 2004
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Cette semaine encore, force est de constater que peu de place est consacrée dans la presse allemande à l'actualité africaine, mais malgré tout, c'est une nouvelle fois la tageszeitung de Berlin qui s'intéresse le plus à l'Afrique. Commençons donc par un reportage de la tageszeitung. Un reportage sur l'immigration zimbabwéenne au Botswana. Le quotidien berlinois raconte l'histoire de deux jeunes filles, qui, voulant fuir les soldats et les gaz lacrymogènes du Zimbabwe ont été attirées comme beaucoup par la stabilité politique et économique du Botswana voisin. Mais leur vie clandestine est loin d'être facile. Les deux jeunes filles dénoncent les violences qu'elles subissent de la part des autorités : razzias, arrestations, emprisonnement en attendant leur expulsion. On estime à près de 120.000 le nombre d'immigrés illégaux Zimbabwéens au Botswana, tendance à la hausse. Il ne s'agit pas là de réfugiés, ils veulent tout bonnement travailler, gagner de l'argent. Et le quotidien explique que ça n'est pas la clôture construite à la frontière qui les empêche d'entrer dans le pays. La tageszeitung revient aussi sur les problèmes que causent l'exploitation pétrolière et la déforestation aux Pygmées du Cameroun, menacés à moyen terme de disparition. Et ce malgré la décision il y a quatre ans de transformer leur réserve de Campo Ma'an en parc naturel. Une tentative de protection renforcée par un plan d'action de l'Union européenne, contre la corruption et les trafics dans l'industrie du bois. Le journal souligne également que les enjeux du conflit entre l'Éthiopie et l'Erythrée pour les zones frontalières sont essentiellement des enjeux stratégiques, puisque la région concernée est désertique. Il y va en effet de la prépondérance militaire de chacun de ces deux pays, qui espèrent bien dominer la Corne de l'Afrique. Un conflit que cependant à la fois les Etats-unis, l'Union européenne, et les Nations Unies comptent bien se voir régler pacifiquement, par le dialogue. Sinon, à propos d'Addis-Abeba et de volonté de promouvoir la paix, la taz parle aussi de l'importance de l'année 2004 pour l'Union africaine. Une année charnière, le journal parle même d' « année du destin » , puisque après la formation d'un conseil de sécurité africain, l'UA prévoit la création de plusieurs institutions panafricaines et d'une force de maintien de la paix pour le continent. Le Spiegel, pour sa part, publie un article intitulé « Le retour au pays des Hutus », au Burundi. Burundi qui est d'ailleurs une ancienne colonie allemande. Il explique que, suite à l'accord entre Bujumbura et les FDD, 140 combattants Hutus stationnés en RDC ont enfin reposé les armes et sont rentrés chez eux, après 10 ans de guerre civile. L'hebdomadaire rappelle également que le Burundi est un pays à peine plus grand que le Land allemand du Mecklembourg, mais que la guerre civile, l'une des plus sanglante d'Afrique, a fait près de 300 000 morts. Quant à la Süddeutsche Zeitung, pour finir, elle évoque les méthodes peu scrupuleuses employées par le président algérien Abdelaziz Bouteflika pour mettre son grand rival, Ali Benflis, hors course avant les élections qui auront lieu au printemps. Et notamment l'interdiction faite à Benflis de se présenter sous les couleurs du FLN. Mais l'article de la Süddeutsche Zeitung qui a retenu le plus notre attention, c'est bien celui de la semaine dernière sur les dictateurs africains. De Daniel arap Moi au Kenya, à Frederick Chiluba en Zambie, en passant par Robert Mugabe au Zimbabwe ou Charles Taylor au Liberia, le quotidien munichois décrypte les pratiques autoritaires et surtout dénonce l'immunité garantie la majeure partie du temps aux despotes africains lorsqu'ils ne sont plus au pouvoir. D'ailleurs, souvent, explique le journal, la seule façon de parvenir à un changement de régime, c'est de leur promettre, en échange de leur démission, qu'ils n'auront pas à répondre de leurs actes, ni de leur corruption. Cependant, le vent tourne parfois - Chiluba a finalement été poursuivi en justice, la Cour internationale de La Haye commence à s'intéresser de près à Daniel Moi etc.- et la SZ estime que désormais, les dirigeants du Togo, de la Guinée équatoriale, de la Guinée, de l'Angola et de Congo-Brazzaville doivent commencer à se faire du mouron. Même si les despotes africains savent bien, concluent le journal, que quand ils n'agacent pas les Blancs, comme Robert Mugabe, et ne provoquent pas les Américains, comme Charles Taylor, en règle générale, la communauté internationale les laisse bien souvent couler une retraite tranquille, sans avoir même besoin, parfois, de partir en exil.